Au moment d'entrer dans les 90's, le mouvement hard FM semble avoir quelque peu perdu de sa superbe avec le temps. Certes, il y avait encore quelques bons, voire très bons albums à se mettre sous la dent, mais la recette était archi-prévisible et les innovations se faisaient rares (voire inexistantes) dans le genre. Dans ce contexte, on pouvait légitimement penser ce qu'un énième combo, ou plutôt super-groupe comme THE STORM, formé de 3 membres de JOURNEY (Gregg Rollie, Steve Smith et Ross Valory), du guitariste Josh Ramos (ex-LE MANS, futur-HARDLINE, entre autres) et du chanteur Kevin Chalfant, pouvait apporter de plus, de neuf au hard FM.

La réponse est claire: un album de plus. Pour ce qui est de l'innovation, en revanche, mieux vaut passer son chemin. D'ailleurs, la production signée Beau Hill, ainsi que les titres de l'album (voir la track-list) annoncent clairement la couleur: THE STORM propose un hard FM de facture très classique et sans surprise. Le titre d'ouverture, le mid-tempo "You Keep Me Waiting", a d'ailleurs du mal à convaincre car la formule a déjà été utilisée à maintes reprises: quand on entend la voix, les arrangements, on est en terrain archi-connu (5 ou 6 ans plus tôt, ça aurait pu le faire). Au beau milieu de toutes les productions qui sortaient à l'époque, il était donc bien difficile pour ce quintette de relever le défi de taper des gros scores de ventes.

Ceci dit, THE STORM est tout de même parvenu à accoucher d'un hit sur cet album avec "I've Got A Lot To Learn About Love": son refrain est imparable et si on est en présence d'un mid-tempo de facture classique, il est redoutable d'efficacité et il faudrait être de mauvaise foi pour nier son côté tubesque. A titre informatif, cette chanson s'est tout de même classée 26ème des hits parade de l'époque aux USA.

En dehors de ce tube, cet album contient quelques titres qui valent le détour tels que "In The Raw", une compo hard/pop accrocheuse, catchy mise en valeur par des guitares un peu plus rudes et un refrain qui la transcende comme il se doit, l'impeccable "I Want You Back" qui incarne vraiment l'idée qu'on se fait d'une compo hard FM de haute volée, dans toute sa splendeur et sans faille (d'ailleurs, d'un point de vue personnel, je considère ce titre comme étant supérieur à "I've Got A Lot To Learn About Love") ou encore des tueries big-rock comme "Touch And Go", chaleureux et groovy à souhait et terriblement contagieux, et "Gimme Love", avec guitares acérées et gros choeurs en avant, qui sont de purs moments jouissifs de Hard US et donnent furieusement envie de taper du pied. Ce sont principalement les temps forts de l'album.

Il est néanmoins dommage que ce premier essai discographique de THE STORM soit entâché d'un trop-plein de ballades, pour la plupart inutiles. "Show Me The Way", dans le genre, est vraiment un titre trop téléphoné, trop prévisible, trop facile d'accès et donne l'impression que le groupe cherche à atteindre le succès facile. "Still Loving You", qui n'a absolument aucun rapport avec le fameux tube planétaire de SCORPIONS, est d'une mièvrerie affligeante et trop mou du genou. Enfin, "Can't Live Without Love" est soporifique et termine mal l'album, même si le refrain n'est pas trop mal foutu.

D'une façon générale, on peut dire que si les mélodies sont très soignées, si l'ensemble est assez bien fait, l'ensemble est un peu trop linéaire, quasiment tout le temps sur le même rythme et on peut regretter que le disque ne soit pas un peu plus varié. On aurait aimé un peu plus d'audace, de prise de risque. Pour un premier album, THE STORM a donc offert du très bon, plus quelques fillers (quelques ballades en moins auraient probablement rendu l'album plus efficace).