Voilà une chronique qui en aura, et de manière bien prononcée avec jet de semence et compagnie. Qu’espériez-vous d’autres de ce "Position/ Momentum" ? Si vous en doutiez, pressez bien le bouton lecture et reculez de trois pas car le fluide risque de remporter un concours de distance et gagner votre gueule d’angoissé. Poésie du Hardcore et des scènes de guerre, CALLIGRAM furtif comme un missile furète dans les recoins des tranchées la moindre présence vivante et chasse belliqueusement les petites merdes que nous sommes.

À l’instar d’un KICKBACK ou d’un MICO, nos cinq Anglais n’y vont pas de main morte sur les éléments de torture. Efficace et redoutable, CALLIGRAM constricte, aboie, emprisonne, séquestre. Et cette armée de salopards auront vite fait de mordre délicieusement en vous en instillant directement dans vos vaisseaux un poison vif et douloureux dont le premier effet serait de vous figer sur place. Ode au Black Metal féroce et au Hardcore violent, CALLIGRAM réussit son tour de force d’allier ses deux cavaliers des ombres et de l’enfer pour sortir un Frankenstein hallucinant de dégoût et diaboliquement animé. "Position/ Momentum" attaque sans discontinuer et sous les invectives du chanteur Matteo Di Rizzardo, je vous prie de sauver votre peau et de ne pas rester pétrifié comme je l’ai été. J’en ai fait l’amère expérience et me voilà enfin revenu d’une cache infecte après une prise d’otages intemporelle. Et les assauts mélodiques véhéments et tellement puissants de "Position/ Momentum" ont réussi finalement à renforcer mon immunité ; l’empirisme de mes écoutes de la scène extrême m’ayant sans le moindre doute sauvé de ma propre mort d’âme.

Sachez-le vous n’aurez qu’une seule et unique chance pour fuir. Et cette opportunité à saisir interviendra quand "Per Jamie" s’enclenchera. Ce titre instrumental sonnant comme un hymne désenchanté vous laissera un peu plus de deux minutes pour vous extirper de votre propre zone d’ombre, de vos envies masochistes ou de votre effroi stuporeux. Car les assauts reprendront et nos tortionnaires anglais auront maille à s’occuper de vous. Et quand l’heure des trompettes du Jugement Dernier sonneront dans cette salle humide et sans lumière, il sera déjà trop tard bien évidemment. Car oui vous les aurez reconnus s’égrener tout du long de la seconde moitié de "Ostranenie", et sous les coups de butoir des guitares imparables, priez bien fort quelque chose pour que votre petite intégrité de corps soit sauvé. Votre peur sera telle que vous planterez vos ongles en vous bien plus profondément que votre épiderme.

CALLIGRAM est absolument délicieux de brutalité sur ce "Position/ Momentum" dégénéré, absolument passionnant. Pas grand-chose ne ressemble à CALLIGRAM, Son Hardcore Black Metal saisit à froid et maintient la cuisson sur les quarante minutes qui le composent. À la fois embrumé d’une ambiance mélancoliforme grâce à des breaks de toute beauté sur l’ensemble de titres, la frappe vitupérante du batteur organisant un contre-pied génial, "Position/ Momentum" est un disque abouti dans son ADN même. Frénétique et possédé, CALLIGRAM n’a pas son pareil pour asseoir son originalité musicale dans des compositions parfaitement inspirées et judicieusement orchestrées. Mélodique et ultra-brutale à la fois, suspendu dans le vide ou mimant la torture par noyade, nos Anglais sadisent à l’envie nos oreilles pour bien affirmer la prise en main d’un jeu dominateur organisé et ficelé jusque dans ses moindres détails.

Les titres sont tous d’une efficacité redoutable si bien qu’en citer quelques-uns ou s’amuser à en disséquer par vengeance leur contenu serait vain. "Position/ Momentum" envoie sévèrement et bien dans la gueule mais sa haute mélodicité permet aussi d’en saisir tout le tragique de cette brutalité. Une excellente découverte pour ma part qui m’aura permis, à défaut d’avoir pu prendre mes jambes à mon cou, de percevoir la majestuosité de cette dichotomie Hardcore et Black Metal ici entremêlée pour le meilleur et surtout pour le pire.