Avec ce troisième album, Rolf Munkes terrasse les doutes amalgamés à l’origine autour de sa formation hard. EMPIRE ne pouvait être au mieux qu’un énième super groupe qu’un ou deux albums épuiseraient avant qu’il ne jette l’éponge. Et puis conserver dans ses rangs ces deux monuments que sont Lance King et Mark Boals ne pouvait qu’être voué à l’échec.
Pas vraiment, non.
Cinq ans après « Hypnotica », EMPIRE est toujours là. Et plutôt que maintenir à leur poste fébrile King et Boals, EMPIRE parvient à sédentariser Tony Martin qui les avait remplacés à partir de « Trading Souls ». Mieux - essentiel même - « The Raven Ride » s’impose comme une belle réussite de hard rock nourri aux influences 80’s.

Derrière ce groupe aux fausses allures de projet se cachent de vrais titres, accrocheurs, joliment structurés et variés dans leurs rythmes lourds ou éthérés. Et c’est « The Raven Ride » qui en fait la démonstration. Riff martial, lignes de chant épiques et refrain entêtant, EMPIRE ne se moque pas du monde, c’est le moins que l’on puisse dire. Un titre tout bonnement obsédant. Si bien que, en ce qui me concerne, il a longtemps écrasé le reste de l’album. Je l’aurais personnellement positionné un peu plus loin, histoire que la découverte globale se fasse de manière plus linéaire. Là, le titre se termine à peine qu’on se précipite pour le repasser plutôt que poursuivre l’écoute. Bref, on ne va pas non plus se plaindre.

D’autant qu’avec un peu de temps, on découvre d’autres très bons moments. Peut-être pas « Breathe », trop répétitif à mon goût, ni la ballade sans grande saveur « What Would I Do », mais plus certainement les torrides « Carbon Based Lifeform » et « Satanic Curses » sur lesquels Tony Martin fait des merveilles, l’arabisant « Al Sirat - The Bridge To Paradise » et son refrain planant, l’aérien « Changing World » qui semble nous faire voir la terre de très haut, « Maximum », sorte de chant tribal assez jouissif, « I Can't Trust Myself », bande son parfaite pour un spoof movie ou encore l’intense « The Devil Speaks, The Sinner Cries », quoique les effets sur la voix finissent par gêner.

C’est vrai que la musique proposée est ultra classique, malgré une production massive qui lui fait gagner une sorte de réactualisation faisant croire à un peu de neuf. C’est vrai que certains morceaux, aussi bien composés soient-ils, sonnent un peu creux en cela qu’ils ne proposent pas assez d’éléments pour espérer durer plus d’une dizaine d’écoutes. A côté de ça, les pépites de hard font forte impression et laissent longtemps l’envie de se frotter une fois supplémentaire à la formation basée en Allemagne.
En 2005, EMPIRE voit son statut passer de formation incertaine à un groupe établi prêt à en découdre de longues années. Un bon album, indéniablement.

Note : 3,5 / 5