La Russie n'est pas peut-être pas le pays le plus représenté en Metal, mais il compte dans ses rangs de bonnes formations telles qu'ARKONA et ALKONOST, folkeux réunis depuis 1995. Sa musique respire les traditions et les contes de la campagne soviétique, ce qui est suffisant pour attirer notre attention. Petit promenade dans les forêts du Tatarstan…

"Stone Heart Blood" est formé de réenregistrements de vieilles pièces, dont "Temple Of The Forest" et "Dark Days Shadows", parues sur leur première démo, et de nouvelles compositions. Ce qui est en fait une excellente porte d'entrée dans l'univers folk des Russes. Et quand je parle de Folk, je vous préviens que vous n'aurez pas droit à des légendes barbares qui font danser, bière dans la barbe. Pas de fresques mythiques, de violon, de guimbarde, de robes lacées, de nattes fleuries, de barde et surtout, pas de Viking ou de tsar tout-puissant.

Non, ALKONOST narre son passé de manière très romantique, très Doomesque, appuyé par les notes de synthé d'Almira Fathullina et les guitares rondes et mélodiques d'Andrey "Elk" Losev et Dmitriy Sokolov. Les riffs de tortue de "Time Of The Rage", "Temple Of The Forest" et "Brotherhood Of Steel" sont particulièrement acceptables. Quand à la batterie et aux percussions, elles sont d'une tranquillité mes amis, ouf, l'idéal pour une soirée de contes à la lueur de la chandelle. Après cette courte incartade de 33 minutes dans l'histoire, le son feutré et chaud du synthé remportera la palme toutefois. Cependant, un affront comme "Dawn", instrumentale qui tranche un peu avec le reste, aurait peut-être pu se tirer… Mais j'imagine que les musiciens voulaient un petit frère à la pièce-titre, aussi courte… et ennuyeuse.

Le mélange des voix masculines et féminines score haut-la-main au début et confère à des plages telles que "Dark Days Shadows" une ambiance prenante, près de la vénération. Alena Pelevina et Alexey Solovyov sont un joli petit couple d'oiseaux de nuit dont le vol est la plupart du temps agréable et sans fioritures. Dans le genre, c'est surtout intéressant d'entendre des roucoulements russes, de constater les différences d'intonation, le petit ton chantonnant, presqu'enfantin d'Alena, à la rage propre d'Alexey.

Mais, les entourloupes des Russes s'arrêtent là, car ils n'échappent pas à la guillotine de la morosité. Il faut l'avouer, "Stone Heart Blood" devient lassant après quelques écoutes seulement. C'est comme ça. La surprise s'estompe rapidement et on en vient à s'emmerder royalement au fur et à mesure que le synthé et les guitares pincées crachent leurs mélodies à mi-chemin entre le coq du réveil et le loup du sommeil.

Mention spéciale à la pochette, qui décrit avec justesse les leçons d'histoire de la galette. Ça m'a paru assez religieux tout ça…

En tout cas, espérons que vous croyez aux miracles ou que vous êtes du genre à prier souvent, sinon vous jurerez comme des charretiers quand ALKONOST vous aura saoulé. C'est bien ingrat comme constat, vu que l'effort des Russes est honnête et un brin original…

Quelques heures de durée de vie, pas plus. ALKONOST se fait vieux. Ses racines sont aussi dures que les vestiges de la terre qui les a vues naître.