STEEL ATTACK et la France, à la base, c’est un malentendu. La cause ? Rien de moins con, en fait. Pour comprendre, il faut revenir neuf ans en arrière. Et porter le regard sur cette table de restaurant parisien (pourquoi pas) qui a servi de support rigide au moment où STEEL ATTACK apposait fièrement sa signature au bas du contrat rutilant proposé par CNR, le label français qui s’est par la suite métamorphosé en NTS (pour Nothing To Say, en hommage à une chanson d’ANGRA). Oui, le fameux label dirigé par Olivier Garnier. Oui, le fameux label qui a eu l’immense privilège et le non moins immense talent de distribuer au pays du rap les premiers albums de RHAPSODY, ANGRA ou SYMPHONY X.

A côté de tels ainés, forcément, une recrue estampillée CNR n’avait aucune chance de passer inaperçue. Mieux (pire, en l’occurrence), une signature en faveur de CNR avait ce don inestimable, celui d’inciter les regards à se porter sur le nouveau poulain. Et STEEL ATTACK ne s’en est jamais remis. Au lieu de l’accueil dont RHAPSODY ou ANGRA avaient bénéficié, STEEL ATTACK a levé une volée de contestations. Oui, c’est vrai, les Suèdois, malgré un premier album assez aguicheur ne pouvaient faire jeu égal avec leurs ainés brésiliens ou italiens. Au point que cette distribution avantageuse a été considérée comme une injustice. Ni plus ni moins. Au point que STEEL ATTACK, encore aujourd’hui, est totalement boudé par la France.

Est-ce un mal ? Le sixième album des Scandinaves, ajouté au fait que NIME accuse un retard important en termes de chroniques, n’affirme pas le contraire. « Carpe DiEnd » a bien quelques qualités, au premier rang desquelles cette saveur épique poussée à son paroxysme ou quelques refrains entrainants comme un tube de l’été. Seulement, ce nouvel album est poussif au possible. Les ficelles du genre (heavy épique tirant sur le doom, dirons-nous) confinent parfois à l’ennui. « For Whom I Bleed ? », par exemple, tire beaucoup trop sur la corde. Pour ma part, ce titre me fait grincer des dents. C’est trop lourd, trop chargé, trop insistant. D’accord, la vie n’est pas facile. Fallait-il pour autant l’affirmer avec autant d’insistance, comme s’il s’agissait de faire entendre raison à des demeurés ? Et puis le heavy/doom n’est pas à la portée de tout le monde. Sur « Carpe DiEnd », STEEL ATTACK a vidé les cendres de cent crémations, comme pour appuyer le plus fort possible sur un propos trop sombre pour être crédible. On n’y croit pas. Pas assez en tout cas puisque « Carpe DiEnd » parvient heureusement à proposer quelques titres qui le sauvent du naufrage. En premier lieu, « Entrance To Heaven Denied » morceau davantage posé et à la structure simple et conquérante. Un chapitre trop isolé, hélas, qui n’adoucit que de justesse une sanction dont on voyait depuis longtemps poindre le bout de son nez.

« Carpe DiEnd » est un album plus médiocre que moyen, encore un, œuvre d’une formation hésitante, qui a perdu en route son charisme initial, et qui s’échine à relancer une légende dont les Français savent bien qu’elle n’a jamais existé. Je n’attendais pas grand-chose de STEEL ATTACK. En cela, les Suédois ne m’ont pas déçu. STEEL ATTACK est le groupe d’un seul album, le manowarien « Where Mankind Falls ». Le reste n’est qu’anecdotes que même les plus indulgents ont déjà oubliées.

Note : 1,5 / 5