Note de l'auteur : si mon exemplaire annonce bien 10 morceaux, mes différents lecteurs n'en affichent que 9... Mes citations pourraient s'en trouver décaler... VDM tiens...

SILENT STREAM OF GODLESS ELEGY est le genre de combo dont le nom marque !
Pourtant, avec un nom comme celui-ci, on se se souvient d’emblée l'avoir déjà rencontré ! Ce qui n'est pas mon cas, il faut bien le reconnaître dans le cas présent.
Originaire de république tchèque, SSOGE n'est pas du tout novice sur la scène Folk, bien au contraire : formé en 1995, le groupe nous propose en ce début d'année son sixième effort dans un genre bien particulier, à savoir celui du Folk Doom ! On est toutefois bien loin de groupes comme ELUVEITIE ou KORPIKLAANI pour ne citer que ces références Folk.
Si le Metal donne un aspect plus sombre et puissant à la musique de SSOGE, il faut tout de suite préciser que ce sont les voix claires et féminines, le violon et les ambiances suaves qui ont la part belle sur ce "Návaz". A ce propos, le chant est tiré de la langue maternelle de nos musiciens, ce qui aura le loisir de nous faire voyager dans l'Europe de l'Est vers des dialectes peu usités ! Une expérience agréable, en rien dérangeante. Le chant féminin vient parfaitement se marier avec son homologue masculin, plus dark, plus gothique dans son approche.
Proche de l'unisson ou quasi à capella ("Zlatohlav"), les chœurs sont d'un très belle effet.

Les riffs de guitares, doomesque, viennent densifier et assombrir un horizon presque pétillant, voire aérien ("Pramen Co Vi"). Un sorte d'appel au voyage, dans une lande aux espèces herbacées minimalistes. Une succession écologique chatoyant, apaisant qui penche très fortement du côté Folk : le violon et le violoncelle règnent quasiment en maître sur la région ("Sudice" en point d'orgue).

On ferme les yeux... Vous partez pour les terres moraviennes.

"Návaz" et son titre éponyme ouvre la voie à base de rythmique saccadé, soudainement breaké par un chant plus "growlé" (très léger). On se laisse bercer par le côté "valse" d'un "Mokos" ou "Skryi Hlavu Do Dlani" puis par les quelques notes au piano d'un épique "Zlatohlav" (plus de 7 minutes) qui laisse percer quelques harmoniques artificielles à la six cordes.
Ponctuellement, l'aspect Doom devient particulièrement absent pour nous offrir des tracks enjouées, avec un aspect plus symphonique ("Prisaham" ou "Slava" car mon lecteur est incapable de m'afficher les dix pistes annoncées) et sautillant.
Même la basse et la batterie savent densifier l'ensemble, proposant même une cavalcade introductive ("Dva Stiny Mam")...

Le voyage exotique sur des terrains lointains et méconnus est particulièrement chaleureux et loin d'être déroutant pour toute personne un temps soit peu ouverte d'esprit. Il faut bien avouer être loin des rivages du Metal au sens général du terme. De toute façon cet artwork dans les ton gris/vert ne laissait pas trop planer le doute !

Il n'en demeure pas moins que certains titres (les plus longs) s'éternisent et auraient bien mérité un léger écrémage, histoire de les rendre un poil plus digeste et parfois moins redondant. Sans aucun doute le principal reproche que l'on est en droit de formuler à l'issue de nombreuses écoutes attentives et apaisantes de ce "Návaz".

SILENT STREAM OF GODLESS ELEGY, en signant chez les prestigieux Season Of Mist, donne un second souffle à sa carrière.
Comme à son habitude, le label français nous gratifie d'une production et d'un son à toutes épreuves qui ne sauraient être pris à défaut.
Nos amis tchèques nous délivrent ainsi sans doute 48 minutes de douceurs dans un monde de brutes, bourrées ras la gueule d'authenticité et de mysticisme.

Un album, vous serez prévenus, calme et apaisant, aux voies réjouissantes qui, finalement, est agréable... Déjà pas mal me direz-vous...