HARLOW : encore un groupe qui, en surfant sur la vague de la popularité du Hard US, a fait une apparition éclair à l'aube des 90's avant de disparaître sans laisser de traces. Ce quintette avait été formé par l'ex-guitariste de BLACK N' BLUE (et futur KISS) Tommy Thayer, le producteur et clavieriste Pat Regan (qui avait produit le dernier opus de BLACK N' BLUE, "In heat") et la chanteuse Teresa Straley, qui figurait à l'époque parmi les songwriters les plus prometteurs.

Un album éponyme a vu le jour en 1990, gràce au label Retrospect Records. Avec cet album, il n'y a pas de surprises majeures : on y retrouve tous les ingrédients propres au Hard US, au Hard FM : de jolis soli de guitares, des refrains au poil, quelques nappes de clavier, mais pas trop... La présence d'une chanteuse, Teresa Straley en l'occurence, est l'atout principal du groupe. D'ailleurs, sa performance vocale s'avère être l'instrument principal de l'album, j'oserais presque écrire son point fort. Elle ne se contente d'ailleurs pas d'être performante sur le plan vocal, elle s'est chargée de co-produire (en compagnie de Pat Regan) l'album et même d'y ajouter quelques parties de guitares, de basse et de claviers. C'est peu dire qu'elle s'est beaucoup investie sur ce projet.

Concernant l'album lui-même, il apporte la preuve qu'il ne faut pas forcément se fier au premier titre, qu'il peut être trompeur. En effet, HARLOW a démarré sur les chapeaux de roue avec, en ouverture, un titre carton comme "Chain Reaction", un mid-tempo tubesque à la rythmique binaire, très accrocheur, assez travaillé et permettant d'apprecier les capacités vocales de Teresa Straley (une sorte d'hybride entre Lita Ford, Nancy Wilson de HEART et Alannah Myles), capable d'assurer dans un registre tantôt mélodique, tantôt puissant. Ce genre de titre laisse souvent entrevoir de belles choses, mais les apparences peuvent être trompeuses. Car la suite de l'album n'est pas aussi convaincante. Les choses se dégradent une fois que "Chain Reaction" est passé : on a droit à 2 ballades ennuyeuses d'affilée avec "Silence" (la présence de choeurs en japonais s'avère être le seul intêret de cette ballade, la seule vraie touche d'originalité de l'album) et "Don't Say We're Over", qui tend plutôt à accentuer le côté soporifique. D'ailleurs, il convient de signaler que les ballades sont majoritaires sur cet album puisqu'on en compte 6 sur 10 titres possibles. Elles représentent donc 60% de l'album, ce qui est quand même excessif ! Surtout qu'elles sont loin d'être transcendantes, à une exception près. Par exemple, les ballades bluesy "No Escape" et "Beyond Control" sont très moyennes et même la remarquable performance vocale de Teresa Straley ne suffit pas à les élever. Mais la palme de la ballade la plus insupportable revient incontestablement à "Edge Of Love", une berceuse varietisée interminable qui, en plus, clôture l'album (bonjour le supplice pour nos oreilles !).

La seule ballade qui peut être considérée comme réusie est "When You Love Someone", une power-ballade arrangée, épique, pleine d'intensité, à mi-chemin entre LED ZEPPELIN et BON JOVI qui, pour le coup, se révèle comme la meilleure trouvaille de l'album (avec "Chain Reaction"), l'une de ses rares fulgurances. Qui plus est, Teresa Straley se montre carrément impériale. Pour le reste, on a droit à des titres lorgnant tantôt du côté du Hard FM, tantôt vers un big-rock aux relents bluesy. De ce côté-là, à défaut d'être exceptionnel, HARLOW montre un visage correct, acceptable. "Empty", par exemple, est une compo Hard FM sans fioriture qui fait taper du pied et qui met en avant le contraste entre mélodies aériennes et rythmique soutenue, le tout manifié par la voix de Teresa Straley. Le mid-tempo "Cry Murder", quelque part entre Hard FM catchy et Hard bluesy, est plaisant, de bon ton. Enfin, "Pictures" est un (autre) mid-tempo rock bien dans la tradition americaine et qui prend aux tripes, avec de surcroît un refrain particulièrement mémorable, bien torché/trouvé.

Au final, cet unique album de HARLOW laisse quand même un goût d'inachevé car il contient trop de fillers pour convaincre franchement. A vrai dire, c'est le trop-plein de ballades qui plombe un peu cet album, qui aurait fort probablement gagné en efficacité avec plus de morceaux rock ou bluesy roots à la place. On aurait aussi aimé que les musiciens musclent un peu leurs compos, se lâchent davantage avec leurs instruments. D'ailleurs, la chanteuse Teresa Straley est tellement au-dessus du lot sur ce disque qu'elle réduit au rang de faire-valoirs les musiciens qui l'entourent. Il est vrai qu'elle a un gros potentiel et qu'elle aurait certainement mérité de faire une belle carrière, au lieu de disparaître de la circulation avant même de s'être fait connaitre (quand on pense à toutes ces pouffes incapables qui cartonnent, voire perdurent, ça donne envie de gerber et je me dis qu'il y a des coups de pied au cul qui se perdent). Bref, on peut vraiment parler de gâchis concernant HARLOW car ce groupe pouvait certainement mieux faire...