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2024 Charon's Lullaby
 

- Style : Doom:vs, Officium Triste
 

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SAMSARA - Charon's Lullaby (2024)
Par WËN le 13 Novembre 2024          Consultée 748 fois

Entre potentielles Sélections du Site et formations de renom à suivre (quand bien même leurs sorties peuvent se révéler ô combien anecdotiques), bien limités s'avèrent parfois la place et le temps à consacrer à d'autres groupes moins exposés et qui, pourtant, ne sauraient démériter. Et en tant que chroniqueurs et fouineurs patentés, c'est pourtant ce qui nous fait le plus plaisir, à nous, d'avoir la possibilité de mettre entre vos mimines avides, dans un soubresaut de fierté bien placée, quelques découvertes débusquées à force de recherches obstinées. De petites pépites du fond des âges (ou de l’Europe) qui méritent - on l'espère en tout cas - amplement leur lot d'écoutes pour, en vos regards embués de joie, y décrypter tant d'humides mercis.

Ce SAMSARA, fait indubitablement partie de ces groupes-ci. Car, si historiquement, la scène tchèque a su nous proposer une palanquée de formations au caractère et aux styles bien trempés, bien plus rares sont ces dernières à nous être parvenues de sa sibylline jumelle slovaque, moins fortunée en termes de structures et d’exportation (internet de ne fait pas tout). Preuve en est avec ce majestueux quartette qui ne demande, j’en suis certain, qu’à être découvert et dont - malheureusement - nos confrères ne l’ont pour le moment peu - voire pas du tout - aidé à bénéficier de l'exposition qu'il mérite. Et croyez-moi que l’on frôle ici le crime de lèse-majestuosité (*).

Au programme un Doom Death atmo et funèbre (mais jamais « Funeral ») de haute volée, l’âme en peine et le cœur débordant d’émotion, imbibé de cette nécessaire et désespérante tristesse, elle-même nimbée de ce qu'il faut d'accointances gothiques dans les thèmes explorés. Pour vous situer un peu le paysage, SAMSARA évolue dans de poussiéreux et surannés caveaux en rêvant d’un passé romantique, dont seul lui se souvient, le murant dans un tombeau de solitude. Isolé, il ressasse ses tourments, invoquant les spectres de DOOM:VS ou de OFFICIUM TRISTE en ses heures de gloire, sous le regard fugace mais insistant d’un SHAPE OF DESPAIR.

Articulant son disque autour de deux imposantes pièces principales avoisinant voire dépassant la quinzaine de minutes (la base), on peut dire que SAMSARA prend le temps nécessaire pour poser ses ambiances. Deux minutes entières sont laissées au clavier introductif avant qu’entrent les guitares, puis 2’30 supplémentaires leur sont laissées pour que le chant fasse (enfin) son apparition. Oui, nous pataugeons en plein dans ce genre de Doom Metal là, acariâtre et soucieux de nous ensevelir sous sa chape de remords.

Mais attendez, son truc à lui, qui dès le départ, nous aura fait dresser (entre autres) les oreilles et à propos duquel le désir de vous en parler davantage est vite devenu obsédant, se situe dans cette propension qu'il a à faire surgir des claviers simili-symphoniques, pas forcément hantés ni lugubres (pas tout le temps en tout cas), mais sacrément solennels, qui arrivent à percer le riffing ambiant par de véritables dards d'émotion… Plus léger dans l'exercice qu'un ABYSSIC qui, lui, tisse carrément son propos sur ses prégnantes orchestrations, SAMSARA, s’en tenant davantage ici aux atmosphères d’une antichambre funéraire, pourrait se comparer à ce que nous proposent un SHAPE OF DESPAIR ou un PANTHEIST en la matière, pour cet art sordide mais limpide à savoir révéler le sublime derrière une simplicité apparente (les claviers de "Charon's Lullaby", "Buried Love" qui vous retournera forcément).

Pour les aider dans leur tâche, le soin apporté aux guitares est aussi à mettre particulièrement en exergue. Sans jamais remettre en cause la qualité de son riffing Doom Death appuyé et vindicatif dans ses digressions de marbre les plus séculaires, les quatre de Topoľčany savant enluminer le caveau de notre perception de parties mélodiques et solistes finement ouvragées (sur "Sleeping Beauty", de son introduction jusque dans ses moindres décrochements lead, quel festin !) qui pourront rappeler le savoir-faire d'un Johan Ericson (à l'œuvre chez DOOM:VS / DRACONIAN), pour sa capacité à savoir ne jamais trop en faire. Et pour vous assurer que tout cela ne plaisante pas quand vient le moment de remuer fiel et terre, la double pédale est même de sortie sur le final de "Charon's Lullaby".

Et pour parler un peu du (des) chant(s), le growl proposé ici, très typé Pim Blankenstein (OFFICIUM TRISTE, EXTREME COLD WINTER, ce qui n'est jamais un mal puisque vous commencez à savoir combien je suis exigeant vis-à-vis de belles et profondes vocalises dans ce genre particulier), est divin d’accablement. Çà et là renforcé de quelques chœurs et/ou chants féminins hantés, qui à aucun moment ne prennent le pas sur le drame qui se joue ici (contrairement à un DRACONIAN, par exemple, plus équilibré dans sa proposition), ceux-ci en renforcent au contraire le pan hagard et fantomatique.

Si les deux morceaux d'une quinzaine de minutes sont les principaux et logiques sujets d'attention de ce disque, tout n'est décidément pas vicié et déchiré entre tourments gothiques et turpitudes symphoniques, dans l'univers et la prose Doom de SAMSARA. À ce titre le duo d'entremetteurs que sont "Buried Love" (surtout) et Memories", arrivant comme de véritables bouffées d'air frais, ne sont pas à considérer comme de simples interludes destinés à gagner un peu d'épaisseur au disque en affichant une durée raisonnable. Tous deux laissent carte blanche aux vocalises de Simona Janovičová, enrichissant respectivement une belle composition au piano et un ultime et scintillant duo guitare/violoncelle riche en émotion qui nous renverront aux moments les plus intimes d'un DRACONIAN voire, quitte à pousser le bouchon, à frôler les stèles habituelles d'un DARK SANCTUARY ("Buried Love", le chant haut perché en moins). Bref, il y a toujours une très forte grâce qui s'échappe de la musique de SAMSARA

Album plutôt court pour le genre (quarante minutes), SAMSARA profite de cette concision pour ne jamais relâcher son propos ni s'égarer en d'inutiles digressions, infaillible dans sa pugnacité à vouloir embrasser la mort par tous les orifices… En ressort un beau disque, fort en caractère et en moments d'émotion, jamais lassant. Et alors qu'elle affiche déjà plus de six mois au compteur, celle-ci demeure, pour le moment et de loin, ma release Doom favorite de l'année. Et quand je vois un OFFICIUM TRISTE (justement) qui sort des albums sympatoches mais peinant à égaler ses gloires passées, et que ce genre de combo se balade presque sous nos nez, dans l’anonymat le plus total… croyez-bien que cela m'encourage encore davantage à vous exhorter à aller y jeter avidement vos deux oreilles. S'il vous plaît, laissez-le vous séduire !

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(*) Déjà que son premier album ("When The Soul Leaves The Body") était passé totalement sous notre ligne d'horizon (peut-être à cause d'une pochette semblant accumuler beaucoup de clichés goth-de-cimetière, certes c'est aussi le cas ici, mais le tout demeure plus ambitieux) malgré une nomination aux "Radio Heads Awards 2017" dans la catégorie "Album Metal slovaque de l'année" (qu'il n'a pas gagné).

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- Tibor Šimansky (chant, guitare, samples)
- Lubo Čahoj (guitare)
- Martin Sokol (basse)
- Lukáš Michálek (batterie)
- Simona Janovičová (invitée - chant féminin)
- Déhà (invité - claviers, samples)


1. Charon's Lullaby
2. Buried Love
3. Sleeping Beauty
4. Memories



             



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