Voila un groupe que je suis particulièrement content de chroniquer. D'abord, parce que je suis un inconditionnel de death métal mélodique, ensuite, parce que ASGUARD souffre d’un manque de notoriété complètement injustifié et je suis heureux de contribuer à le combler. Il faut dire que le groupe part avec un désavantage assez sérieux en terme de visibilité : ils sont natifs des terres enneigées de la Biélorussie (ou Belarus pour les puristes) et, à mon avis, cela n’a pas dû être facile tous les jours pour faire vivre et connaître leur combo (qui tourne aujourd’hui pas mal avec les Polonais de VADER et BEHEMOTH). Respect donc. "Black Fireland" est leur troisième production, après deux démos de heavy/death plutôt sympathiques mais sans comparaison avec la finesse de style qui caractérise cet opus. En constant progrès, ASGUARD compte désormais, à mon sens, parmi les grands du death mélodique aux cotés de DARK TRANQUILLITY et IN FLAMES, mais, élément essentiel, avec son identité propre.

Fidèles à l’école death suédoise, les compos du groupe sont très accrocheuses : les riffs rentrent tout de suite dans la tête et ont une pêche terrible (à conseiller avant de partir au boulot le matin). Cette efficacité redoutable est renforcée par un important travail dans la mise en forme des morceaux. A l’instar d’un OBTAINED ENSLAVEMENT, dont les musiciens avaient, à cet égard, développé un talent exceptionnel, les membres d’ASGUARD savent mettre en valeur leurs riffs qui tuent, c'est-à-dire identifier ce qui dans leur travail de composition est vraiment au-dessus du lot et faire en sorte qu’ils libèrent à l’intérieur du morceau tout leur potentiel musical. Le titre qui déchire de ce point de vue est « Craft of Death » dont je n’ai pas peur de dire qu’il vaut à lui seul l’achat de l’album et qu’il devrait être enseigné dans toutes les bonnes écoles de musique (et pourquoi pas d’abord).

Avec ASGUARD vous allez également comprendre ce que « mélodique » dans death mélodique veut dire, c'est-à-dire pas seulement une écriture un peu plus sophistiquée qui permettrait de distinguer le style d’un death plus basique (auquel j’accroche aussi), mais l’apparition de moments très classes, qui « posent » bien, et qui constituent un exemple très réussi de l’alchimie complexe qui caractérise ce courant musical. Le groupe sait trouver l’équilibre entre des lignes instrumentales serrées et techniques et d’autres plus « élevées », marquées par une véritable amplitude. ASGUARD manifeste à cette occasion une autre dimension de son talent qui est de réellement parvenir à faire passer et partager son univers à ses auditeurs.

On pourrait reprocher aux Biélorusses de faire parfois un peu simple, de céder à des enchaînements faciles de notes. En outre, l’album ne se compose que de sept titres, dont une reprise de MANOWAR (si ce groupe est une influence pour ASGUARD, elle ne se fait heureusement pas trop sentir ici) et un morceau tiré de leur première démo (pas génial), qui fait que la durée totale apparaît finalement un peu courte (ils se sont rattrapés dans leurs réalisations suivantes). "Black Fireland" manque du coup, la note maximale. Ce ne sont toutefois là que des détails qui ne diminuent en rien l’exceptionnelle qualité de leur musique.

A découvrir d’urgence !