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1995 Short Bus
 

- Style : Marilyn Manson, Godflesh
- Style + Membre : Nine Inch Nails

FILTER - Short Bus (1995)
Par DARK BEAGLE le 13 Décembre 2023          Consultée 583 fois

Parfois, une phrase peut avoir des conséquences inattendues. Alors que Richard Patrick, frère de Robert (vous savez, le mec qui ne cligne pas des yeux quand il joue un cyborg) travaillait avec Trent Reznor en 1993 sur l’enregistrement de "The Downward Spiral", il avait demandé au leader de NIN plus d’argent pour son travail et ce dernier, agacé, lui avait répondu quelque chose qui ressemblait à « si tu souhaites plus d’argent, je te suggère de composer un disque, de l’enregistrer sous ton nom et de le vendre ». Plus vraisemblablement : « dans ce cas, bouge-toi le cul et fait un disque », conseil qui n’est pas rentré dans l’oreille d’un sourd puisque deux ans plus tard sortait ce premier album de FILTER au succès retentissant.

Derrière cette pochette très sobre qui est un clin d’œil assumé à celle du "Album" de PUBLIC IMAGE LIMITED se cache un disque de Metal Indus à mettre absolument en lumière. Si l’on retrouve très évidemment des touches proches de celles de NINE INCH NAILS, FILTER, qui est un projet pensé en duo (Richard Patrick est accompagné par Brian Liesegang), n’est pas une simple copie de ce que pouvait proposer Reznor. "Short Bus" se veut bien plus posé, mélodique, que "The Downward Spiral" pour citer un album du pape de l’Indus proche chronologiquement de ce premier essai. Nous allons également trouver des influences contemporaines, dont de nombreuses proviennent de la scène de Seattle qui s’effondrait doucement après le suicide de Kurt Cobain.

Avec ce mélange des genres, évidemment, nous ne sommes pas face à un disque qui transpire la joie de vivre, mais il se fond à merveille dans cette génération désabusée. Tour à tour Heavy, agressif, dépressif ou étrangement FM (quelques ballades étrangement langoureuses qui finissent toujours par surprendre). FILTER est déshumanisé, mais en même temps, il dégage quelque chose de plus naturel que des combos comme MINISTRY ou NIN, venant certainement d’une recherche mélodique parfois plus poussée et une mise en avant moindre des machines, bien qu’elles soient évidemment présentes.

Et comme bon nombre de disques du genre, il y a une polémique qui surgit, pour protester, se plaindre, trouver une brèche par laquelle on peut faire s’écrouler l’édifice. Et ici, c’est sur "Hey Man Nice Shot" que vont se porter certaines critiques. Et la cible est facile : premier single de l’album, il contient une ligne de guitare identique à celle du "Ungod" de STABBING WESTWARD sur les refrains, mais c’est surtout au niveau des paroles que le morceau a été montré du doigt, beaucoup pensant que Richard Patrick ironisait sur le suicide de Cobain. Les premières versions de ce titre ont été enregistrées en 1991 et ce n’était pas le leader de NIRVANA qui était visé, mais Robert Budd Dwyer qui s’était suicidé en direct en 1987. Encore un grand moment de télévision made in USA…

Il s’agit également du meilleur morceau de l’album, titre introductif qui joue sur les contrastes, entre des couplets posés, portés par une guitare aux sonorités proches de Seattle et le déchaînement du refrain, très Heavy et surtout bien vicieux, du genre à rester dans le crâne (si je puis m’exprimer ainsi) et à vous hanter des journées durant. On sent effectivement que ce titre est déjà « ancien » dans le sens où il apparait plus travaillé que les autres, qu’il les domine de la tête et des épaules, sans pour autant les rendre ridicules. Il est le fer de la lance, la pièce mortelle, mais la hampe est également de qualité. Et Richard Patrick a l’intelligence de ne pas répéter ce schéma inlassablement le long des douze pistes qui font cet opus, il va au contraire se montrer versatile dans ses idées.

Il va ainsi jouer avec la dissonance, user de loops et de samples pour étayer son propos, mettre la guitare bien en avant, proposer une basse froide bien comme il faut et varier les plaisirs au niveau de la batterie, allant de l’instrument acoustique à une boîte à rythme quand le besoin de déshumaniser les patterns se fait sentir. Puis il y a ce chant, qui n’est pas statique, parfois hurlé, de temps en temps déformé, qui vient coller à l’ambiance dégagée par ce disque qui s’échine à toujours prendre l’auditeur à contre-pied. Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, FILTER n’est pas un groupe explosif. Il ne recherche pas la violence ultime ; d’ailleurs ce disque ne fait pas dans le bourrinage.

C’est certes froid, quelque peu malsain, mais l’ensemble fait dans une espèce de sobriété de bon aloi qui lui permet de taper juste, sans esbroufe, sans cette manie de vouloir trop en faire qui discréditerait tout le process d’écriture. FILTER est intelligent musicalement. Il va droit au but, mais il ne se contente pas d’une formule. Il va se montrer agressif quand il le faut ("Dose"), martial comme il se doit sur "Under", jusqu’à se la jouer plus sensible sur "Stuck In Here" (dispensable) et "So Cool" (bien plus méritante !). "Short Bus" est une somme de petits plaisirs qui finit par proposer un album réellement canon.

Trent Reznor a dû s’en mordre les doigts de son conseil. Et nous pouvons le remercier. Plutôt que de museler cette pépite qu’est Richard Patrick au sein de NINE INCH NAILS, il a permis à ce dernier de s’émanciper en l’envoyant paître. En 1995, FILTER est ce qui se rapproche certainement le plus de NIN dans l’idée, la violence sourde et vénéneuse en moins et il devient, en l’espace d’un seul album, son concurrent le plus sérieux. "Short Bus" est un classique du genre, à peine diminué par un ou deux titres en-deçà, qui se laissent toutefois noyer dans la masse. Un grand disque de Metal Indus, à remettre en lumière.

Note réelle : 4,5/5.

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- Richard Patrick (chant, guitare, basse, batterie, programmations)
- Brian Liesegang (guitare, batterie, claviers, programmations)


1. Hey Man Nice Shot
2. Dose
3. Under
4. Spent
5. Take Another
6. Stuck In Here
7. It's Over
8. Gerbil
9. White Like That
10. Consider This
11. So Cool



             



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