STOLEN BABIES, ce sont les rêves explosifs d’une sale gamine. Des rêves enfermés dans une boîte à musique. Achetée à une fête forraine de village. Une musique vive, une force vive. Musique lumineuse en guise de peur du noir. Musique forte, musique amusée, musique musette, musique pétante.

STOLEN BABIES défonce la baraque avec de grandes bulles pulpeuses et détonantes. L’étonnement est déconcertant aux premiers abords, bien que l’approche soit facile. Classons STOLEN BABIES vers Mr BUNGLE, IDIOT FLESH ou DOG FASHION DISCO, et on le trouvera presque trop normal.

Chassez le naturel, et il revient sous forme de délire jouissif où maquillage de kermesse et headbanging font bon ménage. La montagne russe entre Metal presque core, presque indus, des touches de ce qu’on appele vulgairement « punk cabaret » (DRESDEN DOLLS par exemple), de l’accordéon et des touches théâtrales passe pourtant sans grande peur, sans grand mal. Malgré les quelques affinités qu’on pourra trouver entre le groupe et leurs compatriotes d’UNEXPECT par exemple, c’est cette simplicité et cette force dans une musique plus concise qui évite les morceaux à tiroirs, et fout tout dans celui du haut !

L’onirisme de "There Be Squabbles Ahead" est à base de monstres à tête d’œuf, de tours pointues et de filles qui cachent des couteaux derrière leur dos. Tim Burton n’est jamais loin, STOLEN BABIES est bien de sa génération, terriblement fashion dans sa marginalité.

On applaudira des riffs rentre-dedans, des mélodies parfois magistralement entêtante ("Filistata" powah !), et une basse qui distribue les claques comme si c’était du pain d’épice au caramel.

Et on fera une révérence à la chanteuse accordéoniste Dominique Lenore Persi. On lui donnera même des roses noires et on la demandera en mariage.
Une femme de caractère… Pour sûr, à la place d’Alice, elle aurait pété l’horloge du lapin blanc, qui, sans doute, se serait pendu de suite. Elle aurait tiré la queue du chat de Cheshire si fort qu’il n’aurait plus jamais souri et aurait défié le mille pattes opiomane de tirer plus fort qu’elle sur sa pipe. Parfois gentillette et mélodieuse, parfois hargneuse comme une Siouxsie*, parfois délicate, parfois explosant d’une colère communicative… une femme de caractère vous dis-je…

Alors voilà, je pourrais encore décrire tous les morceaux et dire à quel point tout ça est bon, à quel point tout ça est jouissif, à quel point tout ça est fort en mélange bizarre sans vraiment dérouter nos habitudes.

Inutile de chercher une classification véritablement efficace, un clic sur le Myspace du groupe vous donnera un aperçu sonore largement plus efficace.

STOLEN BABIES a aujourd’hui une place de choix dans la cour de l’Avant-Garde sans-gênes. "There Be Squabbles Ahead", c’est de la musique de cabaret sous amphet' qui cherche un défoulement primaire, à la pêche au gimmick qui défouraille d’accessibilité… les Américains nous offrent une rêverie de barjot insomniaque dont on ne peut qu’attendre la succession.


*La comparaison ne vient pas de moi, mais d’un gars sur internet. Et j’ai trouvé qu’il avait assez raison pour le répéter. D’ailleurs je ne peux que vous conseiller de lire les autres chroniques de la toile, tant ce groupe se voit affilé à des dizaines et des dizaines de trucs complètement différents.