Il y a des albums au sujet desquels s’exprimer confine au pénible. La plupart du temps, il s’agit d’albums moyens. Ceux dont les écoutes se montrent peu engageantes mais qu’on ne parvient pas pour autant à détruire ouvertement. Ceux qui réussissent à éviter la condamnation si rapide à apposer grâce à quelques aptitudes çà et là. Pourtant, évoquer ces albums n’a en soi rien de compliqué. Il suffit de puiser dans le vocabulaire habituel, réorganiser les phrases et donner jour à une nouvelle chronique. Une autre possibilité consisterait à se lancer dans une longue digression tout en laissant croire le contraire, mais ce serait s’user inutilement les méninges, consacrer du temps à un album qui n’en vaut pas la peine.

Moyen, donc. L’impression générale qui se dégage d’ « Al Fin Descansar » a pour elle de ne laisser aucune illusion quant à la place à octroyer aux autres qualificatifs. Celui-ci convient parfaitement. Un album de niveau moyen, une mise en lumière moyenne, des idées moyennes. Je pourrais faire un tour plus complet des dispositions d’ANKOR, le même adjectif ressortirait. L’album louvoie entre les plans surfait d’un power metal dilué aux mélodies. Gros riffs et chant féminin, rythmique pêchue et nappes de claviers conciliantes, il s’agirait d’un mix entre la scène allemande la plus incisive et un metal symphonique lyrique à la EDENBRIDGE. On ne peut pas nier les quelques bons moments, comme l’intro et le refrain de « Ella », le côté fédérateur bien lissé de « No Mas Dolor », l’outro « Ultimo Suspiro » bercée par un piano adroit. Impossible non plus de passer sous silence les deux ballades franchement agréables. Pas trop sirupeuses ni trop mièvres, « Tu Recuerdo » et « Al Fin Descansar » démontrent qu’à défaut de composer un power de bonne facture, ANKOR sait plutôt bien s’y prendre dans un registre mélancolique et doucereux. A bien y regarder, tout de même, les éléments auxquels se raccrocher avec fermeté ne se bousculent pas. Et ne masquent pas toutes les maladresses, notamment ce manque de cohérence entre une rythmique martelée et un chant qui manque de hargne. Du lyrique, pourquoi pas, ce sont des choses qui arrivent, mais autant faire son possible pour que cela colle avec les volontés de conquête souvent manifestées sur « Al Fin Descansar ».

« Al Fin Descansar » aurait pu être un album correct. Pourquoi pas, après tout. Malheureusement, en dépit de quelques bons riffs, d’une densité acceptable, de deux ballades réussies et de quelques éléments adroitement amenés, je n’accroche pas. Un album moyen. Je sais que je me répète, mais il n’y aucun autre adjectif qui me semble mieux convenir que celui-là.

Note : 1,5 / 5