Assez fatalement, "To Live Again And Dominate", pâtit quelque peu de la comparaison avec son successeur direct. Et pourtant. Pourtant, PREVALENT RESISTANCE, discrète formation originaire de Finlande, n’a fait, sur son dernier effort, que perfectionner ce qui -déjà !- était en germe antérieurement : la formule, rigoureusement identique quoique rigoureusement réussie, du minimalisme true Black ; ce même sens de la composition aménageant de salutaires montées en puissance, entrecoupées de mids catchy ; cette même pureté acerbe, enfin, aux accents guerriers, orgueilleuse fierté affleurant à même ce savoir-faire indubitable, cette maîtrise ferme et sûre de la forme. Écoutez donc "Striving For Command" ou "Forever The Pale Flame Burns" pour voir, où l’on a même droit à de sympathiques gimmicks (booueuuuaargh, greeuh, iaaaaaargh et autres joyeuses éructations).

La critique n’est pas simple ; si l’affiliation à l’héritage DARKTHRONien demeure évidente et pleinement assumée, PREVALENT RESISTANCE « nuance » le propos (toute proportion gardée) en modulant, à même une frontalité misanthrope, une tonalité aussi bien nostalgique qu’épique, singulière en ce que ces charges, pied au plancher et variées à la batterie, aboutissent en lancinances gonflant le cœur. Entendons-nous bien : par "épique", il n’est évidemment pas question d’exubérance pagan, soutenue à grand renfort de claviers (systématiquement mal utilisés), ni même de la répétition ad nauseam et sans nulle variation d’un seul thema mélo, mais bien de ce souffle si vigoureux propre au riffing et au dynamisme d’ensemble, remuant les cendres et le souffre traditionnels des années 90. Au pays de la tru-itude, seul le riffing domine.

Et pourtant, une objection subsiste : si l’allure bien faite de ce corps n’a rien à envier avec celle, rachitique et maladive, d’autres tortionnaires aux hautes fréquences, il n’en reste pas moins que les épaules, moins larges, interdisent au propos de se soulever aux cimes, de prendre véritablement une ampleur dont "Eternal Return" jouira ostensiblement, et cela, en dépit d’une vigueur plus qu’honorable, inscrite à même un muscle bandé aux saillies qui font plaisir à voir. Souffreteux mais solide, roide quoique prodigue en variations aérant un propos concis sans être insuffisant, d’une colère soutenue aux pointes languissantes : non vraiment, il y a fort peu à redire sur le BM de PREVALENT RESISTANCE.

Tout au plus ici, l’oreille avisée reconnaîtra certaines baisses de régime, certains tronçons de route traînant un peu la patte, qu’un coup de manettes inopiné viendra immédiatement rehausser : les déclinaisons un poil moins inspirées de "Burning Insemination" peinent à captiver, heureusement rattrapées par le morceau suivant, aux accélérations irrésistibles et aux motifs de basse appréciables. Il est vrai, aussi, que l'ensemble ne s'embarrasse guère de finesse, et les transitions, aussi carrées et bien mises en place soient-elles, n’atteignent pas la fluidité du petit dernier. Mais c’est fort peu de choses, au regard de ce que PREVALENT RESISTANCE propose : un true Black décent et plus qu’honorable, fait assez rare pour être valorisé, produit par le label local Nikta.