1995: une année bien difficile que traverse le Hard US. En effet, la mode est désormais au Rock alternatif, au crossover et au grunge et les grosses majors n'ont alors pas le moindre scrupule pour virer comme des malpropres tous les groupes évoluant dans le créneau Hard US, alors que ces derniers ont rapporté beaucoup d'argent à ces maisons de disques lors de la précedente décennie. Queel preuve de fair-play et de reconnaissance !!

Désormais interdits d'antenne sur MTV et les stations de radios US, les groupes de Hard US sont contraints de signer sur des labels indépendants s'ils veulent continuer à sortir des disques. C'est le cas de Slaughter qui a trouvé refuge chez CMC et qui sort son 3ème album studio intitulé "Fear no evil".

La question qu'on se pose alors: la bande à Mark Slaughter a-t-elle choisi de surfer sur la vague grunge comme Warrant("Ultraphobic" en 1995), Danger Danger("Dawn" en 1995); ou bien est-elle restée fidèle à ses racines comme Cinderella et Great White ? Et bien, "Fear no evil" se situe dans la lignée des précédents opus et correspond bien à ce que Slaughter sait faire. "Live like there's no tomorrow", qui ouvre l'album, est là pour en témoigner. Le titre suivant, "Get used to it", est un mid-tempo typiquement Hard US et, gràce à son refrain accrocheur, a tout d'un classique du genre. Il me rappelle un peu "Shake me" de Cinderella, sans pour autant en être une copie carbone. "Searchin' " est plus orienté hard bluesy dans l'âme et ne laisse pas indifférent en raison de la voix de Mark Slaughter qui est beaucoup plus rauque, plus bluesy; si bien qu'on est bluffés car le bonhomme nous avait surtout habitués à des intonations vocales bien plus aigues.

D'autres titres hard Rock bien ficelés sont également au menu de cet album et méritent d'être mentionnés: l'énergique et festif "Let the good times roll", "Hard times" qu'on peut situer dans la lignée du hard mélodique, ou encore "Unknown destination", heavy et puissant à souhait(waouw, ces riffs de guitare !!) sur lequel les lignes de basses répondent du tac au tac aux phrasés de guitare, si bien qu'on navigue dans des territoires plus résolument metal.

Dans le domaine des ballades, Slaughter s'en est très bien sorti puisqu'il s'est fendu de 2 titres plutôt mélancoliques: "Breakdown n'cry", chargé d'émotions et de feeling, nous plonge dans les racines profondes du blues; tandis que "Yesterday's gone", egalement bluesy, est gorgé de guitares acoustiques, de slide et de mandoline. Par ailleurs, un titre sur cet album s'écarte des sentiers battus du Hard US: "It'll be alright", très arangé, qu'on peut assimiler à un titre pop à la façon des Beatles.

A l'époque, il fut de bon ton de casser ce disque et Slaughter, ce que ne se sont pas gênés de faire certains magazines(certains se reconnaitront sans doute). Pourtant, ce "Fear no evil" est loin d'être aussi mauvais que ce que certains ont prétendu. Au contraire, on y trouve de très bonnes compositions bien arrangées et Mark Slaughter surprend en modulant son chant. Alors, si vous avez l'opportunité de le faire, accordez une chance à cet album en l'écoutant sans préjugés. En plus, au verso du CD, il est mentionné: "Listen at maximum volume".
Avis aux amateurs !