Au début des 80's, un groupe américain articulé autour de deux personnalités principales (le leader et guitariste William Tsamis et le batteur Marc Zonder, futur FATES WARNING) sème autour de lui, avec conviction mais peu de chance, les élans d'une musique épique et ténébreuse en diable, dôtée d'un pouvoir envoûtant non négligeable. Malheureusement le groupe ne parvient guère à s'attirer les faveurs de la chance, ce qui paralyse son ascension. Et WARLORD de s'endormir, nous laissant orphelin, condamnés à nous rabattre sur une discographie très mince et difficilement trouvable.

En 1997, beaucoup ont oublié le nom de WARLORD et la qualité de cette musique fantasmagorique. C'était sans compter sur un jeune combo suédois plein d'ambition, et qui choisit fort à propos de consolider sa foi en son premier disque en y incluant un hommage en forme de reprise à WARLORD... histoire d'apporter le cachet de la passion la plus authentique à une orientation musicale délibérément tournée vers les glorieuses 80's. Le morceau ? "Child Of The damned". Le groupe ? HAMMERFALL et sa carte de visite intitulée Glory To The Brave.

En 2002, dernière étape de la réhabilitation de WARLORD, Tsamis et Zonder - qui se sont retrouvés pour ressusciter le seigneur de guerre tombé dans un coma profond - recrutent Joacim Cans, le vocaliste de... mais oui, HAMMERFALL ! Voilà donc un trio paré pour émerger des cendres, au son d'un metal épique original.
WARLORD, c'est une musique truffée de breaks et de lignes vocales exemplaires, pleine de solos plus somptueux les uns que les autres ("Invaders"...), et aspergée d'un parfum puisé directement dans le terreau des 80's, époque où les musiciens impressionnaient davantage par la qualité de leurs compositions et leur faculté à décocher le riff ou le refrain qui laissent par terre, sans pouvoir se dissimuler derrière des cascades de double grosse caisse abrutissante et des arrangements orchestraux gargantuesques. Rien de tout ça chez WARLORD : un synthé fait bien quelques apparitions ("Lucifer's Hammer"...) ici et là, des choeurs ("Invaders", "Winds Of Thor"...) viennent parfois en support d'un Joacim Cans impeccable, sobre, prêtant sa voix à la musique sans chercher à la parasiter par une présence trop envahissante... mais rien ne respire la démesure chez WARLORD, qui sait si bien bâtir des compos solides, souvent longues mais percutantes, aux ambiances savemment entretenues, et aux leads de guitare claironnantes de sonorités typiques signées par Tsamis... ah, ce sacré son de lead... Ecoutez le solo de "At The End Of The rainbow" sur Legacy Of Kings de HAMMERFALL (exécté par ledit Tsamis) pour prendre la mesure de ce son si caractéristique, qui constelle ce disque événement marquant le retour inespéré de ce groupe mythique. Et si Tsamis a parfois tendance à abuser de ces sonorités jusqu'à en applanir l'effet de surprise et susciter une petite lassitude à la longue, reconnaissons à WARLORD une palette musicale unique.

Quoi qu'il en soit, voilà un disque qui mérite l'attention de tous ceux qui souhaitent découvrir un heavy metal épique et raffiné, différent des mille clones officiant dans le genre True Metal. Alors célébrons comme il se doit le retour de cette légende du heavy metal.