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EPIC FUNERAL-STEEL  |  STUDIO

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Lexique doom metal
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2020 Stygian
 

- Style : Evoken, Oromet, Tyranny, Skepticism
- Membre : Cauchemar, Chthe'ilist, Gevurah, Serocs, Sutrah, Eternity's End, First Fragment
 

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ATRAMENTUS - Stygian (2020)
Par WËN le 8 Avril 2021          Consultée 2148 fois

Dans la si petite communauté des amateurs de Funeral Doom, cette musique sclérosée et viscéralement viciée, les nouvelles - et c'est paradoxal - vont vite. C'est ainsi qu'on l'a vu arriver de loin, ce loqueteux pèlerin canadien, précédé qu'il était d'un bourdonnant et pestilentiel essaim annonciateur, sinon des plus sombres calamités, d'au moins un extraordinaire disque en devenir. Parmi la congrégation de parias écumant cette scène, sa popularité était en tout cas déjà telle qu'elle attisait les plus folles promesses alors que seules quelques bribes éparses en avaient été révélées. D'une attitude d'ordinaire forcément méfiante face à la rumeur, ce n'est qu'à la vue de son line-up drapé, qu'ATRAMENTUS a su se rappeler à notre bon souvenir, puisque cette équipée s'avère en grande partie constituée de la moelle épinière de l'effroyable CHTHE'ILIST (excepté son batteur, déjà bien occupé) et plus particulièrement de son prolifique géniteur-guitariste-growler qu'est Philippe Tougas (CHTHE'ILIST, FIRST FRAGMENT, VOIDCEREMONY (ha ? aussi ?), ETERNITY'S END (en compagnie de Münzner/Grossmann, les deux boulimiques d'ALKALOID, ex-OBSCURA/NECROPHAGIST de leur état, et Mike LePond de SYMPHONY X) et quelques autres) qui avait déjà annoncé l'arrivée "imminente" de son projet funèbre il y a quelques années de cela (en 2017, pour être exact), mais sans que nous n'en ayons retenu le patronyme à l'époque. Et les aléas d'emploi du temps firent que ce monstre ne vit finalement le jour qu'en seconde partie de 2020.

Ceci étant, les amateurs de Funeral Doom savent (ou en tout cas devraient savoir) laisser du temps au temps… et cette patience d'être alors récompensée à sa juste valeur tant l'objet final - paru chez 20 Buck Spin en seconde partie d'année dernière - saura décemment les conforter dans cette ineffable impression qu'ici, rien n'a été laissé au hasard, la bande canadienne ne laissant rien lui échapper en réglant consciencieusement son sort à chaque détail. Mais ça, les habitués aux prods du sieur Tougas n'en seront guère surpris tant le bonhomme sait s'entourer lorsqu'il s'agit de rendre d'honorifiques sacrements à l'un de ses rejetons. Nous l'avons vu avec CHTHE'ILIST il y a quelques années, ce sont cette fois Greg Chandler (ESOTERIC, LYCHGATE) au mastering et Mariusz Lewandowski (incontournable depuis son fantastique artwork du "Mirror Reaper" de BELL WITCH) qui viennent compléter le tableau et ainsi lui insuffler toute l'épique décadence lui étant due.

Car sous ses pachydermiques dehors et malgré son jeune âge ATRAMENTUS sait déjà pertinemment où il va. Mûrement composé durant les plus lugubres saisons de huit longues années, le colossal orbe de tristesse dans lequel semble baigner notre gangréné titan chatoie d'une implacable aura de fatalité, appuyant avec effarement chacun de ses accablants faits et gestes. De la maltraitance du piano introductif de "From Tumultuous Heavens …" qui saura d'emblée donner le ton, à l'improbable déchainement final de l'acte III ("Perennial Voyage"), ATRAMENTUS a tôt fait de nous submerger par son antédiluvien marasme. Dans un style déjà peu perméable par nature, les Canadiens vont ici au fond des choses, ralentissant leur tempo à l'extrême, ressassant leurs riffs décrépis jusqu'à l'anéantissement total des plus vaines lueurs d'espoir et n'hésitant pas à patauger en de poisseux et misanthropiques marécages suintant le Dark Ambiant le plus obscur (l'asphyxiant interlude "In Ageless Slumber"). De mortifères rafales venues de noires contrées davantage familières aux méfaits des TYRANNY, EVOKEN et autres SKEPTICISM, balayent inlassablement les terres désolées des Plans Éternels, s'en prenant à toute forme de vie. Mugissant désespérément et sans relâche aux oreilles de l'infortuné voyageur, celles-ci n'ont de cesse de l'assaillir au gré de leurs échos d'outre-tombe, tantôt murmurant de troublants secrets, tantôt psalmodiant d'anciennes litanies, tantôt encore, hurlant leurs plus sinistres affabulations tissées à même de divins tourments, eux, bien palpables.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'exercice est appliqué et l'on devine le désir de la fine équipe de sacrifier son rejeton sur l'autel des plus obscures déités (c'est d'ailleurs ici son sujet). En poussant ainsi, plus profondément à chacun de ses atermoiements, ce jusqu'au-boutiste "Stygian" de premier LP, la formation parvient plus d'une fois à remuer cette fange propice aux excellentes découvertes. Et c'est d'ailleurs ce qui s'en extirpe : un Funeral Doom sans concession, épique et titanesque. Les guitares sarclent sans retenue ce désert de glace déjà scarifié par tant de peine et de souffrance antérieurement déposées par les grands anciens du genre. Appuyées comme elles le méritent par des orgues et des pianos ancestraux, tour à tour minimalistes ou empreints d'une altière amplitude, celles-ci se divisent leur règne de ténèbres et de terreur entre accords plaqués résonnant de fin fond d'antiques éternités et arpèges ataviques. La batterie, lovée au fond des temps pour encore accentuer tout le fatidique déclin de cette fresque sonore, sait profiter d'une production riche en réverb' pour empoisonner le moindre silence d'un accablant pattern. ATRAMENTUS a décidément tout dans son couffin pour plaire aux amateurs de musiques sordides et électrifiées.

Mieux ! Les deux réelles pièces proposées ici (seize et vingt-trois minutes) savent se montrer conséquentes et conquérantes à leur manière. Car l'obscure entité à cela pour elle qu'elle ne se contente pas d'honteusement ressasser une formule déjà éprouvée par d'autres. Non, le quintet parvient plus d'une fois à faire la différence avec ses confrères en sachant intelligemment incorporer ses propres gimmicks, à commencer par une place de choix réservée aux soli de guitares. Et non, pas de 'simples' mélodies, il s'agit bel et bien ici de réels soli, terriblement ficelés (en milieu d'acte I, mais parcourant tout l'acte III pour les plus marquants) et qui apportent leur contribution aux compositions, chacun d'eux étant d'ailleurs sciemment nommé ("Wailing Steel-Eroding Blizzards", "Tears Of The Weeping Sword", "Chants Of The Crying Frost", etc. perso, ici on adore quand un groupe fait un truc pareil). Autre particularité, son lore. Au gré de ses projets, Tougas développe sa propre mythologie et avec CHTHE'ILIST et ETERNITY'S END, ATRAMENTUS en partage les divinités et les places fortes (chacun avec leurs propres perspectives, heavydemment). Alors, on ne sait pas pour vous, mais des patronymes aussi évocateurs que "The Screaming God-Sword Atra Eas", "Heeos, The Sun-Goddess", "The Guardian Of Atros Kairn", les chasseurs-cueilleurs de Sul Kinex, etc. Nous, on ne demande qu'à se plonger dedans. Et muni du livret rempli de notes et détaillant tout le contexte, carte des lieux à l'appui (on y retrouve d'ailleurs les "Passage Into The Xexanotth" et "Vecoiitn'aphnat'smaala" chers à CHTHE'ILIST), il n'y a guère besoin de se forcer pour se laisser prendre dans les rais de Carcophanex. Sous nos yeux incrédules, les légendes retranscrites ici par-delà les éons et les infinités planaires ne demandent ainsi qu'à prendre vie.

Tout ceci explique donc que si nous avons vu paraître ce premier effort d'ATRAMENTUS ici et là dans les tops du genre de fin d'année 2020, c'est à juste raison. Cependant, si la sélection hebdo en nos colonnes fut envisagée pendant un bon moment, c'est avec un léger regret qu'on la voit finalement lui échapper. La faute, allez, osons-le dire, à un album trop court. Explications. Sans rien nier à l'extrême qualité de l'accablant fardeau lui brisant les épaules, mais eu égard au style pratiqué exigeant un minimum d'effort pour s'immerger dans une telle œuvre, cette rédhibitoire impression de s'en faire éjecter au bout de deux titres et demi alors que les contours ne commencent seulement qu'à en devenir plus tangibles, demeure très frustrante. Contrariante, presque. C'est un peu injuste - nous le savons - de faire constater que deux titres de plus n'auraient pas été du luxe pour perdre définitivement pied, surtout sachant les efforts qu'a dû fournir son principal compositeur pour vaincre ses propres démons tant de temps durant. Mais… D'un autre côté… c'est aussi signe d'une qualité certaine que de vouloir en connaître davantage que les prémices sur cette saga en devenir. Étrange sentiment… Étrange époque…

Un 4/5 ferme et oppressant.

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- Philippe Tougas (chant, guitare, composition, textes)
- Claude Leduc (guitare, composition #2)
- François Bilodeau (claviers)
- Antoine Daigneault (basse)
- Xavier Berthiaume (batterie)


1. Stygian I: From Tumultuous Heavens ...
- (descended Forth The Ceaseless Darkness)
2. Stygian Ii: In Ageless Slumber
- (as I Dream In The Doleful Embrace Of The Howlin
3. Stygian Iii: Perennial Voyage
- (across The Perpetual Planes Of Crying Frost & S



             



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