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POST-BLACK METAL  |  STUDIO

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2017 Monad

CELEPHAÏS - Monad (2017)
Par STORM le 6 Juin 2023          Consultée 525 fois

J’ai souvent pensé qu’il était quelque peu osé de se lancer dans l’écriture d’un album purement instrumental. Notamment dans des styles de musique où le chanteur est souvent attendu, pour exprimer l’extrême, le dire, le brandir et le hurler à la face de tous, ou du monde, selon son degré de mégalomanie. Ce dernier occupe toujours une place centrale dans le cœur du public quoiqu’on en pense. Les albums instrumentaux semblent communs et fréquents, dans d’autres styles de Rock et de Metal. J’aimerais vous citer, pour exemple, un courant que j’apprécie tout particulièrement et qui ne badine pas avec les versions instrumentales : le bien-nommé Post Rock.

Des collectifs tels que GODSPEED YOU BLACK EMPEROR, MOGWAI, ou DO MAY SAY THINK, des starlettes du genre en quelque sorte, ont érigé ce style de Rock comme un temple du jusqu’au-boutisme instrumental. Plusieurs mondes sonores se rencontrent, se croisent, se reproduisent, entre mélodies étendues, étirées et inclusions expérimentales tous azimuts. Les maisons de disques Kranky ou Constellation Records restent des symboles et des réceptacles de toutes ces confluences d’énergies et d’inspirations qui développent tant de créativité et d’innovation à la fois.

Au milieu des années 2000, le Black Metal a traîné ses guêtres et trempé son pain noir dans différents styles, notamment auprès d’univers plus abordable : le Shoegaze, l’Ambient et le Drone, la Noise, le Neofolk mais aussi le Post Rock ou bien encore l’Electronica. Créant ainsi de nouveaux plans sur la comète Black Metal, de nouvelles dénominations sont apparues : le Blackgaze, le Post Black, l’Avant-Garde Black Metal. Plus encore que beaucoup d’autres styles de Metal extrême, le Black Metal a su, selon moi, ne pas s’enfermer dans sa propre tour. En maniant l’art d’expériences interdites, il a pu ainsi accoucher de Frankenstein heureux. Certains groupes ont montré la voie bien avant le début du millénaire. Je pense à BURZUM, à GOLDEN DAWN sur le particulier "Art Of Dreaming", ou bien encore THROES OF DAWN, OXIPLEGATZ, ou bien plus inattendu, les samples électroniques de WINDIR.

Je me dois de dire une vérité saisissante. Il est vrai qu’il existe tout un tas d’albums, dont le seul défaut est la fadaise du chant, la pauvreté de son expression, ou tout simplement l’allergie possible qu’il induit. Avouons-le nous, il y a bien des albums géniaux qui auraient eu une bien meilleure saveur, si l’on avait eu le courage et la décence d’ôter le micro, à l’affreux qui s’y accrochait narcissiquement. J’aimerais vous citer des groupes dont le chant épuise mon oreille ou aiguise sa haine, mais je n’ai pas encore le courage de balancer.

Alors avant de parler de gâchis, ou de tirer des conclusions bien hâtives, il est sans doute plus intéressant d’écouter de manière neutre et bienveillante cet album, qui vous l’aurez compris, a décidé d’éluder le problème du frontman en ne signant que des productions instrumentistes. Et j’ai envie de vous dire : est-ce un mal pour un bien ? Certainement, car la musique de CELEPHAÏS se prête aussi à ressentir juste l’émotion qu’expriment les notes, les entournures des rythmes, les changements, leurs déploiements et leurs expressions.

Je vous parlais de Post Rock, et CELEPHAÏS semble l’apprécier. Je perçois comme une alliance invisible avec certains groupes, notamment les Japonais vaporeux de MONO, ou bien encore, les discrets mais très mélodiques CASPIAN, ou leurs grands frères à tous, les célèbres Texans d’EXPLOSIONS IN THE SKY. Ces groupes sont plus froids et sombres, ils sont aussi plus prompts à la grande rêverie, aux affres mélancoliques. Les deux territoires, pourtant bien distincts en termes d’origine sonore, ont donc des frontières qui s’aimantent. Pour autant CELEPHAÏS, ne fait pas partie des cancres de la classe en matière de songe. Le groupe bavarois innove et appose parfois sa touche personnelle. Je pense notamment au morceau "Infinite", qui mixe admirablement la tempête Black Metal avec le calme laconique tout théorique du Post Rock ingénu. Le morceau se joue donc des codes antiques du Metal et vient titiller des riffs moins agressifs.

Le tronc commun avec le Post Rock n’est pas chimérique, les montées harmoniques sont présentes et chahutées. Elles cherchent à se frayer un ultime chemin avant de chavirer. L’album reste suave et doux, il y a peu d’accélérations et de blasts, c’en est reposant. Cependant, les morceaux semblent assez linéaires et ont tendance à se confondre, sans qu’aucun ne puisse s’extirper et se détacher tout à fait de cet agglomérat.

Je ne voudrais pas jeter une quelconque pierre au groupe, car le jeu instrumental est bon et soigné. L’ambiance dégagée est congruente, on ne s’ennuie pas. Mais les morceaux sont inégaux, l’originalité se dresse puis parfois retombe. Mention spéciale au morceau "Mortality", petit chef d’œuvre de l’album à lui tout seul, qui embarque l’album vers un coin du firmament. Pour le coup, à son écoute, je prends mes chaussures de randonnée et m’en vais faire un "Valfari", pour dépasser cette forêt opaque, gravir ce mont et me donner à l’au-delà qui m’attend, avec, je l’espère, une perspective de retour !

Note réelle : 3,5/5.

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   STORM

 
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- Clphs (guitare, basse, batterie)


1. Anamnesis
2. Spirit
3. Mortality
4. Earthbound
5. Emptiness
6. Infinite



             



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