Il existe un nombre incalculable de formations pratiquant le Death / Grind. Mais peu d’entre elles arrivent à sortir du lot. Exception faite des Parisiens de SUBLIME CADAVERIC DECOMPOSITION, qui s’illustrent dans un concept singulier mais maîtrisé : 21 façons de dégueuler. C’est un concept effectivement.

Du Death / Grind puissant et personnel voilà ce que nous propose SCD. Sorti chez Bones Brigade en 2001, cet album présente les choses en trente et une minutes et vingt et une pistes. Toutes sont publiées sans les titres et sans les paroles. Avec comme seul « texte » des death-growls et autres grunts dérivés sous toutes les couleurs : le cri de la truie, du crapaud mais aussi de l’hyène, du castrat. Bref, une belle ménagerie au menu. Le résultat d'une course de relais entre les différents acteurs qui s'éclatent comme des bêtes. Mais le plus important est que cette musique vous mettra en transe en vous administrant une putain de fièvre qui vous fera transpirer comme des bœufs.

Cette fièvre nous contamine dès les premiers instants. De la track 01 à 10, c’est du pur pilotage automatique ultra brutal cadencé dans le cambouis. Proche de BRODEQUIN et LAST DAYS OF HUMANITY (sans les trucages), il caresse aussi un MORTICIAN bien rafraîchi (et désabonné de Mad Movies). Puis à partir de la track 11, le combo semble flirter avec le slam par son mid-tempo plombé et cette ambiance purulente. Le seul moment de répit. Ensuite, les dix autres tracks repartent encore plus véloces jusqu'à la fin. C'est délicieux. D’un côté SCD est Death Metal dans une imagerie très sanglante (voir le visuel) et un son très caverneux (et très pro d’ailleurs). De l’autre, SCD est bien Grind par l’intensité de son dialogue. Très courtes (moins de 2 minutes pour la plus longue), chaque piste apporte un degré de plus dans cette brutalité animale. Chaque morceau dégage une putain d’énergie ! Le groupe à l’air de se faire plaisir et il faut reconnaître qu’il est bon dans son domaine.

Malgré la violence insolente d’un jeu de fou furieux, l’orchestre sait composer. C’est un fait. Le fonctionnement repose sur une juxtaposition de riffs assassins qui suit une cadence millimétrée, jusqu’au bout des cymbales. Chaque musicien est à sa place et au final ça arrache des poils au cul cette affaire ! L’écriture reste basique, sur-amplifiée par un mix meurtrier et un son plus que correct. Le débat est saturé et lourd. Dès lors, on constate les limites de leurs travaux. Je m’explique...

La répétition semble être ce qui ressort le plus. Mais c’est aussi par la répétition que l’on apprend cette copieuse leçon de Death / Grind. Par contre La basse n'est pas créditée. De bon gros "slap" bien ventrus auraient été utiles. En même temps, la paire de gratteux boulimiques assure correctement et remplit largement son office destructeur. Donc rien de grave. Plus on écoute, plus on aime ou plus on écoute et moins on aime. A chacun de savoir où il veut se situer. Le public visé est celui qui se délecte d'une bonne côte de bœuf bien saignante et d'une andouillette bien grasse. Ces plats bien de chez nous aux goûts savoureux, ne dévoilent pas de très grand talents culinaires mais ils savent nous titiller nos papilles comme il faut. C'est pareil pour SCD. A ceux qui aiment les tripes : SUBLIME CADAVERIC DECOMPOSITION est à recommander vivement.


De plus... les Français nous ont montré un beau tour de passe-passe, maintenant libre à eux de concrétiser leur concept et le faire durer dans le temps. Cet album prouve aussi l’excellente santé de la scène Death Metal hexagonale de l’époque.


SCD marque son territoire dans un domaine où la durée de vie d’une nouvelle formation peut être éphémère. Heureusement, l’avenir sera bien radieux pour nos quatre bouchers de l'Ile de France. Et dire que tout est parti d’un concept : 21 façons de dégueuler. Chapeau bas messieurs.


En clair : une boucherie.

Note réelle : 3,5/5