Je ne vous ferai pas l’affront de vous expliquer ce qu’est un supergroupe, ni de vous faire une pompeuse liste des plus influents ou symbiotiques, de peur de lancer des débats stériles ou de me faire épingler par les grands pontes pour namedropping. Sobrement, force est de constater qu’il en existe pléthore, du plus brillant au plus commercial, et dans une représentativité de styles qui ne laissera presque personne sur le carreau. Même le Death Tech a le droit à sa part du gâteau : en effet, n’est-ce-pas une bonne idée de rassembler dans une seule et même entité des individus à la pointe de l’expression de leur "art", quitte à tous se tirer la bourre pour savoir qui dégomme le plus efficacement son instrument afin de décerner le trophée de la quéquette la plus longue ?

Sans réciter le pédigrée des tous les groupes auxquels participent ou ont participé le quatuor de SONIVINOS, il est possible de résumer l’état d’esprit général en avançant simplement que Jeff Hughell à la basse et Marco Pitruzzella aux fûts sont des anciens membres de BRAIN DRILL. Attendez, restez, les postes de gratteux reviennent donc à un externe de cette formation ô combien cacophonique, donc le bouzin demeure écoutable !

La formation Franco-Américano-Flamande, pour son debut album quasi éponyme (l’acronyme étant un parfait prétexte pour sortir une inepte dégueulasserie sans laquelle la crédibilité du combo en pâtirait), délivre ainsi tout l’arsenal d’un Death Tech poussé à son paroxysme, en gardant tout de même une once de lucidité pour ne pas tomber QUE dans de la démonstration technique soporifique. Ainsi, des samples et des bribes d’ambiances au clavier sont instaurées, mais vous ne couperez pas aux inénarrables sweeps à tire-larigot balancés à des moments totalement aléatoires, hormis sur les soli, où l’inspiration semble manquer et où des passages insipides et pour le coup assez simplistes sont balancés ("To Redefine Quarantine", "Equally Eradicated").

Le défaut classique de ces formations chimériques ressort flagramment, à savoir que chaque individu surenchérit et tente de se frayer un chemin au travers de ce déferlement de violence, du gueulard jusqu’au bassiste, mais un seul en sort réellement vainqueur : Pitruzzella qui pulvérise tout sur son passage et blaste opiniâtrement son kit jusqu’à en étouffer ses compères. Bien que la galette tente de s’extirper de son aspect hyper mastoc et monolithique, en y introduisant notamment des titres plus étirés ("Obscene Yet Serene") et jouant sur des tempi bien plus ralentis, il est difficile de désétiqueter la vélocité et la brutalité ambiante, qui feront passer les moments relativement plus apaisés pour de la mollesse. Et pour clore le chapitre, les chants sépulcraux et indistincts entre lead et backings des membres du vieux continent annihilent de toutes façons les tentatives d'appesantissement de l’atmosphère (la déblatération de crétineries étant un facteur aggravant).

Ajoutant ainsi une bûchette dans le très long listing des formations beaucoup trop talentueuses techniquement pour être mélodiques, SONIVINOS, enfant bâtard de BRAIN DRILL donc, délivre une galette honorable bien qu’évidemment hyper dense. Si l'on s'en tient à la performance intrinsèque et au second degré, nous sommes loin de passer un mauvais moment, à condition de ne pas y déroger, car la lassitude guette… Sitôt écoutée, presque sitôt oubliée. Tout est dans le "presque".

Morceaux préférés : "Skin Splitting", "Obscene Yet Serene", "A World Awake".