Ne vous fiez pas à ma note (du moins pas tout de suite), ni à cette pochette honteusement kitsch, car dès sa première galette, le one-man-band écossais ASKIVAL vient foutre une énorme claque dans la gueule de tous les fans de folk metal.

Impossible, en accro de la défonce épique, de ne pas tomber sous l'emprise verbeuse de « Forged In The Fire Of Alba ». Cuivres d'une solennité SUMMONING-ienne, un cran de tempo plus bastonnant, une voix de berserk blessée et intrépide relayée par un refrain cérémonieux. Ça ne dure que trois minutes et demi, mais qu'est-ce que c'est bon !
Et ce « Legion Of Wotan », à la longue montée digne d'un MOONSORROW (période Voimasta Ja Kunniasta ), puis ces couplets déchirés et emphatiques, à l'ambiance de fond que j'ose encore rapprocher de SUMMONING, surtout lorsque les guitares acoustiques nous font reprendre notre souffle, et que la dernière nuée instrumentale nous étreint en un bouquet métallique de sonorités homériques ! « Whispers In The Breeze », son riff plus répétitif, ses murmures exaltants puis son retour à ce black épique toujours aussi viscéral qu'enchanté, pour finir sur une note de piano triste, touchante.

Et cette production bordel ! A la fois condensée comme on aime dans le Black, discernant chaque instrument, comme on aime dans le Viking, et prégnant les claviers de cette magie lointaine, comme on l'aime dans le Metal Atmo. Et quelle voix black impressionnante !

Ouais mais merde Volthord, pourquoi tu mets qu'un putain de 3/5 ???

Peut-être parce que l'album ne commence « vraiment » qu'à partir du quatrième titre. Le quart d'heure de « Last March Of The White Wolves » n'étant malheureusement qu'un prélude longuet à la suite, et plombé par un arpège acoustique qui dure plus de 7 minutes en plein milieu de deux montées de la disto bien moins démentes que les morceaux cités en haut. « Elderpath », fait un peu ambient rétro de poche. Un peu plus loin dans l'album, « Field of Thistles And Ancient Echoes » fait un peu folk mignon de carte postale, et « Eternity », bien que sympathique, rajoute une couche inutile dans un style martial de débriefing...j'exagère un peu, mais ces morceaux, bien qu'acceptables (et pas franchement laids), sont au final de trop, surtout à côté des perles de Metal Epique qui les entourent.

En revanche, « Destiny » brode avec poésie la profession de foi du one-man-band. L'acoustique, « Sorrow Of The Sun » développe une sensibilité inébranlable, même s'il lui manque de vrais couplets.


L'écossais Tuagh, sur cet album, s'est frayé plusieurs voies, une seule lui va vraiment comme un gant de maille. Qu'il ne se laisse pas emporter par ses pulsions ambiantes souvent envahissantes, ou seulement lorsque celles-ci apportent véritablement un aspect plus vivant à son oeuvre, car, sans le moindre des doutes, c'est lorsqu'il fonce tête baissée dans le combat, lorsqu'il met ses tripes et sa foi dans ses convictions émérites qu'ASKIVAL est le plus impressionnant. A condition de rester varié et de ne jamais se séparer de sa verve païenne emprunte de la magie la plus originelle.

Eternity est en deux mots surprenant mais inégal.
Une fois toutes les influences agencées, mélangées afin que des morceaux gagnent en homogénéité, et une fois les longueurs et les fioritures enlevées, on aura très vite un vrai bon groupe... Peut-être même largement plus que ça.