Si PYOGENESIS n’a jamais soulevé les foules, nous devons bien reconnaître la persévérance qu’il a eu à enfanter régulièrement des galettes guère passionnantes. Ce combo Allemand a évolué d’une manière assez étrange. En effet, d’un DOOM DEATH caverneux, il passera par le Metal Gothique puis le Hardcore Mélodique, le tout sans aucune honte mais surtout sans grand talent.

Après des maxis confidentiels et l’obscur EP "Ignis Creatio" (1992) qui lorgnait maladroitement sur le premier MY DYING BRIDE, nos artistes pondent le méphitique "Sweet X Rated Nothings" puis ce "Waves Of Erotasia" qui marque de nets changements. Le collectif aère sa musique en proposant diverses influences provenant notamment du TIAMAT période "The Astral Sleep" (1991). Eh oui, nos amis aiment prendre leur petit panier et faire leur marché un peu partout, avouez que cette méthode est bien pratique. Afin de planter le décor plus précisément pour les retardataires, nous citerons quelques albums qui nagent dans le même tonneau poisseux.
En vrac les seconds couteaux : CEMETARY "Godless Beauty" (1993), SIRRAH "Acme" (1996), LAKE OF TEARS "Greater Art" (1994) ou encore HEAVENWOOD "Diva" (1996)…
Tout cela est bien mignon, mais vous conviendrez que dans le cas de PYOGENESIS, le niveau est beaucoup plus bas que les groupes cités. On se rapprocherait plus volontiers des débuts clopinant de DARKSEED.
La vache quelle culture musicale, je m’étonne chaque jour.

La formation évolue donc en agrémentant son Doom Death bancal d’un Metal Gothique pompier et affreusement immature. Si la production est acceptable et le chant Death correct, on pourrait reprocher tellement d’autres choses à nos musiciens que l’on se contentera du minimum.
Le dynamique mid- tempo "Through The Flames" fait toutefois office de meilleur morceau sur cette rondelle. Son riff sympathique à défaut d’être transcendant, nous accompagnera jusqu’au refrain entrainant qui mixe les voix Death et claire avec un bonheur furtif. Toutefois pas de quoi grimper sur mamie, même si un solo plaisant se rappellera à notre souvenir. Précisons que cette chanson figurait sur l'album "Sweet X Rated Nothings" dans une version beaucoup moins convaincante. "In The End" renoue avec un Doom classique sans pour autant interpeller outre mesure.
Une accélération mélodique souveraine nous tirera un soupçon de satisfaction. Malheureusement, ce n’est pas ce break electro incongru et laid qui nous séduira, ni cette voix féminine déclamée lors du pré-refrain. Ce dernier point nous rappelle d’ailleurs les ambiances des Suisses de SADNESS, mais ici le charme n’opèrera jamais.

Malgré ses efforts, PYOGENESIS s‘enlise dans le marécage le plus inhospitalier. Sa démarche n’est pas seulement opportuniste, elle est également souvent irritante.
Plus le disque avance, plus l’inspiration déjà vacillante s’étiole.
À ce titre, on constatera que le lent "Down" avec ses violons tristounets ainsi que ses vocaux pleurés typés CELTIC FROST, dégage autant d’émotion qu’un banc de maquereaux.
Mais le pompon revient ici à l’acoustique "lost In Revery" qui, grâce à la fausseté alarmante de son chant clair aura raison de notre volonté. Il faut dire qu’au lieu de chausser des souliers de verre, PYOGENESIS utilise plutôt des bottes en caoutchouc qui font puer des pieds.

Je vous dirais en sus que nos teutons ne seront pas assez finauds pour gommer tous leurs défauts dans l’avenir.
Finalement, le nostalgique du style trouvera sans doute un faible intérêt dans cette œuvre embarrassante, juste avant de la remiser sans remord au fond du grenier.