L'Espagne, une autre terre où le heavy metal se sert à toutes les sauces. Une grosse contrainte, tout de même, que la sauce en question soit bien grasse. Après, on la lie comme on le sent, en respectant l'étiquette choisie au moment de poser les fondations du groupe. Cette formation originaire d'Andalousie officie dans un heavy metal avec grosses guitares, chant haut perché scandé au maximum des possibilités pulmonaires et mélodies épiques. Un tableau aux couleurs et au tracé déjà connus par tous ceux qui se sont frottés quelques temps à la scène heavy underground.

A côté de ça, il demeure sur « Nereda » quelques éléments propices à laisser de côté la condamnation réservée à ce genre d’album que la moindre parcelle d’originalité évite avec mépris. Car en dépit d’un style convenu, on ne peut accuser les Ibériques de manquer de savoir-faire. « Viejo Teatro », par exemple, est un titre pêchu, tissé d’un riff accrocheur et qu’encapsule une ambiance sombre probante. Jose A. Díaz distille un chant habité auquel on cède facilement. Constat identique avec « Un Día De Marzo », morceau lancinant qui oscille entre NWOBHM et néo-classique discret, ou encore « Bajo Un Sol helado », longue exploration au cœur des fondations du heavy épique tel que les Italiens ou les Suédois l’ont remis au goût du jour voilà dix ans. Et dans ce rôle d’explorateur, MOONLIGHT FEAR n’a rien d’un incompétent. Guitares tranchantes, lignes de chant travaillées, refrain planant, on goute à ce titre avec un certain plaisir.

Pour autant, « Nereida » ne peut prétendre à un statut plus éclatant que celui que je m'empresse dès à présent de lui accoler : pas vraiment recommandable car trop proche de groupes nettement plus marquants. La troisième offrande des Espagnols constitue davantage un entremet rapidement avalé et consommé qu’autre chose. Une sorte de pause-pipi agréable sur la route d’un genre encore pavé de paysages dignes d’intérêt. C’est certain, l’Andalousie laisse bien plus de perspectives réjouissantes que celle de frapper à la porte de MOONLIGHT FEAR. A suivre, tout de même. Pour cette petite étincelle qui surgit de temps à autre et ne demande qu’un léger souffle avant de donner consistance à la flamme nécessaire à une attention plus soutenue que sur quelques écoutes.