Dans la constellation du Black Metal Symphonique gravite autour des légendes qui ont diffusé les gazs nébuleux et les poussières interstellaires, les EMPEROR, LIMBONIC ART, OBTAINED ENSLAVEMENT, de dignes rejetons happés par les ténèbres. Ceux-ci ont soif d’embrasser d’une part les voyages atmosphériques, grâce à leur musique emplie de nappes rêveuses, mais aussi de s’extirper de l’attraction terrestre pour aller s’illustrer dans d’autres hauteurs. Si les projets de V-KhaoZ ou de Swartadauþuz sont davantage infernaux et l’exact reflet des contrées hostiles du grand Nord, d’autres comme VESPERIAN SORROW, AEON WINDS, SUFFERING SOULS nous proposent un contenu musical plus vaporeux et étoilé sans tomber pour autant dans le Black Metal cosmique très souvent soporifique et bien guimauve.

WRAITHFYRE est à cheval entre astralité et enfer limbique. Tom O’Dell, l’homme-orchestre et unique aux commandes s’est déjà illustré dans différents projets plutôt remarqués dont DWARROWDELF qui a été bien plébiscité, même si je l’avoue n’est pas foncièrement ma tasse de thé (oui le sieur est anglais !). Je préfère nettement ce projet de Black Sympho mélodieux à souhait avec quelques incursions de motifs un poil épiques. Même si très différent, chacun restant dans son couloir de nage, j’ai comme l’impression et l’intuition que ce jeune Tom suit un chemin convergent avec Frank Allain (FEN, FELLWARDEN). Bourré d’idées et musicien hors-pair, Tom O’Dell semble vouloir émanciper sa musique et sa création dans différents projets d’univers Black Metal divers.

Premier album et première réussite. L’aspect symphonique s’allie avec l’univers mélodique pour tenter de magnifier un Black Metal somme toute jamais trop véhément mais avant tout songeur et énergique. De nombreux leads et solo émaillent des titres passionnants. Je pense notamment à "Infernal Heresy" et "Echoes Of A Forgotten Dream", ou encore à celui (le plus beau de l’album) clôturant "Eternal Pyres From Beyond The Void" maitrisés de bout en bout et baignant de vives émotions de par des motifs sonores tout à la fois délicats et sublimés. Ainsi WRAITHFYRE pourrait tout autant se définir comme un groupe de Black Mélo ou de Black Sympho. Seule la voix un peu retenue et insuffisamment puissante et agressive me chagrine. Pour les amateurs d’orchestrations et d’enchevêtrements de nappes de claviers, je leur conseille d’écouter avant tout le titre suprême côté symphonique "Queen Of The Blighted Throne". Et pour le coup, il m’est aisé de m’identifier au visuel qu’offre la pochette avec cette imagerie et cette palette de couleurs équivoque.

Il y a bien quelques longueurs et des titres moins saisissants ("Ablaze In Abyssal Frosts", "Fallen Before Their Blazing Altar", "Dark Souls Devoured"), mais ce premier album nous dévoile l’étendue du talent technique et de composition de son auteur. "Of Fell Peaks And Haunted Chasms" est passé un peu trop inaperçu à mon goût et ne mérite pas de tomber dans l’oubli. Pour ma part il me convainc. Ses compostions jamais trop étendues en longueur, mélodieuses à souhait, ni trop diaboliques ni angéliques savent nous procurer un réel plaisir d’écoute. Parmi toutes les sorties de Black Sympho ou de Black Mélo de l’année 2024, WRAITHFYRE est au-dessus de la mêlée. Secret partagé !

Note réelle : 3,5/5.