Cet album, je l’attendais. Aguiché par une démo prometteuse et une volonté affichée de produire un album de metal symphonique bourré d’arrangements, je voyais en KRUSADER une formation apte à rivaliser avec les plus grands. A présent qu’"Angus" a défilé maintes et maintes fois, deux constats.

D’abord, les couleurs affichées sont bien celles attendues : du Heavy brésilien reconnaissable dans les lignes de chant assez proches d’ANGRA ("The First Warrior", "Again") ou les quelques percussions ("Battle Memories") et une matière puisée en Italie comme l’attestent le concept fantasy, les orchestrations intarissables et les chœurs ("Cerridwen Wind"). Ensuite, si les compositions ne déçoivent pas, la production trop faible situe cet album en deçà des espoirs placés en lui. Non, KRUSADER n’est pas apte à rivaliser avec les meilleurs opus de Metal Symphonique.

Seulement, il y a tant à prendre ici, qu’il ne sert à rien de bouder son plaisir. Si une recette existe réellement, KRUSADER l’a probablement appliquée à la lettre. Des orchestrations et des chœurs (à la QUEEN ou RHAPSODY), disais-je. Mais aussi des lignes de chant épiques ("Holy Metal Sign"), quelques riffs plus tranchants que les autres ("Battle Memories"), des hymnes à la pelle ("Shall Feel My Sword", "Holy Metal Sign") et, parce qu’il faut bien reprendre son souffle, quelques passages plus intimistes ("Part III - My Heart I'd Give To You") se succèdent comme un compromis idéal de ce Metal mélodique compteur d’épopées.

Parmi des titres colorés, quelques perles, au premier rang desquelles l’arabisant "Again", les fédérateurs "Part II - Shall Feel My Sword" et "Ocean To War", la ballade touchante "Part III - My Heart I'd Give To You", le brûlot de Speed Mélodique digne de GAMMA RAY "Holy Metal Sign" et la reprise de QUEEN, "Bohemian Rhapsody" bien exécutée, notamment par Rick Ricci, chanteur très agréable dont le timbre se situe entre Ralf Scheepers ("Again") et Mickael Kiske ("Holy Metal Sign"). Un vocaliste régulièrement épaulé par une comparse, Kamila Martin, très convaincante, surtout sur la ballade "Part III - My Heart I'd Give To You".

Il y a bien quelques défauts notables. Outre la production préjudiciable, on notera de petites longueurs çà et là, comme sur "Battle Memories", fresque épique accrocheuse mais encombrée de plans inutiles. Mais ça reste peu de choses. Il règne un tel engouement sur "Angus" que les défauts de jeunesse manifestes passent assez facilement. Et puis c’est du Heavy Symphonique hérité de la scène transalpine, un tel album s’écoute en connaissance de cause.

"Angus" constitue une très bonne surprise. Les Brésiliens parviennent à accoucher d’un album riche et diversifié tout en conservant une bonne cohérence. Pas un chef-d’œuvre, non, juste un album bien pensé et prenant d’un bout à l’autre. Les amateurs des premiers THY MAJESTIE ne seront pas déçus, par exemple. Pourvu que la production soit renforcée sur le prochain album et on pourra espérer de KRUSADER qu’il vienne bousculer une hiérarchie statique. Avec RHAPSODY moribond, DARK MOOR et THY MAJESTIE qui semblent vouloir s’éloigner du symphonique, il y a peut-être une place à prendre.

Note : 3,5/5.