Je suis partagé : d’un côté, voici la seule possibilité pour moi d’acquérir un support moderne - fini les cassettes à double face - qui me permet d’écouter enfin les démos légendaires de 1985, "Infernal Death", et celle de 1986, "Mutilation". Mais en plus, les maquettes audio de ce qu’aurait dû être le deuxième CONTROL DENIED, dernier projet musical du Monsieur… du moins, quatre morceaux quasi complets. Il manque le chant et donc, un mixage final !

D’un autre côté, voulant respecter la mémoire d’un guitariste monstrueusement doué, j’ai mis énormément de temps à me décider. Il faut savoir qu’une bataille juridique pour les droits d’auteur sont venus ternir la sortie de ces compilations "Zero Tolerance" I et II. Alors quelle position adopter, me demanderez-vous ?

Je pense avoir continué d’honorer la mémoire de Chuck Schuldiner en écoutant ses travaux tout en respectant le fait que c’est son œuvre que nous sommes en droit de (re-)découvrir parce que nous aimons son travail… délaissant ainsi la distribution « malheureuse » sur le marché. Je conçois que certains d’entre vous trouveraient ma démarche scandaleuse et je les respecte aussi. Néanmoins, ceux qui veulent aller plus loin, voici ma chronique :

Les quatre premières plages auditives sont instrumentales, sans titre et pour cause, ce sont les bases du prochain album de Mister MANTAS sous son approche la plus progressive. En fait, dans la lignée du CONTROL DENIED - musique à la DEATH et chant heavy - ces morceaux sont très complexes et très évolutifs ; beaucoup de changements et de tempo. Ce qui est dingue, c’est que cela à l’air d’être pratiquement complet. Les parties vocales ne nous manquent pas vraiment car les instruments comblent l’espace sonore d’une foule d’idées, riches en rebondissements. C’est bien simple, Chuck aurait pu sortir - avec un peu plus de soli percutants peut-être - cet album, avec disons le double de compositions de cette trempe, tel quel !

Comme si les derniers albums de DEATH s’aéraient en progressant vers, non pas une simplification dans les rythmiques - ce serait mal connaître notre gaillard - mais plutôt dans le sens où cette musique donne de plus en plus de relief que nous en sommes pratiquement sous le charme instantanément… Il se pourrait que quelques images se développent dans votre esprit à son audition.

Le "Track 4" est différent. Plus atmosphérique que d’habitude, l’intro évoque un sentiment de flottement ; nous sommes en attente, un peu comme si nous savions que le prochain crépuscule allait plomber l’ambiance d‘une manière définitive. Oui, il se savait condamné et cela nous fait d’autant plus mal en sachant que cela devait être probablement son dernier enregistrement… Oh mais, avant d’en arriver là, Monsieur Schuldiner va nous régaler une dernière fois avec des riffs percutants, progressifs et vachement bien foutus ! L’essentiel pour certains d’entre vous, mwouais…

La seconde partie nous donne en pâture les deux premières démos dont sont issus quatre morceaux sur les six - répartis sur "Infernal Death" et "Mutilation" qui seront ré-enregistrés pour le premier album de DEATH. Seuls les titres "Archangel" et "Land Of No Return" n’y figureront pas. De facture égale aux autres compositions mais qui ont dû faire place à de nouveaux morceaux. Question de choix, m’est avis.

Le son est pourri. Néanmoins, connaissant la plupart des titres, vous vous surprendrez à écouter attentivement s'il y a des versions différentes de certains passages - ou non - qui se retrouveront avec un son digne de la qualité prestée sur le monstrueusement puissant premier album historique "Scream Bloody Gore" ! Cherchez bien…

Personnellement, j’aime aller rechercher des « vieilleries ». Parce qu’à cette époque, soit je n’avais pas eu accès aux enregistrements soit parce que je m’intéressais à d’autres groupes et donc, ma passion essaye de rattraper le temps en voyageant dans le passé. Pas forcément par nostalgie mais vraiment pour me dire, allez, maintenant, tu vois à quel point Chuck Schuldiner était déjà à la pointe d’un art dont la qualité en fera LE meneur à l’aube de ses 18 ans…

Ton travail nous manque terriblement, mec ! Alors, encore merci pour ceux que tu as eu la bonne idée d’enregistrer à notre intention afin que ton art vive éternellement.