Il y a des jours comme ça où l'on a pas envie de se prendre la tête avec un prog compliqué ou un black dépressif (même si personnellement je n'écoute pas de black), un simple bon gros rock n'roll suffit à mettre n'importe qui d'aplomb. Le disque du jour est le troisième album des Hellsuckers. Sous ce nom charmant se trouve un groupe de hard rock n'roll français formé en 1998 en Alsace qui a déjà un peu de chemin derrière lui. A ses débuts le groupe arpente sa région natale en première partie des Nashville Pussy ou encore des Hellacopters, puis écumera ensuite l'Allemagne, la Suisse, l'Espagne, l'Italie et même la Slovénie. La pochette simpliste est très significative, une tête de mort en feu sur fond de flammes (pas trop lourd la phrase), ça veut dire qu'il va y avoir de la braise! En effet dans le genre hard rock gras et burné, ce groupe est bien placé. Dans ce disque il y a du Motörhead, AC/DC, Ramones voir Nashville Pussy.

Dès l'ouverture du disque, ça bombarde; la petite intro peut laisser des doutes mais non, ça balance du bois tout de suite, c'est sans fioriture et c'est 100 % rock n'roll sévèrement burné. Le groupe ne prend pas le risque de chanter en français, tout est dans la langue de Shakespeare (même si je ne pense pas que Shakespeare soit aussi vulgaire). Au gros son explosif (mais brouillon) et au chant on n'a pas vraiment l'impression que ce groupe soit français mais plutôt un combo américain. Petite particularité, l'utilisation de la contrebasse. Le groupe n'utilise presque pas la quatre cordes électrique mais la bonne vieille contrebasse, hommage au bon vieux rock n'roll ? C'est peut être une originalité mais j'en vois pas trop l'intérêt pour un groupe de ce type, surtout que celle ci est un peu noyée dans la production brouillonne et grasse de ce disque: on ne devine donc pas que le groupe utilise une contrebasse.

A part cette petite particularité, je trouve que le groupe manque de personnalité: c'est un gros hard rock de base pour grosses cylindrées qui fait du bien par là où ça passe mais pas inoubliable tout de même. Il y des titres qui arrachent pourtant comme "Phantom Creeps" avec son riffs d'enfer, "Electric Hoe" avec son côté punk, "Yell Allright" et "Black Girl Black Chevy" qui sont dans l'urgence et speedés à la vitamine C... Il n'y a pas de morceau vraiment au dessus du lot, c'est un enchaînement de bons titres bien bourrins sans prise de tête qui font taper du pied avec leur esprit totalement rock n'roll mais sans vraiment rester dans les annales. On passe un bon moment, on ressortira ce disque avec l'envie d'un peu d'adrénaline mais cet album ne marquera tout de même pas sa décennie. A noter la reprise du célèbre "Cold Sweat" de Thin Lizzy que je ne trouve pas franchement réussite: elle perd en saveur avec ce côté gras, sale et n'est pas vraiment reconnaissable tout de suite. "Loud Motherfucker" fait paire avec l'outro et office de défouloir où s'entremêle couplets speeds de folie et refrains énervés fortement inspirés de "Shout at the Devil" de Mötley Crüe, bien sympathique.

Hellsuckers a rempli son contrat: nous faire passer un bon moment avec un bon gros hard rock n'roll sans prise de tête mais gagnerait à avoir deux-trois hymnes, un son moins brouillon et à être un peu plus varié. Sympa mais pas inoubliable. Pour les fans de hard gras à la Motörhead, Nashville Pussy ou même American Dog... et c'est du français!