« Aveuglé par la foi ». Le patronyme brandi par les canadiens n’y va pas par quatre chemins. La foi, c’est pas bien, qui plus est quand elle rend aveugle. Pourtant, BLINDED BY FAITH doit garder à l’esprit qu’il est certaines croyances (pour employer un synonyme moins tape à l’œil) qui le servent bien. Pour composer un album de black mélodique plus de dix ans après les premiers méfaits norvégiens, pour s’attacher à respecter à la lettre la ligne directrice édictées par les références, pour choisir un nom de baptême aussi subtil qu’un débat philosophique mené tambour battant par John-David et Alexandra, il faut une sacré bonne dose de foi. En soi et en ses fans.

Si le patronyme enfonce des portes ouvertes, les textes détaillés sur le livret se montrent quant à eux bien plus réfléchis. Et côté musique, peu de reproches à formuler. BBF se montre adroit, percutant et fait preuve d’un savoir-faire conquérant. Du black mélodique emprunt de relents death mélodique (le chant clair et la rythmique), une saveur épique appuyée, des refrains accrocheurs et une ambiance tout juste délétère, « Weapons Of Mass Distraction » est l’œuvre d’une formation qui, au bout de trois albums, figure parmi les plus aptes à entretenir une scène plus volontiers attirée par rugosité malsaine que les mélodies grand public. Tout à tour entrainant (« Weapons Of Mass Distraction »), rentre dedans (« Global Denial »), martial (« Consortium Y2K ») ou proprement déchainé (« Barcode Blindfold »), le troisième album de BBF ne laisse donc pas de côté les mélodies, s’employant à pointiller sa rythmique écrasante de soli riches et denses ou d’orchestrations sirupeuses (« Barcode Blindfold »). Témoin en est ce final composé de « An Ordinary Day (In North America) » et « ...Game Over/// », deux brûlots de black metal fouillé que je me suis repassé inlassablement. Pour finir, la production est impeccable et je me permets de faire davantage la lumière sur un membre du groupe que sur les autres. Car Tommy Demers et ses vocaux de grande classes jouent beaucoup dans le rendu final de « Weapons Of Mass Distraction ». Je les trouve presque aussi bons que ceux d’un GRAVEWORM, par exemple, un sacré compliment tant Stephan Fiori figure à mon sens parmi les meilleurs hurleurs (propres) de la scène black (aimable).

Un album de très bonne tenue, donc. A mi-chemin entre la scène norvégienne la plus accessible et sa relecture finlandaise menée depuis quelques années, « Weapons Of Mass Distraction » constitue, pour ma part, une excellente surprise. Seul bémol qui justifiera une note moins fringante que ne le laissait entendre la chronique : BLINDED BY FAITH n’a rien inventé et arrive tout de même un peu tard.

Note : 3,5 / 5