DOMAIN ne paye pas de mine. Des pochettes mi-prog mi-niaises, un patronyme à peine plus sexy qu’un acronyme pour une nouvelle loi et des disques qui se calent au fond des bacs dans une confidentialité presque parfaite. Des disques nombreux, tout de même. Neuf au total avec cette nouveauté 2009 et une seconde moitié de carrière qui distance complètement la première. Quantitativement parlant, c’est du six contre trois. Six donc, depuis que DOMAIN a rompu le long break entamé en 1990.

Sur la base d’une description sommaire peu engageante viennent se poser d’autres fondations qui jouent en faveur des Allemands.
Sans jouir davantage que d’un succès d’estime, DOMAIN prend à cœur de fignoler ses albums à l’extrême. Tout en maintenant un rythme de sortie soutenu, les opus se succèdent avec une qualité égale et, d’autres feraient bien d’en prendre de la graine, une volonté de varier et d’évoluer. Après « Stardawn » et ses facettes prog polies, voici « The Chronicles of Love, Hate and Sorrow », opus de power metal qui mise une bonne partie de ses jetons sur l’accroche. Ensuite, DOMAIN fait un peu figure d’autodidacte au sein d’une scène somme toute très calibrée. Son heavy un peu décalé et rêveur ou sa propension à jouer sur les registres de son choix le positionnent à part. Et pour finir sur une autre note positive, la formation emmenée par Axel Ritt est loin de se prendre au sérieux. En dépit d’albums à l’univers structuré, les musiciens aiment se faire discrets et font preuve d’une évidente modestie. Voila bien un groupe qui compose autant pour le plaisir que pour satisfaire son petit cercle de fans.

« The Chronicles of Love, Hate and Sorrow » s’avère en tout point conforme à la qualité affichée depuis de nombreuses années par les Allemands. Peut-être pas avec « Sweeping Scars », trop répétitif et assez vite lassant, mais plutôt l’ensoleillé « Angel Above », le speed « Circle Of Give And Take », « He Is Back » et son excellent riff, ou encore la ballade « 12 O'Clock » qui, malgré un fort goût de guimauve, se montre convaincante. Quoique moins alambiqué que « Stardawn », cette nouvelle offrande des teutons maintient une profondeur de lecture propre à occuper de longues semaines. Car « The Chronicles of Love, Hate and Sorrow » officie toujours dans la catégorie des opus relativement complexes. Les mélodies sont nombreuses et les enchainements pas forcément naturels. Outre le savoir-faire conforté, certaines composantes ne changent pas. L’aspect néo-classique et la petite touche FM, en particulier, marque de fabrique de DOMAIN. Finalement, le premier titre exhibe toutes les facettes du DOMAIN 2009, avec son intro néo-classique, ses légers chœurs FM, son refrain catchy et ses riffs simples et lourds à la fois.

« The Chronicles of Love, Hate and Sorrow » s’impose comme un très bon album, pas de doute là-dessus. Encore un, donc, de la part d’un groupe discret mais dont le cheminement semble ne jamais devoir s’arrêter. Avec une production de qualité et une durée promettant de longues heures d’imprégnation, ce neuvième opus conforte DOMAIN dans sa position de formation attachante et qui ne déçoit pas. Même en simplifiant sa musique, favorisant l’immédiateté de ses plans et se départant de sa panoplie de progueux (prudent), DOMAIN touche au but. Bien joué.

Note : 3,5 / 5