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2010 VII

AUN - Vii (2010)
Par ENLIL le 29 Mars 2011          Consultée 3084 fois

Important Records est un label remarquable, mais guère plus remarqué que cela. D'ACID MOTHERS TEMPLE à JOHN FAHEY, en passant par ÉLIANE RADIGUE, FRANCISCO LOPEZ et le fleuron de la scène noise américaine, ce ne sont pourtant pas les pépites qui manquent. Signer entre autre artistes le non moins remarquable (et méconnu) québécois AUN, et sortir ce "VII" constituent trois raisons qui, à elles seules, suffiraient presque à me faire ratifier un pacte de fidélité exclusive pour les 5 ans à venir ! A fortiori quand la sortie en question résonne d’une telle ampleur qu’il faudrait être sourd pour ne pas en prolonger l’écho (fût il affaibli et fort peu ponctuel).

Assénons une saine et salutaire platitude : ce disque n’est pas un disque. C’est un aérolithe, qui perdu dans sa course sillonne les mêmes gouffres ambigus (spatiaux ou chthoniens, on ne sait) que ses confrères d'EARTH, NADJA, SUNN O))), ainsi que des autres explorateurs de ces failles sonores texturés où grondent, submergent et fascinent les volatiles émanations d’un soleil souterrain. Ce nul part d’une pesanteur écrasante où d’arides et ardentes nuées déferlent, rayonnent, pulsent et propulsent d’une intensité toute rituelle le voyageur, aux rudes mais jouissives patterns d’une batterie ascensionnelle, tenue ici par Michel Langevin (VOIVOD).

Dès ce "Drainbow" non-rythmé, c’est avec délice que vous dérivez au sein d'une matière sonore brute, éruptive, généreusement gorgée en fuzz et en feedbacks, crachée potards dans le rouge, tout amplis dehors : une mer magmatique, dense et indifférenciée de guitares portées en fusion, sous-accordées jusqu'à embrasser l'informe (si elles ne sont pas désaccordées tout court), agitée de remous et de sereines trouées ambient. Comme si EARTH, qui se serait frotté à l'âcreté toute GODFLESH-ienne d'un "Pure", invitait les fugitifs reflets de BRIAN ENO à s'épanouir dans une fournaise de drones rentrant chaotiques en collision.
Ce creux fulminant se révèle être alors le théâtre de choses inouïes : miroitent, aux crêtes de ces déferlantes, des franges de synthés labiles, écument, à la suite de leur fracas, des boucles sonores indistinctes; les brouillards opaques, engendrés par la distorsion, se tordent en volutes délétères; les entames de riffs, en explosant, crépitent et étincellent, embrayages à l’acétylène dressant, de déflagrations en déflagrations d’énergie pure dont on peine à déterminer le début de la fin, un mur de son massif, enfumé, strié et transpercé de pointes rétroactives. Aucune complaisance ne ressort de tout cela, tant le propos déploie, par la suite, une palette de trouvailles sonores enthousiasmantes. Rien n’assomme ni n’assourdit, le format des 5 morceaux n'excédant que rarement les 9 minutes (et demi).

Martin Dumais n’abat donc pas la carte des morceaux-fleuves que l'on pourrait légitimement attendre, après tout, au regard du genre. Bien plutôt condense t'il (et transcende t'il) sa mixture d'un feeling Rock terriblement épique et psyché, tantôt sous la forme d’un riffing plus en retrait, lent et discernable, limite Shoegaze dans le rendu ("Broken Hill" rappelle "Loveless" de MY BLOODY VALENTINE), tantôt sous la forme de patterns judicieusement choisies, qui rythment notre ascension vers les confins pour mieux se durcir et tout emporter sur "Blackhole", tantôt sous la forme de solos qui, simultanément au rythme, émergent de la lave en ponts stellaires puis s’étiiiiiiirent grâce au super feedback de l'espace (ceux des énormissimes "Broken Hill", "Falcon" ou "Blackhole" qui se consument sans fin) et, ce faisant, propulsent le voyageur à dos de comètes dans le cosmos incandescent, là où les planètes se heurtent, ivres, en de cataclysmiques champs de force, et où ce dernier assiste, ahuri, aux explosions d’étoiles s’affaissant sur elles-mêmes, puis, aspiré par une colonie de trous noirs, se pulvérise délirant de bonheur aux touches iridescentes d'un synthétiseur remarquable de sobriété, de discrétion et d'à-propos tout le long de l'essai.
D'une construction de morceaux redoutablement simple, voire à peine esquissée, AUN parvient, ainsi, à en tirer le maximum d'effets, le maximum d'impact. Avec, pour résultat final, une beauté brute, distante, détachée de référents clairs, merveilleuse d'ambivalence et addictive au possible.

D'une orientation psychédélique aussi jouissive qu'accessible (dans son format) et riche, intègre (dans son contenu), ce "VII" représente donc un parfait compromis pour ceux-là même qui, sceptiques, souhaitent s’initier "doucement" au Drone sans en perdre la quintessentielle essence (hop, une redondance), pour ceux-là même qui, à tort ou à raison, considère le genre comme une vaste fumisterie (seconde redondance pour les méchants). A elle seule, la classe irréfutable de ce "VII" (à supposer que l'on puisse réfuter une musique) leur feront ravaler ce jugement hâtif. Pas besoin, donc, pour tutoyer les confins, de s'injecter dans les veines du liquide de refroidissement pour fusées : ce "VII" y pourvoira plus sûrement encore. Allez en paix.

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- Martin Dumais (basse sur 3, synthétiseurs, violon électrique)
- Thierry Gauthier (guitare, basse sur 3, cymbales sur4)
- Michel (awaylangevin)
- Scott Ryan (looped guitare sur3)


1. Drainbow
2. Broken Hill
3. Falcon
4. Blackhole
5. Untitled



             



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