Après un premier album éponyme réussi, Rough Cutt remet le couvert en 1986 avec "Wants you" comme successeur. Pour le quintette americain, il s'agit de confirmer les bonnes dispositions étalées un an plus tôt. Avec ce deuxième album, on devine assez facilement qu'on a affaire à du hard US, d'autant que la pochette est très typée rêve americain.

Bon, et le contenu dans tout ça ? Les choses semblent fort bien engagées avec "Rock the USA", une tuerie au tempo rapide qui a des allures d'hymne irresistible. Sur ce titre, Rough Cutt a vraiment fait fort et, d'ailleurs, quand je pense à ce groupe, c'est ce titre que j'ai instantanèment en tête. "Bad reputation", qui suit, voit le tempo se ralentir, mais reste foncièrement hard et son refrain facilement dans les esprits. "Don't settle for less" est un titre plus catchy, plus entêtant qui met davantage l'accent sur la mélodie et aurait très bien pu cartonner en radio à l'époque, avec un peu de chance. "Hot n'heavy" voit Rough Cutt s'écarter des sentiers battus car ce titre a une coloration plus funky, voire soul avec quelques touches 70's et la performance vocale de Paul Shortino est vraiment excellente. "We like it loud" est un mid-tempo qui met en avant aussi bien la facette heavy que le côté mélodique du quintette americain, lequel s'est montré fort inspiré sur ce coup(le refrain est parfait pour mettre tout le monde d'accord). "You wanna be a star" rentre parfaitement dans le moule de la compo Hard US aux mélodies délicieusement accrocheuses. Ce n'est pas très original, certes, mais c'est très bien fait. Comme autre titre de qualité, on citera aussi "Let'em talk" qui voit la section rythmique durcir le ton, les guitares être plus acérées et Paul Shortino prendre des intonations à la fois aeriennes et chaleureuses.

Enfin, comme sur de nombreux albums de Hard US des 80's, on retrouve une ballade sur "Wants you". The night cries out for you" est une ballade bluesy de qualité, superbement construite, touchante juste comme il faut et dotée d'un final splendide. D'ailleurs, ce titre est idéal pour cloturer un album.

Donc, Rough Cutt a confirmé avec cet album tout le bien que de nombreux observateurs pensaient d'eux. Paul Shortino a réalisé un travail vocal impressionnant, si bien qu'il réussit à transcender les compos. Les autres musiciens ne sont pas en reste et on est admiratif devant le boulot abattu par la section rythmique, ainsi que la paire guitaristique Amir Derakh/Chris Hager. Qui plus est, la production signée Jack Douglas est limpide, sert remarquablement la musique du quintette americain. Même presque 20 ans après sa sortie, on peut se demander comment un tel album n'ait pas eu plus de reconnaissance car il avait pleins d'atouts en sa faveur pour avoir du succès. Rough Cutt est, en revanche, très estimé dans le coeur des fans de Hard US, ce qui est déjà pas mal.