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1994 The Ending Quest

GOREMENT - The Ending Quest (1994)
Par T-RAY le 20 Décembre 2024          Consultée 276 fois

« Atmosphère ! Atmosphère ! Est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ? » braillait jadis Arletty au nez de Louis Jouvet dans "Hôtel du Nord". Depuis, si la réplique est devenue l’une des plus mythiques du cinéma français et est tombée dans le langage populaire, on ne sait toujours pas à quoi ressemble "une gueule d’atmosphère". Mais on sait qu’une atmosphère peut avoir une sacrée gueule lorsqu’on l’entend plus qu’on ne la voit ! Bien plus au nord que l’hôtel homonyme, d’autres artistes ont su faire naître des atmosphères mémorables par la seule grâce de leurs guitares, de leur pédale d’effet fétiche et de leur production en provenance directe du caveau. Il n’est d’ailleurs pas innocent que "The Ending Quest" arbore en pochette une espèce de statue en clair-obscur, qui pourrait surplomber la sépulture de je-ne-sais-quelle personnalité occulte.

Ce premier et unique album de GOREMENT est, en effet, l’un des plus saisissants témoignages de la recherche d’un son unique dans la Suède de la première moitié des 90s. Ce son capable de faire sortir les morts de leur cercueil et de convoquer toutes les images les plus glaçantes dans l’esprit de l’auditeur. Pourtant, à cette époque, il y avait les brillants citadins de Stockholm, capables de s’offrir le Sunlight Studios et les services afférents de Tomas Skogsberg. Et puis il y avait les bouseux de la campagne, a priori seulement dignes de traîner savate derrière leurs illustres aînés de la capitale et de trouver refuge dans des studios moins cotés. Les popu à la Arletty contre les bon chic bon genre de la capitale, encore. GOREMENT faisait assurément partie de la catégorie des déclassés, des nobodies, depuis son Nyköping natal, pourtant pas si éloigné de Stockholm.

Contrainte de s’exiler à Wilster, modeste bourgade du land allemand du Schleswig-Holstein seyant parfaitement à son statut de challenger, la formation allait pourtant accoucher de l’un des plus brillants modèles de Death suédois qui soient. Le tout en ouvrant la voie au Death Doom, genre musical encore à l’état de nouveau-né. Peut-être est-ce cet entre-deux problématique qui causa la disparition de GOREMENT, à la fois trop ceci et pas assez cela ? Toujours est-il que "The Ending Quest" témoigne d’un savoir-faire déjà unique pour à la fois rentrer dans le lard de l’auditeur et lui faire ressentir mille deuils. Un savoir-faire que le groupe aurait mérité de perpétuer bien au-delà de ce disque, tant il est réussi, et ce, sur à peu près tous les plans. Le malheur du groupe étant certainement d’être de Suède, l’un des pays les plus fertiles qui soit en matière de production musicale et le plus gros exportateur de musique du monde, rapporté à sa maigre population.

Cessons-là les conjectures et recentrons-nous sur l’ouvrage. Serait-ce la monotonie des paysages platissimes au-delà de la baie qui ouvre Nyköping à la Baltique qui a inspiré Patrik Fernlund et ses sbires ? Toujours est-il que "The Ending Quest" est l’un des plus habiles mélanges qui soient entre agressivité et contemplation. En témoigne un morceau clef tel que "Obsequies Of Mankind" qui révèle au grand jour les deux facettes du groupe : la plus Death et la plus Doom. Le tout dans un enchaînement de parties jouées pied au plancher et d’autres carrément lourdes et pesantes à souhait. Et si la paire de gratteux utilise bien une pédale de disto façon Boss HM-2, elle l’emploie de façon aussi effective en mode presto qu’en mode andante ou adagio. Quand il accélère, GOREMENT découpe. Quand il ralentit, GOREMENT écrase. Et l’on prend plaisir à subir et l’un, et l’autre.

S’il fallait un mot pour caractériser GOREMENT sur cet album, c’est : aisance. Oui, le groupe est parfaitement à son aise dans cet espace de liberté entre fulgurances Death Metal à la suédoise et ralentissements Doom Metal. Et la fluidité dont font preuve les cinq gaillards pour, comme un seul homme, passer d’un tempo vif à un autre beaucoup plus lent et plombé est remarquable. Quand il accélère, le groupe est menaçant à souhait et, derrière les grognements caverneux et très immersifs de Jimmy Karlsson (futur gratteux de GRIEF OF EMERALD), le groupe montre une solidité à toute épreuve pour dégager ces fameuses atmosphères lugubres dès qu’il marque le pas. En cela, le quasi-morceau-titre "The Ending Quest", qui ouvre l’album, est un parfait témoin de cette qualité.

Dans cette recherche d’atmosphère sépulcrale, le guitariste lead Patrik Fernlund se montre très efficace, son usage du tremolo bar se révélant plus qu’à propos. Ses leads pourtant si simples et distillés avec parcimonie se montrent d’une pertinence à toute épreuve dans le contexte de la musique de GOREMENT. "Vale Of Tears", "Human Relic" ou encore "The Memorial" en témoignent. Le bassiste Nicklas Lilja n’est pas en reste et fait entendre son apport à cet édifice macabre sur "Obsequies Of Mankind" ou le très bon "The Lost Breed", qui résume l’album à lui tout seul tout en se montrant paradoxalement plus mélodique que les compositions qui l’entourent. Et lorsque les passages les plus riches en ambiances se trouvent agrémentés de sonorités exogènes comme la cloche qui tinte gravement sur le final de "Human Relic", cela donne presque le frisson.

Une forme de fatalisme se dégage de "The Ending Quest" et c’est tout à l’honneur d’un GOREMENT qui ne sait pas – et en vérité ne veut pas – choisir entre Doom et Death, comme le souligne le chemin (de croix) allant du lent et plaintif "Silent Hymn (For The Dead)" au très dual "Obsequies Of Mankind" en passant par l’excessivement moody "Sea Of Silence". Tant mieux pour nous, qui pouvons encore écouter ce brillant ouvrage trente ans plus tard sans qu’il ait pris une seule ride. Dommage, cependant, que le quintette suédois n’ait jamais pu être en mesure de lui proposer une suite. Devenu PIPERS DAWN deux ans plus tard, le groupe s’est définitivement tourné vers un Doom Goth – ce que le terminal "Into Shadows" laisse entrevoir – mais dont il n’a pu montrer la couleur que sur une démo bien vite oubliée. Alors qu’il avait entre les mains de l’or en barre grâce au Death Metal très souvent Death Doom de "The Ending Quest".

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- Jimmy Karlsson (vocaux)
- Patrik Fernlund (guitare lead & acoustique)
- Daniel Eriksson (guitare rythmique)
- Nicklas Lilja (basse)
- Mattias Berglund (batterie)


1. My Ending Quest
2. Vale Of Tears
3. Human Relic
4. The Memorial
5. The Lost Breed
6. Silent Hymn (for The Dead)
7. Sea Of Silence
8. Obsequies Of Mankind
9. Darkness Of The Dead
10. Into Shadows



             



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