NIGHTED, à l'instar d'INEXORUM et LARIN, est un groupe que j'ai découvert par hasard en regardant le calendrier des nouveautés de cette année sur le site très pratique de Metal Archives. Encore une fois, nous avons affaire à un micro line-up composé ici d'Ivo Henzi (ex-ELUVEITIE) qui gère la guitare, la basse et le chant et de Marc Petralito qui s'occupe des claviers. Pour l'enregistrement de cet album, ils seront épaulés d'un batteur de session, Dylan Watson. Et la musique dans tout ça ?

Déjà, il faut savoir que j'écoute très peu de Black Metal (*). J'y trouve rarement mon compte et il me faut des éléments qui m'accrochent comme une mélodie qui s'impose, pourquoi pas un côté Heavy et quelque chose qui me prend aux tripes. Ce dernier élément est plus du ressort du ressenti personnel, j'en suis conscient. Alors que les tops Black Metal encensent les BURZUM, EMPEROR et autres MAYHEM, moi je m'y retrouve plus dans IMMORTAL (à partir de l'énorme "At The Heart Of Winter"), SATYRICON ou plus récemment INEXORUM et KVAEN. Pas d'inquiétude, je compte approfondir tout cela grâce aux précieux conseils de mes collègues nimiens et des lecteurs via le Discord de NIME.

Parlons rapidement de l'artwork que je trouve magnifique, dommage qu'il n'existe pas de version vinyle. D'ailleurs les visuels choisis pour les singles sur les plateformes de streaming sont également très réussis avec de jolies couleurs. Musicalement, avec NIGHTED, l'approche du Black Metal est assez étonnante et c'est ce qui m'a interpellé. D'ailleurs quand on lit leur présentation sur leur Bandcamp, il est indiqué que si vous êtes fans de Jean-Michel JARRE, des orgues Hammond des années 70 et de Black, cet album est fait pour vous. Tout un programme ! Et le moins que l'on puisse dire c'est que le résultat est saisissant.

Dès le titre d'ouverture "Aeons", les bases sont posées. Blast, orgue, les lignes de guitare vont à 100 km/h, Ivo assure vocalement, c'est du tout bon. Rien que sur ce titre et ses six minutes, nous allons avoir pas mal d'ambiances différentes entre une première partie très rentre-dedans, un break plutôt atmosphérique et puis l'orgue Hammond fera une apparition marquée sur la dernière partie pêchue très épique. Voilà, rien que "Aeons" résume à lui seul l'album. Si comme moi vous avez aimé cette mise en bouche, continuez le voyage en compagnie avec NIGHTED car la suite n'est pas en reste.

L'orgue Hammond donc, choix étonnant, est utilisé à bon escient car il est là pour ambiancer les morceaux sans pour autant s'imposer. Sur "Sigil" et sa rythmique pachydermique, la guitare domine les débats avec ses riffs qui pourraient rappeler BEHEMOTH. Le travail de Marc sur les claviers est impressionnant de précision, ceux-ci se faisant entendre aux bons moments afin de conclure "Sigil" de bien belle manière. Citons également le solo de "Blind" qui marche étonnamment bien. On ne s'attend pas du tout à ce son de claviers mais force est de constater que cela fonctionne.

DIMMU BORGIR n'est jamais très loin, que ce soit en termes de chant ou en termes de breaks et d'ambiances. Aucun plagiat cependant, NIGHTED arrivant à créer son propre univers, avec notamment un Ivo à l'aise dans tous les registres vocaux. Chant clair, chant black, tout est maîtrisé. Notons également une palette musicale riche entre des notes électro ("Acronyc" et son intro qui peut rappeler le générique de Stranger Things), du blast dévastateur, des descentes de manche qui font mouche et bien sûr des claviers bien pensés.

L'ensemble de l'album est très varié. Même si le rythme est soutenu, tout ne va pas à une vitesse folle et NIGHTED arrive à calmer le jeu à de nombreuses reprises. "Nighted" en est le meilleur exemple. Ce titre atmosphérique est très efficace grâce à des chœurs qui viennent renforcer le côté oppressant du morceau et le résultat est réussi. "Bleed" également et sa rythmique bien lourde aidée par un batteur monstrueux et ses nappes de synthés vous démontera la nuque. Le côté épique est également bien présent sur l'opus et "Crimson" notamment, vous fera headbanger sans aucun doute.

Je pourrais écrire un paragraphe sur chaque morceau mais vous l'aurez compris, "Absence" est un voyage musical riche et rafraîchissant. Les choix de prime d'abord étonnants ont été réfléchis intelligemment et ceux-ci ambiancent merveilleusement les morceaux. Sa courte durée (46 minutes) permet de se prendre en pleine face un album intense, varié et à la longueur idéale. Si vous souhaitez donc entendre du Black peu commun, foncez sur cet "Absence".

(*) Deuxième album de Black chroniqué par mes soins sur NIME, deuxième sélection. Mais que se passe-t-il ? Le Black est en train de s'emparer de moi…

Noté réelle : 4,5/5.