Quoi ? C'est bien le même MELENCOLIA ESTATICA dont on parle, le groupe de Black Metal atmosphérique italien, celui-là qui nous chie ce Letum après avoir mis au monde en 2006 un premier album homonyme de très haute qualité ? Mais où sont les belles ambiances sombres, la majestuosité, la précieuse délicatesse du premier enfant ? Où sont passés ces traits fins et macabres ? Je suis donc sincèrement et malheureusement surpris par cette seconde offrande. Là, de prime abord, son côté mélancolique hyper convenu, ses parties de bric et de broc s'enchaînant sans vraiment de logique, ces ambiances creuses, ce style quelque peu « gothic » et ce son qui n'est plus éthéré mais clair et puissant... Merde ! MELENCOLIA ESTATICA n'est, déjà, plus le même – je ne comprends pas.

Les fautes de goût ou d'intuition s'enchaînent dans ce Letum. Tout le monde a droit au changement certes, et heureusement : mais là, c'est bien mal senti. Autant le premier possédait une identité définie, autant Letum impose son absence... Je suis assez décontenancé. Rien ne m'enflamme dans ce disque. Pour une fois, c'est exceptionnel, c'est une damoiselle qui dirige l'orchestre. Climaxia de son pseudo est ainsi la génitrice de cette MELENCOLIA ESTATICA. Un batteur et un vocaliste la rejoignent pour l'enregistrement studio. Un imprécateur qui fera penser quelque peu à Satyr, sans atteindre la justesse du Norvégien.

Niveau compositions et inspiration, Letum sonne à la française je trouve – ou serait-ce à la norvégienne ? Assez naïvement, notre italienne me renvoie l'image de la personne, qui, après avoir convaincu son monde avec un premier album de haute volée, désire ardemment prouver que désormais, elle fera partie de l'élite et saura faire « aussi bien » que celle-ci. Seulement, à vouloir se hisser sur la marche de ses idôles pour leur ressembler, on y perd son essence. Pour ce qui est de la batterie ça blaste régulièrement - et associée aux riffs mélancoliques, elle fournit une impression de tension permanente et remplit l'espace comme pour combler des manques. Les cinq chapitres du disque (rivière à la production puissante, longue de 37:30 minutes) ne surprennent nullement... Tout reste prévisible : en somme c'est un produit fini.

Voilà ce que j'avais à dire de cette nouvelle sortie du label italien ATMF. Les amoureux de Black Metal rapide et aux compositions lyriques et mélodiques se satisferont peut-être de ce Letum. Pour moi, c'est un déficit en terme d'identité. Chacun verra midi à sa porte.