L’avantage avec ce type d’album, c’est qu’il fait le vide autour de lui. Dès le premier titre, en moins d’une minute. L’album s’ouvre sur l’éponyme et "Human Sacrifice" déchire le paysage, crée d’emblée le chaos. Les guitares sont hystériques, les riffs crapotent sur des lignes de chant atroces. N’importe quelle personne « saine d’esprit » prendra ses jambes à son coup et ne poussera pas le vice à dépasser cet horrible liminaire, tant il est ici question de mauvais gout flagrant, de médiocrité régressive. En apparence. Comme pour dégouter tout à chacun. Cette nullité effrontée fait donc le ménage. Reste donc les autres : ceux qui par habitude ou entêtement vont au bout du bout, ne s’arrêtent pas aux premières impressions désagréables, ceux qui abordent un genre musical dans son absolue complétude « pour le meilleur mais surtout pour le pire ».

Donc si vous lisez cette chronique et que vous comprenez un traître mot de ce que je raconte, c’est que nous sommes « entre nous » : une bande de dingues, les monomaniaques, les passionnés catégorie « enculeurs de mouche » et autre adeptes du « Think different = Think against the world ». Pour une fois, l’immense majorité des « normaux » aura tort, car elle passe selon moi à côté d’un foutu bon album de Thrash bien « underground » comme il se doit. Mais comme l’immense majorité des « normaux » préfèrent se dandiner sur du MADONNA, nous dirons sobrement que le mal est moindre et que « tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles » comme le disait PANGLOSS.

Dès lors deux options : soit vous connaissez "Human Sacrifice", soit vous vous apprêtez déjà à l’aimer. Dans tous les cas, nous allons faire partie du même « clan », une élite de nuls qui se comprennent entre eux. Donc que le reste de ma chronique soit une diatribe acerbe contre la « normalité » ou bien un dithyrambe bourré de références pointues et autres clin d’œil pour public averti : peu importe car il est écrit que vous allez aimer très fort cet album (si vous ne l’aimez pas déjà implacablement).

Aussi pourrais-je vous dire que "Human Sacrifice" pue le SADUS et le NUCLEAR ASSAULT à plein nez, que sa violence est « slayerienne » au point de toucher les confins les plus extrêmes. J’aurais pu y aller comme ça. Mais je pourrais aussi vous parler des effluves infernales qui s’exhalent de cet album qui n’ont d’égale que l’intensité haineuse que déploie VENGEANCE RISING. Je vous parlerais aussi de la nécessaire puissance que dégage un groupe quand il aime à vociférer sa rage avec autant de conviction.

Et je vais prendre la tangente.

VENGEANCE RISING fait du Thrash qui ne rigole pas, fondamentalement limité. Mais sa véritable force réside dans cette articulation entre le tempo et la solennité du riff. VENGEANCE RISING joue de la rythmique avec ses gros bras, fait rebondir tout cela sur son chanteur vociférant – souvent proche de l’imprécation (1). Quelques parties de grattes bien senties pour assaisonner le tout et le cocktail « général » a quelque chose de simplement irrésistible pour tout amateur de Thrash rugueux, vu que le groupe place le débat sur un plan aussi furieux qu’animal, aussi viscéral que dévastateur. On pense alors à OVERKILL ou à SODOM, sans le côté entraînant du premier ni la rigueur du second, mais l’esprit est là. En pire, en plus violent, en plus saignant.

Puis, il y a quelques fulgurances et des ratés qui viennent donner un peu de relief à l’album. Un peu de débilité aussi ("Receive Him"). Treize titres pour une expérience assez unique, si typique au genre mais si précieuse aussi, à l’image de cette instrumentale ("Ascension") sortie de nulle part. "Human Sacrifice" contient de véritables perles, des morceaux de bravoure (comme sur "White Throne"), de l’audace sur "Mulligan Stew" et "I Love Hating Evil". Et "Burn" devrait mettre tout le monde d’accord, tant le titre est parfait dans le genre « Thrash qui pique ».


Bref, un album qui se délecte dans l’incompréhension générale. Un album à chérir dans l’opposition. Du Thrash dans son acceptation la plus « manowarienne » : seul contre tous, les riffs entre les dents et le poing levé.


Note : 4/5
(j’aurais bien mis 3,99/5 juste pour ne pas trop aiguiller de lecteurs vers cette chose, mais ce serait pas sérieux et je me serais encore fait engueuler par les admins)


Morceau préféré : "Burn"



(1) J’ai parfois pensé à "Legion" de MARDUK sur certains couplets, ce qui est un "comble" vu que le groupe s'est longtemps réclamé "chrétien" dans son approche.