Les cheveux crados de vieux Punk au vent, les lunettes de soleil d'un dollarstore quelconque sur le tarpin et la veste à patch en armure légendaire, YOUNG AND IN THE WAY prend la route et laisse une traînée de feu derrière lui, l'horizon l'attend, il ne regardera pas en arrière, l'époque ne laisse plus que l'opportunité de la fuite en avant. "Ride Off And Die", album post-mortem d'un groupe honni depuis des accusations d'agressions sexuelles portées contre certains de ses membres, et qu'il a toujours démenti. Coupables ou non (penchons honnêtement pour la première option), on ne refera pas le puritanisme inquisiteur de notre époque sclérosée par la nouvelle religion gauchiste venue des États-Unis, le peuple est devenu le juge et le bourreau, les réseaux sociaux font la loi et la raison n'a plus vocation à régir notre bel Occident rongé par la gangrène.

"Ride Off And Die" signe la fin d'un groupe qui a eu les couilles de sortir un dernier rejeton avant de tailler la route. Les fans sauront retrouver la fougue du Blackened Hardcore qui faisait leur force, du blast salvateur de "We Bring You Hell" au groove implacable de "Endless Night". Rien d'original dans ce disque ultra-violent qui ne prend le temps de s'arrêter que pour dérouiller le canon scié. Les amateurs de riffs Black au groove Darkthronien du tréfond des âges, repimpé à la sauce des ghettos de Baltimore seront aux anges, voilà un album qui n'a pas le temps de réfléchir, tout est dans l'urgence, le riffing et les soli débiles. "Ready To Explode" le prouve à elle seule, entre ses blasts furieux, ses cavalcades mortifères et son solo moyenâgeux : la balade est digne d'une pauvre jeune femme trainée sous les roues d'une énième racaille d'un quartier "jeune" du Paris ténébreux. Le break ultralourd et groovy de ce titre incroyable rappelle également que le headbang règne au royaume de YOUNG AND IN THE WAY, et c'est tout ce qu'on lui demande.

"When Life Comes To Death" était déjà un monument de débilité assumée, mais "Ride Off And Die" parachève la crétinerie en l'auréolant de gloire. La gloire d'une ultraviolence portée aux nues et d'un Blackened Hardcore décomplexé, où tout transpire l'amour du groove, du solo de routier made in MOTÖRHEAD et du riff affûté au couteau de manouche-roi de Perpignan. Tout est efficace et ridicule à la fois dans cet album qui aurait pu être écrit par un vieux gang de rosbeefs à batte de baseball de Manchester. L'enchaînement final entre "Chaos Is Law" et "You Can't Kill Me" le prouve, avec sa transition moitié pétée mais assumée jusqu'au bout : les YOUNG AND IN THE WAY n'en ont visiblement plus rien à foutre, et on les comprend, car une fois cloué au pilori par la société et son propre label de lâches, autant faire parler la poudre et avaler le bitume en faisant le plus de doigts d'honneur possible aux passants. Le riff final, dégueulasserie dépressive à la SHINING, sonne le glas d'un groupe de démons-motards aux cris venus tout droit de la Chaise-Diable.

Toute cette affaire pue quand même méchamment le kitsch, mais on en redemande. YOUNG AND IN THE WAY n'invente pas la poudre mais l'utilise sans se soucier des stocks. "Ride Off And Die" est le titre d'album parfait pour un groupe qui n'aura jamais eu l'occasion de se défendre et qui fut jugé par le tribunal populaire. YOUNG AND IN THE WAY c'est ce héros d'un film d'action des années 80 qui fait péter la baraque et marche au ralenti vers la caméra, avec un doigt d'honneur tendu vers le spectateur et un crachat bonus pour l'équipe de tournage. Peut-être qu'un jour ils finiront en taule, et je ne demande qu'à la justice de faire naitre YOUNG AND IN THE CELL, mais pour le moment, il reste à enfourner la bécane et fuir, pour laisser derrière soi les ruines d'une société qui se suicide.