"Avec de nombreuses bières, du Thrash, un moment très agréable".
Voilà comment Nick, principal fondateur de SUICIDAL ANGELS, décrit une répétition du groupe grec. Aussi simple que ça, c’est presque ce qu’on pourrait également dire de la musique présente sur ce "Sanctify The Darkness" : avec de nombreux riffs, du solo… un moment très agréable.

Ils ne cherchent eux-mêmes pas à le nier d’ailleurs, SUICIDAL ANGELS n’aspire pas à autre chose que jouer du Thrash old school très influencé par SLAYER et les représentants de l’âge d’or du Thrash américain. Même s’il se réclame d’une certaine personnalité justement issue de sa spontanéité pure.

Et donc du coup, ça donne quoi le Thrash de l’âge d'or remis au goût du jour ? Des morceaux qui vont droit à l’essentiel, constitués de riffs typiques entendus mille fois auparavant et ponctués de mélodies simples, directes et accrocheuses.

Voici donc la recette utilisée, dans l’esprit de celle pour les crêpes qu’on trouve sur le premier lien Google venu : de bons vieux riffs saccadés ponctués de deux-trois notes aiguës formant vaguement une mélodie menaçante pour rehausser le côté violent et chaotique, puis des soli confinant la plupart du temps au n’importe quoi improvisé, histoire de balancer une sauce maison très relevée et piquante.
Le tout est appliqué à la lettre sur chaque morceau et c’est même badigeonné avec tant de sérieux qu’on aboutit à un tout à l’homogénéité quasi parfaite, voire confondante.

Surtout que ce mélange usé jusqu’à la corde fonctionne finalement assez bien, la spontanéité et la sincérité de SUICIDAL ANGELS transpirant réellement de ce disque, premier album du groupe chez les grands pontes de Nuclear Blast, qui ne manquera pas de les propulser sur le devant de la scène après des débuts plus confidentiels mais très encourageants, le groupe semblant faire l’unanimité en live.
Car c’est avant tout en live que le Thrash prend son sens et son ampleur, et on imagine sans peine l’énergie communicative que doit dégager la formation grecque en tournée avec de tels brûlots studio.

Et puis si l’on prend en compte le fait que le maître du genre cité auparavant tournait déjà en rond avant que la télé couleur n’apparaisse dans tous les foyers, il serait légèrement déplacé de reprocher à nos sympathiques Grecs leur manque d’originalité.

Les lignes de chant sont bien dans la note également : très peu poussées ou élaborées. Les textes rendent hommage aux poncifs du genre avec un sujet global abordant la stupidité humaine et les aberrations de la religion, principe général qui semble leur tenir à cœur.

Bref tout y est, tout ! Même la pochette avec la mort brandissant sa faux d’une main et tenant son sablier de l’autre (très réussie par ailleurs, qui pourrait rappeler le travail de Necrolord, l’illustrateur suédois de DISSECTION et BATHORY) et qui ne ment donc pas sur le contenu qu’elle présente.

Si l’on sent donc que le groupe n’a pas passé des heures à peaufiner ses compositions, préférant préserver à l’état le plus brut possible sa spontanéité, donnant ainsi l’impression d’assister à un gigantesque bœuf Thrash dans un garage (un garage doté d’une superbe acoustique, car la production est aux petits oignons, propre et très lisse sans être complètement aseptisée) c’est peut-être justement là-dessus que repose la réussite de ce "Sanctify The Darkness".

SUICIDAL ANGELS ne se pose aucune question et joue la musique qui lui plaît sans chercher plus loin, il en résulte un album de Thrash sympathique que l’on peut donc écouter avec plaisir sans chercher plus loin non plus…