Si vous êtes hermétique au fun, passez votre chemin. Ce projet loufoque nous vient de Suède, il est orchestré par quatre musiciens talentueux. Pas des virtuoses mais presque. Le principe de ce disque est simple, il s’agit de reprendre un titre d’ABBA avec l’orchestration d’un standard de heavy metal. Même si les lecteurs de NiME ne sont pas de prime abord des fans potentiels d’ABBA, il va de soi qu’ils connaissent ce groupe. Véritable phénomène de société dans les 70’s, il a été vainqueur de l’Eurovision en 1974 et il a inventé le vidéo-clip qui brille. A ce jour, ABBA a vendu 400 millions de disques. Il est donc impossible que vous n’ayez jamais entendu parlé d’eux. Groupe kitch par excellence, chacun de ses disques a bénéficié d’une production aux petits oignons et leurs mélodies ont fait et feront toujours mouche. Ils n’ont jamais quitté les mémoires collectives et se voient congratuler à chaque revival.
Mike Patton ne l’a pas fait alors………

On commence fort avec « Smoke on the water/Mamma mia” typé hard FM, ce titre est très plaisant sans être ridicule, on jurerait même que le micro est tenu par Gary Cherone d’ « EXTREME ». Comparaison positive. Une énergie incroyable se dégage du riff interplanétaire allié aux mélodies résolument pop. Le second titre rend une seconde fois hommage à DEEP PURPLE avec « Woman from Tokyo/Does your mother know”. THE BLACK SWEDEN enquille à fond les ballons, cette fois la texture vocale rappelle celle de John Corabi (ex-THE SCREAM, ex-MOTLEY CRÜE). Plus anecdotique, « Tush/I do I do I do I do I do”, mariage ZZ TOP/ABBA n’en est pas pour autant inécoutable.
La reprise d’”Enter Sandman” couplée avec « Take a chance on me » s’écoute avec plaisir, on taperait même du pied. Cependant, la recette quasi-systématique de nos Suédois rend la découverte du disque assez convenue. Les structures mélodiques sont celles d’ABBA, seuls les intros et les riffs appartiennent au heavy, d’autant qu’ils ne sont pas légion. Plus de folie dans le mélange des genres aurait enfoncé le clou en rendant ce disque incontournable par sa folie. Ajouter à la sauce plus de breaks metal, voir des mélodies vocales en référence aux groupes concernés n’aurait pas manqué d’audace à un projet qui n’en manquait pas (sur le papier). Heureusement qu’il y a de grosses guitares. Absentes de la reprise pure « The winner takes it all », ballade légère du disque.
On reprend la recette avec « God of thunder/S.O.S”, ce mélange reste le plus fidèle aux originaux puisque pop et 80’s à mort, définition même de KISS pendant son âge d’Or. Il est drôle d’entendre le tube mielleux et un tantinet has been sur la structure rythmique punk des R.A.M.O.N.E.S «Ballroom blitz” qui ne dépareillerait pas pendant une fête de famille, faisant assurément taper des mains Tata et Grand-maman. Du grand art intergénérationnel tout comme « Ain’t talking about love (VAN HALEN)/ Money money money”, incontestablement le meilleur titre de l’album. Ce qui rend le «Breaking the law (JUDAS PRIEST)/Ring ring » légèrement décevant. On ne peut pas s’empêcher de sourire de plaisir quand vient à tourner le riff de LED ZEPPELIN de «Heartbreaker”, le décorum ne sied pas vraiment à l’explosion de l’originale mais la dimension surréaliste ce cet univers l’emporte. Pour clore la galette, une reprise acoustique dispensable du « The winner takes it all ».

ROCK TRIBUTE TO ABBA est un disque inégal mais qui ne manque pas de charme. On peut parfois perdre le fil de son écoute et y être ramené avec plaisir par une guitare pastichant les plus grands héros de la 6 cordes.
Jeunes rockeurs vivants en couple avec une conjointe qui est fan de JULIE ZENATTI, vous êtes habitués à faire des concessions musicales plus souvent qu’à votre tour (parce que vous ne voulez pas finir seuls et célibataires, je vous comprends). Et bien ce disque est pour vous!! Il pourra vous divertir entre les couinements de l’autre tacherônne (je ne parle pas de votre conjointe là, suivez moi bien !!!). Le seul hic, c’est que ça va être dur de le trouver. Parce que mine de rien sa rareté est une autre valeur ajoutée à ce magnifique digipack épuisé chez l’éditeur. Amateurs d’objets cultes en devenir, une nouvelle mission s’offre à vous : faire le tour des soldeurs pour trouver votre bonheur.



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