Malgré quelques changements opérés sur son line-up, CONQUEST reste fidèle au heavy/speed que ses talents de compositeur avaient permis d’hisser à un niveau très honorable sur "Frozen Sky".
W .Angel s’occupe désormais du chant, en plus de la guitare, après le départ d'Ivan Goncharenko, tandis qu’Andrey Karpov prend la basse des mains de Louis Ray et qu’Elrand s’approprie la batterie détenue jusqu’alors par Alexander Can.
Que de mouvements, donc. De là à conjecturer une baisse de qualité ou un changement de cap musical, il n’y a qu’un pas dont je vous fais immédiatement l’économie : W .Angel, en tant que compositeur omnipotent conserve saine la force persuasive de CONQUEST et fournit un troisième album légèrement supérieur à son prédécesseur.

Qu’on ne s’attende pas ici à la moindre surprise non plus que la moindre manifestation fulgurante de personnalité. CONQUEST joue un speed mélodique labellisé, très suédois dans l’âme, c'est-à-dire que les lignes de chant lorgnent subrepticement vers le doom et que la substance épique constitue la principale composante de la moelle épinière qui tient la bête ukrainienne droite. On pense beaucoup à NOCTURNAL RITES, par exemple. Mais au niveau de ses albums les plus enfouis dans le temps plutôt que les derniers.

Les réjouissances sont en nombre. Pas de quoi s’estropier les poignées un soir de pleine lune, effectivement. Mais assez pour passer de bons et longs instants, sur la base de titres véloces et entrainants et traversés de soli ou de mélodies fédératrices.
"Far Beyond" constituera l’illustration convaincante pour le solo tricoté la main sur le cœur, si tant est que cela soit possible. "Prisoner of the Universe" de son côté insinuera dans les pas le rythme d’une une danse guerrière grâce à sa mélodie au clavier récurrente et ses lignes de chant qui montent comme un soufflet dont on va se régaler. "We Have Returned" fera l’étalage du refrain simple mais touchant, quand la fièvre épique se passe d’effets pour exposer sa pleine mesure. "When the Skies Fall" aura le privilège de faire rouler la larme du combattant, lui qui la garde jalousement par-delà la paupière mi-close et n’en fait l’offrande qu’aux émotions les plus vives. Enfin, "The Never-Ending Quest Will End" virevoltera sa rengaine folklorique le long de mélodies intenses coupées d’un refrain aux couleurs chaudes.

Un bon album, fidèle au travail déjà mené par le passé et qui a l’opportunité de pousser plus avant CONQUEST parmi les formations agréables et prolixes. Crier au génie se produira plus tard, peut-être, il est encore bien trop tôt pour voir en ces ukrainiens habiles autres chose qu’une promesse formulée à demi-mots et assez plaisante aux oreilles. A suivre de près. La progression passe notamment si fort dans un affermissement de la production, correcte mais encore insuffisante, que le cap pourrait être simplement franchi par l’intermédiaire d’une signature consentie au chaud d’une forteresse plus aisée.