Il ne se passe décidément pas un mois sans que ne déferle sur le marché du Metal nombre de ces galettes de Speed mélodique qui doivent remercier mille fois MALMSTEEN d’avoir introduit le classique dans le Metal et HELLOWEEN d’avoir accouché du Speed mélodique ! Au milieu de cette avalanche de clones plus ou moins inspirés, le pauvre amateur est parfois bien perdu et voit son porte monnaie s’alléger au fil d’achats compulsifs aussi dispendieux que décevants la plupart du temps ! Heureusement pour lui, quelques groupes illuminent les alentours de suffisamment d’éclats pour se frayer un chemin dans ce brouillard. Et REQUIEM (le groupe de Henrik Klingenberg, claviériste de SONATA ARCTICA qui vient tout juste de quitter REQUIEM au profit de Jukka Hänninen) en fait partie !

« The Arrival » nous avait mis la puce à l’oreille, « Mask Of Damnation » lui prépare carrément un bon petit lit douillet : il faudrait compter avec REQUIEM dans l’univers ultra saturé du Speed. Alors bien sûr, on ne peut s’empêcher de constater l’évidence d’influences HELLOWEEN – GAMMA RAY – MALMSTEEN avec la pointe maidiennienne véloce de rigueur ("Blinded"...). Ok, la double grosse caisse est à l’honneur de même que les solos acrobatiques et les refrains vivifiants… mais REQUIEM parvient, tout en restant ancré dans le Speed, à se créer un espace d’expression où la complexité et la beauté d’un SYMPHONY X (on pense fortement au groupe sur "Shrine Of The Ocean" par exemple) trouvent matière à s’épanouir.

Ainsi rehaussée d’une inspiration Prog qui ne va pas sans s’acoquiner avec quelques rythmiques bien lourdes et heavy ("Dagger", "Ethereal Journey"…), REQUIEM trace sa route et nous plante dans le crâne des compositions raisonnablement loquaces (entre quatre et six minutes), très riches et recherchées, et franchement bien agencées. En outre, la formation finlandaise affiche un petit côté original subtil, notamment au niveau des claviers qui font dans la trouvaille bienvenue ("Shrine Of The Ocean", "The Rivals Spell", l'introduction de "Mask Of Damnation"...), et sans oublier les parties instrumentales et les solos mélodiques et plutôt impressionnants de REQUIEM, qui évitent soigneusement l’écueil du technique rébarbatif ou du tarte ultra convenu.

Question chant, REQUIEM nous préserve du castra habituel dont se munie tout bon groupe de Speed clichesque qui se respecte. Jouni Nikula se distingue en effet de ses petits copains par un timbre assez déroutant de prime abord, avec quelques faux airs de vocaliste d’opéra ("Dying Ember","Divine Illusions"…). Mais son chant assez original, plus grave que de coutûme (qui rappelle un petit peu, ici ou là, celui de Tony Kakko de SONATA ARCTICA), avec quelques montées bien maîtrisées dans les aigus, contribue à élever REQUIEM au dessus de la masse grouillante des combos officiant dans le genre.

Au final, avec ces quarante minutes de très bon Speed mélodique nettement imbibé de Prog, très bien produit (mastering assuré au Finnvox), et qui parvient à sculpter une musique assez personnelle dans le cadre restrictif du Speed, REQUIEM tire avec brio son épingle du jeu, et s'invite dans le peloton de tête du genre. Une vraie bonne surprise en tout cas, chaudement recommandée par un chroniqueur qui n’a guère l’habitude de se ravitailler à ce type de station.