Tiens l'autre jour, je discutais entre "purs spécialistes" de Thrash old school (non ça va, mes chevilles vont bien, je porte des chaussettes élastiques), avec mon ami Shub, et il me demandait si je connaissais un groupe floridien du nom de NASTY SAVAGE. Après réflexion, je lui répondais par la négative. Il me fit écouter, et effectivement je n'avais jamais écouté ce vieux groupe de Thrash. Soit dit en passant, la découverte fut intéressante. Et je suis certain qu'il y a encore de belles chroniques de Thrash old school à venir sur NiMe. Enfin, là n'est pas le sujet.

Après coup, je me dis mais merde, le nom de NASTY SAVAGE me dit quelque chose. Ce n'est pas possible, j'ai déjà vu ce nom quelque part... Après recherche dans ma collection personnelle, organisée comme il faut d'ailleurs (et ouais je suis quand même du genre passionné et pointilleux), bingo, je tombe dessus.
Sur NASTY SAVAGE ? Non mon capitaine, mais sur HAVOC MASS. Un nom qui évoquera certainement quelque chose pour les fans de NASTY SAVAGE mais qui n'évoquera rien pour la majorité d'entre vous, d'autant que cette formation n'a sorti à ma connaissance que l'unique album dont il est question ici soit "Killing the future". Alors quel rapport ? bah le lien c'est que dans ce trio floridien figure le batteur de NASTY SAVAGE à savoir Curtis Beeson. Et voilà pourquoi NASTY SAVAGE me parlait quelque part, là dans ma tête. C'est indiqué sur le boîtier en plus : "EX-NASTY SAVAGE, LAST RITE AND FESTER MEMBERS FROM FLORIDA, USA. INTENSE FAST THRASH-CORE!"

Par ailleurs, à l'heure où le thrash metal n'a plus rien ou quasiment pas grand chose à proposer (nous sommes en 1993, il ne faudrait pas l'oublier, seuls des groupes "atypiques" réussissent encore à sortir leur épingle du jeu, à l'instar d'ANTHRAX ou encore de CORONER), HAVOC MASS, signé alors chez Massacre Records surgit un peu de nulle part avec ce "Killing the future" (dont les petits monstres figurant sur la pochette hideuse ne ressemblent vraiment à rien, mais on s'en tape hein ?) et lance en quelque sorte ce que l'on pourrait appeler un pavé dans la mare. Du genre, eh les gars, le Thrash old school est mort ? Bah non, on arrive et on a des choses à vous envoyer... Pan ! Pan ! Pan ! In your face !
Et c'est le moins que l'on puisse dire. HAVOC MASS est pas du genre gentil en fait. En 33 minutes et quelque, le groupe envoie tout le monde voltiger niveau puissance. Ça pue la testostérone à plein nez ! Production de qualité, le son de "Killing the future" est du genre pachydermique. Le trio floridien ne joue pas spécialement super vite (je veux dire c'est pas "Reign in blood" non plus, faut pas déconner !) encore que c'est pas non plus lent (allez écouter "All that is evil" aux relents Slayeriens ou le tonitruant "Scarred for life", vous m'en direz des nouvelles !), mais bon sang, que cela défouraille sec quand même.
Le groupe ne fait réellement pas dans la dentelle, est plutôt brut de décoffrage (aspect renforcé par la voix rugueuse et agressive du vocaliste et bassiste Ray Wallace) et ne propose que de rares moments d'accalmie (un peu de guitare acoustique sur "All that is evil", une intro - celle qui ouvre l'album - que n'aurait pas renié un groupe comme ICED EARTH à ses débuts, ou encore l'intro un peu plus aérée de "Pools of blood"). En ce qui concerne l'aspect innovation, il faudra repasser. L'opus n'apporte pas grand chose de neuf stylistiquement parlant mais peu importe. De toute évidence, ce n'est pas le but de l'album.

"Killing the future" est du genre gros son donc, avec des compositions en béton armé qui plus est. L'ensemble ressemble à un énorme roc en acier trempé, solide et compact et qui ne laisse rien dépasser. "Killing the future" est un gros bloc en fait. Peu ou pas de variété niveau riffs. Riffs plutôt basiques dans leur globalité qui sont cependant d'une efficacité rare mais qui se ressemblent (trop ?) d'un morceau à l'autre, si bien que l'on a souvent l'impression que d'un titre à l'autre, on se dit "tiens, ça commence comme sur l'autre morceau" alors qu'il n'en est pourtant rien. Juste une impression en fait.
Niveau rythmiques, c'est autre chose, le groupe varie assez bien les tempos ; les breaks sont la plupart du temps bien ficelés ("Distant Signs" est un pur exemple) et les accélérations sont du plus bel effet et particulièrement sur "All that is evil" ou sur "Distant Signs" encore lui!).
Les musiciens maîtrisent parfaitement leur sujet, le contenu étant relativement technique (on ressent d'ailleurs des influences Death Metal sur pas mal de compositions telles que sur "Scarred for life", "Into Nothingness" ou encore "Prime directive" qui de par ses passages à la batterie risque de calmer pas mal de monde, c'est moi qui vous le dis !), que ce soit au niveau batterie (dont je viens de parler), au niveau basse (ça claque dur sur les compos) ou au niveau guitare ("Scarred for life" et ses soli furieux, idem sur "Into nothingness" véritable tuerie à la fin apocalyptique, ou encore cette intro et passages de fou sur l'impeccable "Distant Signs"). Force est de constater que ça joue plutôt, plutôt très bien. Les membres de HAVOC MASS ne sont de toute évidence pas nés de la dernière pluie.

"Killing the future" propose donc des compositions 100% thrash, 100% In Your face, doté d'une certaine technique au final, d'un sens du riff acéré comme une lame de rasoir et doté de cette rugosité puissance 10 si caractéristique. On reprochera néanmoins à l'album un certain manque de musicalité et de variété. Flagrant malheureusement.
HAVOC MASS n'aura malheureusement pas marqué les esprits (un seul album au compteur et un nom injustement méconnu) malgré cette baffe qu'est cette galette.
Un opus qui est susceptible non seulement de plaire aux aficionados de Thrash old school (quasiment une certitude!) mais aussi aux fans de Groove Metal genre MACHINE HEAD, PANTERA ou encore DEARLY BEHEADED.
Préparez les joues... ça va faire mal !

Note réelle : 3,5/5

Morceaux préférés : "Into nothingness", "Distant signs", "Scarred for life"