Quel battage autour de GRIS ! Normal, le duo s'est installé au sein d'une niche douillette. Francophone, il ne pouvait qu'intéresser l'hexagone. Québécois, il séduit de son exotisme naturel. Suicidaire, il attire les adolescents mal dans leur peau. Le changement de patronyme a fait du bien aux ventes (l'accent scandinave de NIFLHEIM n'inspirait vraiment personne) et l'entreprise de captation du public peut se poursuivre. GRIS, un avenir brillant.

Tout se passera bien si le futur fan pose son regard dans la direction qu'on lui demande. Sinon, c'est la chute. Car plein d'idées et capable de quelque chose, GRIS n'en reste pas moins handicapé par une immaturité suffocante et par ses nombreuses plongées dans le vide artistique. Exemple :
"Il Etait Une Forêt…" évoque le sinistre des contes pour enfants. Il y a du Tim Burton, du cinéma d'animation soviétique et plein d'autres choses dans ces jolis titre et pochette. L'habillage résiste à toutes les critiques mais le corps de l'objet souffre de nombreuses imperfections, parfois même de quelques laideurs.

Pourtant oui, ce deuxième album est une réussite. Et le prospect reste captif. A moins que…

"Neurasthénie", ne jamais regarder en arrière, là où se cache l'horreur des premiers pas.

L'horreur d'un être chétif incapable de se mouvoir sans tomber, tomber, encore tomber. Des fautes mille fois commises, un brouillon raturé de partout, des pages blanches, un texte vierge, des notes perdues. Une véritable ligue contre un ouvrage incapable de se défendre. Production indigente qui assassine un chant incapable de s'exprimer correctement, guitares souffrant d'un infini laxisme, résignation de l'écriture…

Il serait malhonnête de ne pas effectuer la comparaison que tout le monde attend avec ce deuxième essai autour duquel s'affèrent les critiques de tout poil. Car c'est bien cela, "Il Etait Une Forêt…" reprend l'ossature de son aîné pour l'enrober d'un muscle salvateur, le garçon sait maintenant marcher, et d'une robe prompte à réveiller les imaginations, le garçon a appris à rêver. Quelle affreuse pochette pour ce "Neurasthénie" qui représente à merveille la passivité d'un disque décevant à tous les égards. BURZUM souffreteux à la personnalité à peine naissante, tout petit humain sans énergie, encéphalogramme presque plat, il suffirait de l'écraser d'un vulgaire coup de pied. Et seule la dernière minute d'"Elder Moons", unique lumière de cet affreux néant, laisse présager de la transformation. Non, du grandissement.

Mais non, Loué soit celui qui refusa de juger le gringalet. Loué soit celui qui lui sauva la vie. Loué soit celui qui lui foutit une énorme claque. Et l'aventure put enfin commencer. Elle ne fait toujours que commencer et la troisième mis bas décidera de tout.

Alors non, pas de mise à mort et deux astres qui peinent à scintiller mais qui existent. Une mise à mort qu'on aurait pu hâtivement prononcer après la simple analyse de cette version cancre de "Il était une forêt", une remise de peine salutaire qui souligne l'immense progression vécue par GRIS en l'espace d'une année. GRIS qui mérite aujourd'hui toute l'attention du monde, et d'une clientèle prête à succomber.
De l'apathie à la création, voilà le titre du premier chapitre désormais clos de la vie de GRIS. A suivre.