OCTOBER FALLS a eu l’élan contraire d’un EMPYRIUM, commençant dans le folk acoustique, puis s’orientant peu à peu vers un métal vaporeux, mélodique et nostalgique. Cependant, si "Marras" était un essai remarquable (quoique pas tout à fait à la hauteur d’un "Weiland"), ce qui s’en suivit manqua réellement de personnalité, ou du moins d’un souffle nouveau.

"A Collapse Of Faith" suit donc un chemin presque tout tracé depuis que OCTOBER FALLS a opté pour la distorsion, se composant de deux longs actes métalliques et un troisième plus court, qui s’incrustent dans cette petite faille qu’il y a en commun entre le Doom, le Black et le métal gothique, rendant nos critères de classification relativement inutiles. Pas d’une originalité fracassante, M. Lehto, seul véritable maître d’œuvre, nous montre une nouvelle fois qu’il sait composer avec finesse et nous donner un sens du merveilleux, bâtir sa mélancolie avec tact et finesse.

Le premier acte nous étonnera par son homogénéité, sa continuité presque obsessive, sa répétitivité pourtant pas si rébarbative (loin de là). Le second insiste davantage sur la partie folk, malheureusement encore trop peu mise en avant (un album véritablement à mi-chemin entre folk et metal aurait sans doute ramené au groupe ses premiers fans), et un piano final nous tirera les larmes, après un vent d’un métal mélodique qui semblait naturellement amener vers cette pureté émotionnelle, trop rarement atteinte dans l’album.

On pense aux couleurs estivales, presque rassurantes d’un IN THE WOODS, la complexité progressive en moins accentuée, sans doute aussi moins géniale, mais OCTOBER FALLS a une atmosphère de fin de journée, à aucun moment ne paraît trop sombre, trop nocturne ou même foncièrement dépressif. Automnal pour sûr, et souvent bien trop proche de tous les groupes qui ont été qualifiés comme tels (ESTATIC FEAR, AGALLOCH, NOVEMBERS DOOM en ligne de mire), OCTOBER FALLS parvient à toucher dans sa maîtrise aguerrie d’une mélodie touchante, et d’une composition à l’étiré nous donnant toujours l’impression d’une unité globale, simple. Une production un peu banale et sans prise de risque, marchant dans les traces de son confrère AMORPHIS (et d'une bonne poignée de groupes finlandais), empêchera peut-être une complète adhérence à l'œuvre, comme l'originalité du son y est de plus en plus pour quelque chose pour départager un bon et un mauvais album.

De plus, en laissant l’atour folk en arrière, il nous reste toujours et encore cette impression qu’OCTOBER FALLS, en se refusant de créer une vraie osmose entre ses deux genres de prédilections (ou du moins, en ne parvenant guère à le faire), pourrait avoir la superbe des groupes cités en haut. Un groupe avec un fort potentiel, en tout cas.