Dans la sphère Rock, on ne peut pas vraiment dire que le Metal et le Punk soient super potes. C’est pas non plus la franche hostilité, mais leurs différences respectives les opposent telles deux frangins qui aiment bien se taper dessus. Le Punk milite, postillonne, se nourrit de la merde quotidienne - des factures impayées aux petites copines qu’on n’arrive pas à garder - et constate les sourcils froncés. Le Metal est quant à lui bien « au dessus » de tout cela : il imagine, sublime, exagère. Rêve d’être une Rock Star, un Serial Killer ou tout simplement un dragon. Tant dans la volonté, la philosophie que le but recherché ; Punk et Metal se situent aux antipodes. Et les amateurs de ces deux musiques ne sont pas tout à fait les mêmes.

Sans jouer non plus à la Bande de Gaza, le Thrash a tenté de concilier un peu les deux mondes en empruntant au Punk – entre autres - certains signes extérieurs (look « street » : jeans – basket – T-shirt), cette même volonté de faire passer des messages « sociaux » ou encore la culture de la prise directe – soit un Metal sans apparat, intense, court et qui tortille pas du cul pour chier droit. Cependant, le Thrash n’est pas non plus ce chainon manquant entre le Punk et le Metal. Je pourrais essayer de vous le faire croire, mais ce serait pas honnête de ma part. Le Thrash est avant tout un genre « Metal », si peu crossover. Preuve en est, même ces qualités « punk » - évoqués plus haut - ne se retrouvent que de façon éparse dans les œillades franches qu’ont pu lancer METALLICA, SLAYER ou encore SODOM (1).

Donc le Thrash-Punk, par définition, c’est une carabistouille.

Cependant, dans ce registre qui n’existe pas, je vous pousse du bout des doigts ce "Burned Alive", l’unique album de MAYHEM qui n’a rien à voir avec le groupe de Black qui pue. Du cul. Non, là il s’agit du groupe US dont je vous cause – inconnu au bataillon ou presque – et qui est un bon exemple de ce que le Thrash peut avoir de « Punky » (Brewster - je sors) (2).

Sorti de cette affiliation bâtarde et son côté « garage » attachant, ce joyeux bordel ne présente malheureusement aucun intérêt. C’est juste inutile et bruyant, balancé en travers dans la tronche dans la joie, la bonne humeur et la médiocrité. Cela a beau commencer comme une mauvaise parodie de "Angel Of Death" de vous-savez-qui (avec le même cri « arayesque ») ; rapidement on prend la mesure de la chose. MAYHEM déboule certes, mais « inoffensivement » tel un pétard mouillé et sans le côté dérangeant du groupe hommagé. Un premier titre d’une absolue rapidité mais vain, sympathique mais oubliable. Le reste de l’album est du même acabit : un Thrash mâtiné de Punk ultra véloce, hurlé sans prétention à la limite de la caricature et du chaos.

On a tendance à mésestimer le talent qu’il faut pour arriver à pondre un couplet assassin qui se grave instantanément et à jamais dans le ciboulot, à tout dire avec un bête riff de deux accords. Le Punk ne brille que par cette efficience, celle du « peu » qui dit « tout ». Faire quelque chose de simple, mais de parfaitement articulée. A défaut, le résultat est souvent insipide. Insipide comme ce "Burned Alive" qui rate presque tout en 10 exemplaires, mais qui n’en reste pas moins sympathique. Toute l’ambigüité de ce Thrash qui se croirait un peu Punk, en somme.


Note : 2/5 (pour l’originalité du positionnement en 1987)


Morceau préféré : "Burned Alive"
C’est pénible : "6 is 9"



(1) Avec respectivement "Garage Inc", "Undisputed Attitude" et "Get What You Deserve".
(2) Il n’est pas question d’un Punk « Thrashy » non plus. Attention, ne me faîtes pas dire ce que je n’ai pas dit.