Ta gueule motherfucker et assieds-toi. Assieds-toi je te dis, bordel. Là, c’est bon ? Tu veux une bière ? Pardon ? Et pourquoi pas cent balles et un mars tant que tu y es, hein, fucker ? Tu te la fermes et tu écoutes. Là, oui, de la musique. Tu entends ? En même temps, tu m’avais dit non, tu t’en serais pris une dans la tronche, vu le volume qui explose les oreilles. C’est quoi ? D’après toi ? Du Punk ? Pas tout à fait, mais tu vas en bouffer, ne t’inquiète pas. De l’Alternatif ? Bien mieux déjà et un petit groupe du côté d’Avignon qui ne brasse pas de l’air. Avignon, oui, en France, Ducon. Comment ça s’appelle ? DUST ON EARTH.

Tu veux que je te fasse rire ? Ah, tu ne préfères pas, tu penses que c’est une excuse pour te coller une mandale ? Continue comme ça et tu vas te la prendre. Bref, je vais te faire marrer. Le groupe, à l’origine, c’est un duo acoustique qui tournait de bar en bar. Difficile à croire, hein ? T’imagines Juan avec sa tronche de gentil géant et Steve aux tatouages multiples pousser la chansonnette sur des accords Folk quand tu entends leur premier album ? Et ouais, c’est leur premier vrai LP et ça s’appelle "Kill The Butterfly", tout un programme non ?

Nous sommes face à une sacré bande de motherfuckers ici. Ils ne sont pas là pour faire de la dentelle et je te mets au défi de ne pas bouger ton gros cul flasque quand tu arriveras à certains titres. Leur énergie est putain de communicative et tu sais pourquoi ? Parce que ça joue simple. Les mecs, ils ont tout compris, ils proposent des morceaux directs, très in your face, le genre crochet du droit, crochet du gauche, uppercut et K.O. Et ça, tu vois, ça fait du bien de se l’envoyer de temps en temps, parce que ça te ramène à la forme la plus primaire du Rock, à son urgence, un peu comme MOTÖRHEAD à une époque ou tous les groupes qui ont suinté de la plaie Punk.

Je suis d’accord, on sent que l’inspiration est plus ‘90 que ‘70, qu’il y a un côté Skate assez prononcé mais la Pop semble bel et bien oubliée. DUST ON EARTH semble avoir pour but d’être putain de bruyant et il le fait plutôt bien. Franchement, un petit "Letter To Myself" ou un "King With No Crown", ça déboîte. Steve est à l’aise derrière le micro, tu ne trouves pas ? Il braille, mais il évite de ressembler à un putain de putois, il conserve des lignes mélodiques fiables et claires. Ça ne part pas en couille, c’est pas du Johnny Rotten quoi. Derrière lui, ça assure bien quand même. Juan te balance les riffs énergiques, rarement dans une surenchère de distorsion, il conserve un son plutôt clean et la section rythmique…

Je t’ai pas encore évoqué Thomas et Ghislain, hein ? C’est du lourd. Du parpaing XXL dans la gueule, un groove infernal et une assise solide. Forcément, quand derrière ça joue bien, ça tire généralement l’ensemble vers le haut. Regarde les RED HOT CHILI PEPPERS. Sans Flea et Chad Smith, pas certain que Kiedis parviendrait à tout rattraper. Là, Thomas et Ghislain permettent à Juan et Steve de faire les gros motherfuckers en ligne de front et de balancer la sauce avec une sérénité qui se traduit par de bonnes mandales bien ajustées.

Tiens, d’ailleurs, tu en veux une bien troussée dans la tronche ? Mais te cache pas derrière tes bras, je parlais au figuré, Ducon ! Écoute-moi, tu veux un vrai morceau bien in your face, avec un refrain qui te donne envie de sauter partout comme si tu apprenais que Trump s’est retrouvé avec un bretzel coincé dans le gosier et qu’il a avalé son extrait d’acte de naissance ? Alors écoute "Only Weird People Can Fly", c’est du lourd. C’est mélodique, mais quand ça commence à ruer, ça ne fait plus dans le détail. Et ce refrain qu’on est fatalement obligé de reprendre en chœur comme un mantra ! Un hymne à la hauteur du groupe, voilà ce que j’en dis.

Après, je t’avoue, il y a un point qui me chiffonne. Je peux prendre un pied monstre à m’enfiler l’album, il y a tout de même un moment où je me dis que c’est redondant. Pas de façon à rendre le truc indigeste, non, mais on a l’impression que certains riffs viennent à se répéter, qu’il y a une ligne directrice parfois un peu trop affirmée sur les morceaux, ce qui n’empêche absolument "Kill The Butterfly" d’être très efficace malgré tout. Le genre de disque coup de poing qu’il faut se passer de temps en temps pour la décharge d’adrénaline.

Pour un premier album, "Kill The Butterfly" est du solide. Ça ne paye peut-être pas de mine, Avignon est peut-être moins sexy que Paris ou Bordeaux dans la tête des gens, mais DUST ON EARTH ne démérite pas un seul instant. Il joue crânement se chance dans un style Alternatif très proche du Punk par instants et si sa seule ambition est de nous faire passer du bon temps, alors le pari est amplement réussi. Et si vous avez l’occasion de les voir près de chez vous, n’hésitez pas une seconde, la scène reste leur domaine de prédilection, où les compositions qui forment cet album prennent tout leur sens. Ah tiens, j’ai une formulation plus posée en cette fin de chro… Alors euh… Vous avez compris, bande de motherfuckers ?

Morceaux préférés : "Rise", "Letter To Myself", "A King With No Crown", "Only Weird People Can Fly".

Note réelle : 3,5/5.

P.S : les motherfuckers à répétitions sont un clin d'oeil à Steve, le chanteur, qui aime en abuser. Alors me faites pas chier, putain !