GMT ne va pas s'arrêter en si bon chemin. Après la tuerie Bitter & Twisted, un successeur à sa hauteur s'impose afin de confirmer que GMT est un groupe parti pour durer et non un énième projet de John McCoy. Dès la première écoute d'Evil Twin, très peu de changement en vue et c'est tant mieux, la recette du premier album était tellement bonne qu'il aurait été dommage de ne pas s'en resservir. Comme d'habitude, GMT tape dans du hard punk cradingue, ça va se vendre à 4 exemplaires au Gibert, les vocaux à l'arrache de Bernie Tormé, enregistrés après l'apéro, risquent d'agresser certaines oreilles... autrement dit, il chante "faux" (ou punk, c'est selon, mais depuis quand demande-t-on à un punk de chanter juste ?). Et la reprise culte que GMT joue en concert de "Smoke On The Water" est pour le moins personnelle, pas sur que les fans de DEEP PURPLE s'y retrouvent !

Comme sur Bitter & Twisted, le titre d'ouverture est bien speed ("Punko Rocco"), avec un riff alliant virtuosité et punk, toute la philosophie de GMT est ici résumé. Dee Snider apparaît sur le refrain, avec sa voix reconnaissable entre mille (il était déjà monté sur scène avec le groupe). Au fur et à mesure que les titres défilent, on sent un travail au niveau des refrains, un peu plus mélodiques que d'habitude, avec même de légers choeurs sur "Holy Roller" et "The Humours Of Mr McCoy" par exemple, incroyable non ? Enfin ça reste du punk, autrement dit le mot "mélodique" n'est peut-être pas le plus adapté dans le cas présent. Bernie Tormé ne manque pas d'inspiration. Niveau riffs, il y a de quoi se faire plaisir, ils sont régulièrement agrémentés de pirouettes guitaristiques dont Bernie a le secret et de solos improvisés, pour ne pas dire dissonants. Ah, se manger des riffs aussi évidents et jouissifs que "Bullet In The Brain", "You Can't Hold Me" (un côté hard rock 80 sur celui là) ou "Holy Roller", que c'est bon !

Pour calmer le jeu, Evil Twin reprend le même principe que Bitter & Twisted, à savoir un morceau folk, "Jonny Sitar" où des parties acoustiques et électriques s'enchaînent. L'influence Keith Richards n'est pas en reste, elle se retrouve surtout sur le très rock "Wheel Of Fortune", aussi bien vocalement qu'au niveau des riffs. Un p'tit blues pour la route, "Perfumed Garden", sauf que là, non, trop d'impros tuent l'impro. Bernie Tormé a sûrement voulu renouer avec l'esprit de "If You Believe Me" de GILLAN. Mais à force d'y aller à l'arrache et au "feeling", il a juste oublié de travailler sa chanson. Là c'est vraiment trop n'importe quoi pour le coup (ces solos, mon Dieu !!!). Colin Towns apparaît toujours en invité sur l'album (sur "One Of These Days" et "Evil Twin"), mais là pour l'entendre, il faut vraiment tendre l'oreille. "Evil Twin" est bien rythmé, avec intro aux percus et refrain accrocheur, un des meilleurs titres assurément. Et pour finir, un punk bien speed et bâtard, "The Humours Of Mr McCoy", avec un riff délirant au possible (on a l'impression d'écouter un solo la première fois !) et des choeurs en « Oh hey oh ».

Pas de doute, l'esprit des vieux albums de GILLAN se retrouve chez GMT, bien plus que sur les derniers albums solos de Ian Gillan, nettement plus calmes. En effet, Gillan's Inn n'étant qu'une parenthèse, le petit dernier, One Eye To Morocco n'est pas là pour démentir ce constat. Si vous aimez les compos bien burnées de John McCoy et Bernie Tormé à l'époque de GILLAN comme "Are You Sure" ou "Unchain Your Brain", vous allez être servis !!! Pour sur, ils ont bien retenu l'aspect le plus bourrin de la musique de GILLAN. Pour une fois qu'un album de hard rock ne sonne pas comme du hard-glam-sleaze-rock scandinave ou comme un énième Motör-clône, on ne va pas s'en plaindre.