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2012 Algebra
 

- Style : Myrath, Orphaned Land
- Style + Membre : Arkan
 

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ACYL - Algebra (2012)
Par HAPLO le 14 Juillet 2023          Consultée 528 fois

Oulala… vouloir mélanger de la guitare électrique riffante à souhait entremêlée de growls caverneux à des instruments traditionnels originaires du Maghreb avec leurs pulsions rythmiques enivrantes… le tout enrobé par des mélopées chantées comme seul l’art lyrique arabe sait si bien le faire ? Un tel projet, si diablement ambitieux, pourrait risquer d’être étiqueté sous l’appellation faussement évidente de "Metal ethnique" ou de "Folk Metal", mais c’est surtout une jolie plaque verglacée foutrement casse-gueule car risquant potentiellement de mécontenter les puristes monocéphales qui vont dans chaque camp dénoncer ce mariage comme une absurdité contre-nature… avant de retourner beugler dans leurs univers respectifs sagement balisés !

Étant moi-même quelque peu novice en ce qui concerne cette niche métallique, voire très réservé dès que l’on sort de mon cher Prog technico-mélodique de prédilection, j’ai pourtant eu la chance de croiser des unions exotiques de ce type ayant abouti à de chouettes voyages musicaux (à l’image du sautillant FLAMETAL et de son Flamenco abrasif ou de plus connus comme MYRATH, ARKAN ou autres ORPHANED LAND). C’est donc rappeler que toutes les vertus sont dans la nature à partir du moment ou on les agence avec talent et intelligence artistique (autrement dit avec du cœur !). La pente se veut toujours glissante mais n’est pas pour autant inaccessible ! Qu’en disent donc nos petits gars d’ACYL ?

Ces cinq loustics, dont certains ne demeurent en France que depuis le seuil des années 2000 puis ont été ultérieurement rejoints par des transfuges d’ARKAN, et dont le cœur comme les tripes semblent toujours être fermement ancrés à leur Algérie natale, ne manquent ni d’imagination ni de talent pour l’illustrer. Fondé vers 2006-2007, ACYL (qui signifie "authentique" en langue arabe) balance son premier obus en 2010 avec son EP "The Angel’s Sin" par lequel le menu est clairement annoncé comme assumé : loin de se revendiquer comme un énième clone du populaire MYRATH, nos zicos s’en distinguent clairement et proposent un Metal nettement plus brut, plus plombant, plus sauvage aussi et à l’image de la voix basse et hurlante d’Amine, volontairement moins sage et sophistiqué. Ce versant plus rentre-dedans aux contours dépouillés, marié à quelques sonorités arabisantes (néanmoins encore assez discrètes sur cette première passe) plaît et permet au combo de se constituer un premier vivier de fans qui n’accrochait sans doute que modérément au Power Metal (trop ?) lissé des Tunisiens pour ne citer qu’eux.

C’est donc fort de cette razzia initiale qu’ACYL sort enfin son premier opus studio titré "Algebra" début 2012, premier album portant toutes les tripes ainsi que les espoirs de ces jeunes voulant réunir leur racines ainsi que leur passion au travers d’une musique rugueuse en laquelle ils croient.

Pochette claire-obscure illustrant un scribe en train de s’immerger dans les textes fondateurs, production soignée portée par un son riche et percutant ainsi qu’un mixage diablement bien dosé entre sonorités traditionnelles (chœurs, percussions, guitares) et instruments ou chant plus métalliques… ACYL met effectivement les petits plats dans les grands tout en affûtant son cimeterre sur cet "Algebra" ébouriffant.
Aussi, loin d’être anecdotiques, les séquences arabisantes éclaboussent littéralement les compos tant par leur récurrence que par le soin porté à leur intégration aux différents titres qu’elles jalonnent. On est bien loin de la petite touche artificiellement marketing destinée à appâter une communauté ethnique (pour finalement la laisser sur sa faim !) ou pour éviter de trop emmerder le bon gros métalleux ouest-européen formaté aux canons du genre et qui éprouve déjà des difficultés à entendre TARJA (Turunen) pousser la chansonnette en finnois une fois par décennie… Non ; ACYL c’est l’art lyrique arabe porté par du Metal velu. Point. Ces zicos sont entiers, c’est à prendre ou à laisser !

Chaudes, rythmées, délicieusement entraînantes et lancinantes, ces parties instrumentales ou ces chants arabes s’entrelacent parfaitement avec les lignes rythmiques burnées (mais joliment ondulantes) envoyées par les sieurs Abder et Reda ou encore sur les roulements et autres breaks cascadés avec une belle vélocité par la doublette basse-batterie. Le batteur réalise d’ailleurs selon moi ici une magistrale prestation riche et percutante sur l’ensemble de l’album. Sans rien enlever à la parfaite maîtrise d’ensemble, l’ami Mickey parvient divinement à retranscrire la fusion entre tradition et modernité avec une batterie que l’on ressent presque comme étant vivante et douée d’une identité propre… Impressionnant.
Quant à elle, la voix basse, ferme, claire puis rageuse à ravir au travers des growls teigneux qu’envoie joyeusement Amine, tient très honorablement la route en donnant son petit cachet unique à ce bel ensemble ; confirmant si il en était besoin que les membres d’ACYL ne veulent pas se contenter de faire de la figuration dans un sous-genre dont rien que le nom peut faire peur… mais qu’au contraire, ils se donnent les moyens de grimper jusqu’où leur talent les portera : à suivre donc.

En attendant ô lecteur impatient, tu peux déguster quelques-unes de ces jolies pâtisseries mariant la chaleur arabisante à la tension métallique comme le délicieux et entêtant "Ungratefulness" qui ouvre le bal avec ses chœurs mixtes qui se répondent et font si bien monter la pression… Tu pourras ensuite croquer à pleines dents le déstabilisant "Barzakh" (inter-monde séparant la vie de l’au-delà) à la rythmique nerveuse dont les variations percutantes te donneront du fil à détordre… sans oublier de t’initier au court mais bel instrumental "Back To Death" arrivant à point nommé. Tu pourras enfin te (re)poser avec le très simple mais diablement efficace "Hidjrah" qui clôture magistralement ce très beau voyage aux confins d’une culture millénaire portée sur des riffs modernes…

ACYL s’amuse, ACYL nous offre un grand courant d’air frais chargé d’épices, de tambours, mais également d’acier et de hargne. Le pari de la jeunesse ainsi que celui du culot et de l’originalité (authentique) sont ici amplement gagnés. "Algebra" demeure néanmoins un tout premier effort studio, et s'il montre les qualités évidentes que je viens d’évoquer, il n’est cependant pas exempt de petites faiblesses qui, loin de remettre en cause ce qui vient d’être écrit, laissent cependant une marge de progression à ces jeunes talents orientalo-métalliques. Car il faut bien le reconnaître, certains titres utilisent à la suite la même recette consistant en un crescendo au fil duquel les cordes électriques prennent le pas sur les instruments traditionnels, les growls sur la voix claire et la double grosse caisse sur les gentilles harmoniques de basse… Sans pour autant parler de copié-collé, ACYL étant parvenu à éviter cet écueil, l’attrait de l’originalité initiale laisse progressivement la place à un (petit) sentiment de répétition concernant certains titres de l’album. Ayant déversé toute leur fougue créative dans ce cri initial, les cinq musiciens n’ont pas regardé à la dépense ni à la stratégie qui leur aurait peut-être susurré de se limiter à huit ou dix titres (au lieu des douze cartouches présentes) en évitant ainsi de proposer des structures de morceaux pour certaines assez proches les unes des autres. On apprend en marchant !

"Algebra" n’en demeure pas moins un bon album, riche et dépaysant, dont le Metal bariolé en fait une œuvre ambitieuse qui s’apprécie dans la durée. La symbiose entre culture arabe et pilonnage métallique est parfaite mais ce créneau n’étant pas complètement inoccupé (voir les combos cités plus haut), il faudra peut être que les musiciens y apportent une touche personnelle plus marquée tout en évitant de s’enfermer dans un modèle, certes original, mais qui perd de sa fraîcheur quand il est répété.

Titubant dans le sable brûlant, je franchi les derniers mètres qui me séparent de l’Oasis comme un zombi carbonisé. Les chants berbères réveillant mes sens pendant que je m’abreuve goulûment dans la mare d’eau claire, je trace dans le sable mouillé un 3/5 pour cet "Algebra" qui est parvenu à me faire sortir de mes ornières personnelles de métalleux borné. Ils m’ont charmé.

- pour l’entrée dans l’univers d’ACYL : "Ungratefulness",
- pour l’originalité démarquée : "Barzakh",
- pour la clôture classieuse : "Hidjrah".

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   HAPLO

 
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- Amine (voix, guitares, oud, bendir, derbouka, karkabou)
- Abder  (guitares)
- Reda (guitares, voix aditionnelle, bendir, karkabou)
- Salah (basse, voix aditionnelle, bendir, karkabou)
- Mickey (batterie, voix aditionnelle)


1. Ungratefulness
2. Head On Crash
3. Al Kiama Chapter 1: Caldeira
4. Al Kiama Chapter 2: Çirat
5. Barzakh
6. Back To Death
7. Babyl Chapter 1: The False Gods
8. Babyl Chapter 2: Weak And Proud
9. Creation Chapter 1: Demiurge
10. Creation Chapter 2: The Mold
11. Creation Chapter 3: Autonomy
12. Hidjrah



             



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