Nous étions nombreux, bienheureux et sacrément impatients à attendre cette sortie annoncée au début de cette année. Il faut dire que ces Canadiens avaient déjà employé une artillerie sacrément lourde sur leur précédent album "A Diabolic Thirst" à la pochette évocatrice et très seconde vague des 90s. En développant des thèmes richement dotés en mélodies, SPECTRAL WOUND a gagné l’estime d’une fan base qui n’a fait que grossir au fur et à mesure des années, sous l’impulsion aussi de nombreux concerts et de festivals très réussis. Pour ceux qui n’auraient pas encore écouté cet album de 2021, la séance de rattrapage est nécessaire, quoique "Songs Of Blood And Mire" en donne sacrément et pas que pour les puristes Blackeux.

Certes, il est vrai que SPECTRAL WOUND reste un groupe de Black Metal pur jus avec son inlassable intensité agressive et ses desseins infernaux, mais sa haute teneur en mélodicité en fait un groupe un peu à part, d’autant plus que ce nouvel album développe un peu plus encore cet aspect. "Songs Of Blood And Mire" a cette tendance à me ramener au Black mélodique suédois de temps à autre. Il y sonne parfois quelque chose me rappelant les DISSECTION, SACRAMENTUM, VINTERLAND mais mixé en bouillie avec des pointes rêches et froides toutes finlandaises. Les invectives prononcées du chant de Jonah y contribuent aussi pour beaucoup. Pas étonnant dirons-nous pour ces Canadiens que l’on compare en premier lieu aux SARGEIST, HORNA, SATANIC WARMASTER et autres bêtes immondes des forêts glaciales et glaçantes de Finlande. L’album possède donc une belle amplitude sonore. C’est puissant et agressif à la fois mais jamais surfait. SPECTRAL WOUND a trouvé l’équilibre parfait entre ces deux aspects, et l’architecture des titres met en évidence tout cela.

Amoureux transi du titre "At Wine-Dark Midnight In The Mouldering Halls", mais aussi de "The Horn Marauding", j’avoue sans peine avoir un peu de mal à ne pas résister de me les passer en boucle. J’apprécie cette basse vrombissante toujours bien audible, ce son de guitare sans fioriture sonnant de manière assez trébuchante un peu Heavy et Thrashy, cette batterie un peu sèche, ces cymbales aux limites de la stridence qui nous assaillent avec un rendu très naturel. Et puis la constance des aspects mélodiques et énergiques des riffs. "Less And Less Human, O Savage Spirit" enfoncera encore un peu plus le clou en proposant un contenu rugueux et davantage frontal, orchestrant la férocité d’un Black Metal vindicatif et sans cesse dans l’invective. Et c’est aussi sur ce versant plus frustre que SPECTRAL WOUND opère à merveille, fondant sur son auditoire toute gueule carnassière ouverte, la salive acide aux babines et le regard exorbité. D’ailleurs du reste, le titre final est la parfaite synthèse de l’album et de l’analyse que j’essaie d’en faire. "Twelve Moons In Hell" va faire des ravages en live, ce titre survitaminé et d’une mélodicité sans faille, est un peu l’acmé de l’album et restera un titre phare de la discographie de SPECTRAL WOUND.

Ce quatrième album est une sacrée sortie mais demande un peu d’apprivoisement. S’il requiert peu d’écoutes pour que la magie opère, "Songs Of Blood And Mire" fourmille d’un nombre important de détails qui demandent une écoute attentive. « Le diable se niche dans les détails » vous savez bien ! Dans tous les cas chers lecteurs, sachez que les Canadiens de SPECTRAL WOUND nous envoient un album qui a sacrément du jus comme le single "Aristocratic Suicidal Black Metal" nous l’avait dévoilé au début de cet été. De l’aveu même du groupe, leur ambition et principal intérêt est de jouer en live ce disque, et, sachant le contenu, le public appréciera et gagnera la transe dès les premières secondes dans un coup de tonnerre et un coup de fouet à la fois. Merci Diable !