Recherche avancée       Liste groupes



      
DJENT  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 

ALBUMS STUDIO

2012 Gnosis
2014 The Amanuensis
 

- Style : Tesseract, Periphery, Unprocessed, Animals As Leaders, Volumes, The Contortionist
 

 Site Officiel (482)

MONUMENTS - Gnosis (2012)
Par HAPLO le 27 Février 2024          Consultée 298 fois

Quand on décide de baptiser son combo MONUMENTS, on ne peut pas rejeter l’idée qu’on a déjà une petite idée des textures musicales qu’on va y associer derrière la tête. Perso, ce terme me fait immédiatement penser à des volumes massifs, des formes anguleuses dont les arrêtes demeurent tranchantes malgré les années qui passent, ou encore au poids inaltérable des matériaux tout comme à des symboles ou un style figé dans le temps et qui n’évolue plus… Bref, sans tomber dans le syndrome de la lourdeur propre à l’architecture stalinienne, il y tout lieu de penser que ces jeunes anglais ébouriffés de guitares sous-accordées n’envisageaient pas de composer de petites ritournelles champêtres aux contenus minimalistes qu’on écoute en admirant paisiblement un joli coucher de soleil du fin fond de ma campagne normande… MONUMENTS c’est du brut, du lourd et surtout une tuerie de synchro rythmique quasi-hypnotique : Bref, c’est du Djent !

Sauf que le problème, en dehors de l’éternel débat qui oppose les tenant du style à ceux qui maintiennent que c’est uniquement une manière atypique de jouer, c’est qu’en 2012, ce courant a déjà ses Dieux fondateurs… et qu’au sein d’une mini-niche pareille, les leaders ne peuvent se démultiplier à l’infini ! C’est pourtant dans ce contexte (ô combien chargé !) que déboulent nos cinq Britanniques, le mors aux dents et avides d’en découdre.
Révélé et effleuré par les Suédois furieux polyrythmés touche-à-tout géniaux de MESHUGGAH au cours des premières années de ce nouveau siècle, cette forme originale de Metal Prog’ ultra-synchrone et sous-accordé se voit attribuer ses lettres de noblesse par des combos tant novateurs qu’originaux, à l’image d’un PERIPHERY (cri initial éponyme de 2010) ou d’un TESSERACT (qui balance son "One" en 2011), qui parviennent chacun avec sa patte artistique propre, à en sortir des joyaux de brutalité et de précision instrumentales comme d’émotions. D’un genre plus que confidentiel défendu par une poignée de zicos hallucinés, le Djent se révèle, s’émancipe et part à la conquête de l’univers métallique. Il fait ainsi de nombreux adeptes !

Parmi ceux-ci, un certain John Browne, guitariste de son état, qui opère alors dans une sombre formation nommée FELLSILENT (où il croisera d’ailleurs temporairement la route d’un certain Alec ‘Acle’ Kahney avant que celui-ci ne file jeter les fondations de son Tétra-cube) et qui, ensorcelé par les cadencements obsédants aux vagues hurlées de ce genre ayant élu domicile au carrefour du Metalcore et du Prog technique de haute volée, décide de fonder MONUMENTS comme projet, à l’origine, secondaire.
C’est ainsi que ce fan de riffs pendulaires rassemble autour de lui des musiciens issus de la scène Metal underground tous aussi déjantés que lui, dont l’impressionnant batteur Mister Mike Malyan, comme les deux vocalistes Neema Askari et Greg Pope qui accompagnent la jeune formation pour ses premiers pas sur scène… avant de se faire la malle ! MONUMENTS marque une pause mais ne tombe pas, car rejoint en 2012 par le vocaliste Matt Rose, le combo profite de cette stabilité temporaire pour finaliser puis sortit son premier-né avec "Gnosis" en août de la même année.

Aussi, désolé pour les révolutionnaires en herbe mais "Gnosis" n’est pas l’album qui fout tout par terre et ambitionne de faire table rase du passé : D’autres l’on fait quelques années auparavant et ont légitimement remporté l’estime qui va avec. Par contre, Browne et ses complices y enfoncent le clou en gravant dans le marbre, non sans un certain talent, les figures de style les plus marquantes d’une musique qu’ils ressentent jusqu’au fond de leurs tripes et qu’à ce titre, ils veulent faire vivre et partager sans compter. Pour le coup, les anglais nous pondent un véritable brûlot brut de fonderie où la voix tantôt écorchée, tantôt mélodieuse de l’ami Matt Rose (qui s’en tire très honorablement si l’on tien compte des délais de réécriture et d’enregistrement) vient se joindre à l’agressivité syncopée de riffs tant carrés que chargés et en synchronisation parfaite avec le cadencement millimétrique de la base rythmique. MONUMENTS n’innove pas vraiment mais se glisse avec une rage classieuse dans le courant lancé quelques années plus tôt par ses glorieux aînés. Les Anglais l’embellissent même avec une chaleur ainsi qu’une agressivité joliment bourrine dont les coups de pieds aux fesses viennent très justement compenser le côté quelque peu mathématique de lignes rythmiques dont la mise en place chirurgicale aurait à elle seule vite fait de lasser nos (pauvres) oreilles saturées d’une si parfaite synchronisation répétée à l’infini.
Force est d’ailleurs de rendre ici hommage aux (impeccables) prestations instrumentales et plus particulièrement à un Mike Malyan proprement extraterrestre qui pond des rythmes, des breaks ou encore des roulements qu’il est sûrement le seul à comprendre et à maîtriser mais qui, associés à une basse très véloce (et qui ponctuellement se montre divinement slapante) propulse littéralement l’art de MONUMENTS dans une autre dimension : zéro regrets ; zéro compromis !

"Gnosis" se veut ainsi une fichue boule d’énergie dont les 41mn servent avant tout à vider son chargeur dans les oreilles violées d’un auditeur ravi d’une telle volée de bois vert. A mon niveau, les Anglais atteignent le Nirvana de leur art au travers d’un "Regenerate" qui concentre toutes les bonnes choses dont ils peuvent être capables ici : classieux, travaillé et intégrant même une certaine dose d’originalité avec son solo guitare qui tombe de la lune… Ce titre mêle parfaitement intelligence de composition, rage déboulonnante et recherche mélodique. L’explorateur qui sommeille en toi, Ô lecteur curieux, pourra également aller se faire poncer les n’oreilles avec le très convaincant "Admit Defeat", certes très académique mais qui tabasse joyeusement pour ouvrir le bal, ou encore le tranchant "Blue Sky Thinking" à la rythmique ultra hachée portée par une basse très punchy… et tu admettras avec moi que les Dieux Fondateurs n’avaient pas forcément tout exploré !

A contrario, ce "Gnosis", même appuyé sur une rage torsadée ainsi qu’une indéniable virtuosité instrumentale, n’est pas sans montrer quelques signes d’essoufflement avec des titres qui, sans être de pâles copies les uns des autres, recyclent néanmoins à l’envie des figures de style qui finissent par générer une sorte de train-train au parcours quelque peu linéaire : lignes rythmiques chargées aux mélodies assez proches (oui, je sais, c’est ce qui fait un peu la signature du genre… Mais quand même!), arpèges seuls propulsés à la réverb en intro ou en clôture de morceau, couplet bien démonte-pneu en voix hurlées puis refrain plus mélodieux en voix claire… Bref, il ressort de tout ça qu’une partie non négligeable des titres semblent manquer un chouia d’identité et que malgré toute l’énergie positive qu’y injectent les musiciens de MONUMENTS, l’opus fini indéniablement par tourner un chouia en boucle : ce que l’on peut apprécier… Ou pas. C’est en tous les cas le ressenti que m'ont inspiré des morceaux comme "97% Static", son voisin de strapontin "Empty Vessels Make The Most Noise" ou encore le clôturant "Denial" qui accueille pourtant pour ce dernier la voix de Spencer Sotelo (PERIPHERY) mais qui peinent néanmoins à casser de quelconques barreaux de chaise.

Hargneux à ravir, chargé comme une caravelle espagnole revenant des Amériques, proposant un Djent 100 % pur porc qui ravira les exaltés du genre, "Gnosis" se veut un hymne à ces années de mutation musicale. Les jeunes loups de MONUMENTS ne craignent rien et jettent à la face du monde ce cri initial… Même imparfait ! Le talent est bien là, c’est certain : reste à forger son identité artistique ainsi que son originalité. Je ne suis pas inquiet, le futur est devant !

Nimbé dans ma vieille blouse maculée de Maître-sculpteur et entouré de toutes ces petites vipères d’étudiants qui rêvent d’éclipser ma gloire vieillissante, je brandis la massette et ma pointe en tremblant légèrement pour apporter la touche finale à cette guitare à sept cordes taillée dans de la pierre tendre. J’y grave affectueusement un 3/5 pour ce "Gnosis" bouillonnant et rendu peut être un peu plus attachant par ses petites imperfections : l’aventure est lancée. Il ne reste qu’à survivre aux années !

- pour l’inspiration lumineuse : "Regenerate",
- pour le coup de pied au cul dès l’ouverture : "Admit Defeat",
- pour l’hommage aux anciens : "Denial".

A lire aussi en DJENT par HAPLO :


TESSERACT
Altered State (2013)
Le Djent dans tous ses états !




TESSERACT
War Of Being (2023)
Hypervision auditive intégrale !


Marquez et partagez




 
   HAPLO

 
  N/A



- Matt Rose (voix)
- John Browne (guitare)
- Olly Steele (guitare)
- Adam Swan (basse)
- Mike Malyan (batterie)
- Guest:
- Spencer Sotelo (voix piste 9)


1. Admit Defeat
2. Degenerate
3. Doxa
4. The Uncollective
5. Blue Sky Thinking
6. 97% Static
7. Empty Vessels Make The Most Noise
8. Regenerate
9. Denial



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod