Ah, combien d'amateurs de Black Metal n'ont-ils pas été frappés par la force des trois premiers enfants étiquetés Black Metal de DARKTHRONE ? Qui n'a pas été frappé par cette formation norvégienne maîtresse et génitrice du son « nécro » ? Qui n'a pas été saisi par la folie et les destructuration d' ''A Blaze in the Northern Sky'' ? Qui n'a pas été fasciné par la mysticisme imprégnant ''Under a Funeral Moon'' ? Qui n'a pas été, enfin, détruit par la violence, et la haine et la noirceur de ''Transilvanian Hunger'' ? Pour ces trois chefs-d'œuvres (j'y rajouterais également ''Panzerfaust''), DARKTHRONE a plus que largement gagné et mérité sa place parmi les Grands du Black Metal et du metal extrême en général... Certains lui préfèrent les autres gloires du Norwegian Black Metal – s'il me fallait résumer LE Black Metal, je dirais qu'il est concentré en ces trois albums. En dehors d'eux, le Black Metal existe mais prend d'autres formes moins justes. A jamais LE Black Metal sera toujours pour moi celui de DARKTHRONE.

Aussi quand je suis tombé l'an dernier sur ''I Kong Skjolds Navn'' des Danois de BLODFEST, j'ai cru réassister à la naissance de DARKTHRONE, époque ''Transilvanian Hunger''. En effet, BLODFEST est un concentré exceptionnel de haine nécrosée, de violence et d'agression et qui n'oublie pas pour autant les atmosphères (rhaaaaaaa ces parties acoustiques, voix claires et batterie jazz du second tir !!!). On pensera aussi fortement à TSJUDER... Je vous le dis simplement : BLODFEST tient la torche du Black Metal maléfique, méchant et démoniaque bien haut. On se retrouve plongé, à l'écoute de ''I Kong Skjolds Navn'', dans les années 90 et surtout dans les affres de l'Enfer... On comprend un peu mieux comment le trio scandinave a pu capturer et retranscrire si fidèlement cet esprit malsain quand on apprend qu'il a vu le jour en 1990 sous le nom de FALLEN ANGEL (puis SOLVHERV avant de se décider pour BLODFEST)

La pochette aidant, mon esprit s'envole rapidement à l'écoute de ce second full-lenght de BLODFEST, dans les Ténèbres, dans les forêts anciennes et le froid humide des marais puants, où sur la rive calme le peuple humain et païen se rassemble. Celui-ci chante aux Dieux des incantations, aiguise ses lames, se drogue sous la lumière des torches et de l'œil de Dame Lune. Il se prépare à sacrifier quelques uns de ses volontaires au trépas pour apaiser ses Dieux et obtenir ses faveurs. Le sang, la nuit, les chants, les tambours, la folie dans les regards, les corps transis de froid et suant du fait des drogues, les esprits jetés dans un autre monde – prêts pour la guerre ! Voici la Fête du Sang...

La manifestation du Mal la plus incroyable contenue dans cet album long de cinquante minutes tient en ce titre sorti tout droit de l'Enfer : ''Dodsskyggers Kald''. Avec une tension peu commune, avec des riffs hypnotiques, avec cette voix diabolique (à la Helmkamp d'ANGELCORPSE) et ces guitares épaisses et crades, cette piste ne semble pas réalisée par des êtres humains... Une des quelques œuvres du Black Metal qui me foutent vraiment les jetons, qui me met bien mal à l'aise, qui me viole l'esprit et l'âme. Le rapide, païen et épique ''Haevens Med Blod'' est proprement fabuleux. BLODFEST démontre avec cet hymne qu'il maîtrise la composition et qu'il sait également se montrer aéré, vivant et varié. Un Hymne au Grand Bouc que cet album. Des Scandinaves pratiquant ce qu'ils nomment comme du "Danish Heathen Black Metal rising from ancient sacrificial bogs". Neuf sortilèges que les esprits les plus raffinés ne pourront saisir, la Bête étant trop étouffée par leurs soins...

Sorti en juin 2007, le label producteur None More Black Records a bien compris qu'il avait là affaire à une bombe extraordinaire du Black Metal, pressant un millier de copie d'un coup – ce qui est beaucoup pour l'Underground. Je ne peux que recommander cet opus qui tient de nouvelle référence en son sous-genre... Ad Majorem Satana Gloria !! Une des meilleures découvertes de 2007. Un 4,5/5 facilement mérité.