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2020 Ellengaest
 

- Style : Berlial, Anathema, Joy Division
- Membre : Pantheist, Clouds, Johnny The Boy, Electric Wizard, Teeth Of Lions Rule The Divine, Iron Monkey, Hawkwind, Wijlen Wij

CRIPPLED BLACK PHOENIX - Ellengaest (2020)
Par DARK BEAGLE le 19 Février 2021          Consultée 1409 fois

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la carrière de CRIPPLED BLACK PHOENIX n’a rien d’un long fleuve tranquille, chaque nouvelle sortie proposant quasiment un line-up différent, au point où il devient légitime de se demander s’il est humainement possible de travailler avec Justin Greaves, leader incontestable de cette formation britannique on ne peut plus intéressante. Cette fois-ci, c’est le chanteur-guitariste Daniel Anghede qui quitte le navire, sans que ce dernier ne soit franchement remplacé ; en effet, Greaves va faire appel à des invités pour seconder Belinda Kordic au chant, pour un résultat qui n’a rien d’hasardeux.

Bon, ensuite, il convient de définir ce qu’est réellement CRIPPLED BLACK PHOENIX. Si à la base c’est le pseudo de Greaves, cela fait surtout penser à un nom que l’on serait fortement tenter à associer à un groupe de Metal Extrême. Ce qui est une erreur. Forcément. Dès que c’est trop évident, on se fourvoie, c’est mathématique. À dire vrai, il est trèèèèès (voyez l’accentuation mise sur ce très) difficile de catégoriser avec justesse ce qu’est CRIPPLED BLACK PHOENIX. Nous naviguons entre Post Rock, Doom, Goth et même quelques relents Prog – l’ombre de PINK FLOYD plane par moments sur la musique de la formation. Et si certains genres semblent ne pas pouvoir se marier avec harmonie, le talent d’écriture de Greaves fait le reste.

Bien que composé de huit titres pour plus de cinquante minutes, la maison de disques, Season Of Mist, a préféré le catégoriser en EP pour bien marquer la transition, annoncée par Greaves lui-même. "Ellengaest" (gaest en vieil anglais défini une espèce de démon, la racine ne doit pas être très différente du Geist allemand), cache derrière sa pochette un brin angoissante un disque subtil, enrichi par ses nombreux invités – Vinnie Cavanagh, Gaahl, Suzie Stapleton, Ryan Patterson ou encore Jonathan Hultén – qui ne sont pas là pour se faire mousser ou pour orner un sticker sur la jaquette, censé faire vendre un peu plus sous prétexte que cela peut attirer pas mal de monde différent. CRIPPLED BLACK PHOENIX n’est pas un de ces supergroupe qui ne possède aucune alchimie : il s’agit de la musique de Greaves, mise en valeur par des artistes qui sont également ses amis (joli carnet d’adresses).

Et l’un de ceux qui va vraiment briller, c’est ce bon vieux Vincent Cavanagh, qui va entièrement s’approprier les deux premiers titres : "Lost" et surtout "House Of Fools", opener des plus singuliers qui va vraiment mettre en valeur les atouts du groupe. Ne vous laissez pas prendre au dépourvu par les trompettes introductives qui s’effacent rapidement au profit de grosses guitares aux accents Doom. Un terrain idéal pour le chant de Cavanagh, qui s’avère juste brillant ici. Si les derniers ANATHEMA ne vous ont pas plus interpelés que cela au niveau des vocaux, ce retour en arrière de la part de Vinnie est tout simplement séduisant.

La musique prend son temps, elle se développe selon son humeur, elle peut être calme un long moment puis exploser d’un coup, l’inverse peut être vrai également. Mais la monté en puissance de "In The Night" est absolument remarquable, au même titre que l’interprétation qu’en fait Gaahl. S’il semble parler une bonne partie du temps, il va également moduler de jolies lignes de chant, que l’on n’attendait pas forcément de lui. Greaves semble pouvoir faire ressortir le meilleur de ceux qui l’entourent. Et surtout, il sait utiliser leurs qualités. Est-il possible d’imaginer la superbe "Cry Of Love" sans la voix éraillée de Suzie Stapleton qui n’est pas sans évoquer la Marianne Faithfull de "Broken English" ? Non, plus après l’avoir écouté.

CRIPPLED BLACK PHOENIX ne tourne pas non plus entièrement le dos à son passé. Si la grande diversité de cet EP peut s’avérer pour le moins déroutante dans un premier temps, avec ses références Post Punk indéniables ("Cry Of Love", "Lost"), "The Invisible Past", interprété par Jonathan Hultén, renoue avec ce qui a été fait sur "Great Escape", le précédent opus du groupe, longue pièce doucereuse et étrangement lumineuse, qui vient apporter un moment de paix intérieure loin d’être désagréable, encore moins négligeable après les décharges de noirceur subtilement dosées qui ont précédé. Musique introspective ? Il y a de cela, oui.

Cet EP se pare également de deux reprises. Difficile de passer sous silence le "She’s In Parties" de BAUHAUS, qui vient encore ajouter au côté Post Punk, voire Goth qui émane de ce disque. Quatre très petites minutes pour clore l’ensemble sur une note plus tubesque, mais loin d’être incongrue tant elle semble s’inscrire, au final, dans une espèce de logique. Moins connu, "Everything I Say" de Vic CHESNUTT pourrait ne jamais s’arrêter tant le riff semble calqué sur le mouvement perpétuel, il pourrait continuer, encore et encore sans que jamais il ne soit lassant. Cette reprise se fond tellement bien dans le corps de l’EP que l’on pourrait facilement croire qu’il s’agit d’un titre original de CRIPPLED BLACK PHOENIX – erreur que j’avoue avoir commise avant de m’intéresser aux différents crédits.

Voilà ce que l’on peut qualifier sans problème d’excellent travail. Greaves propose à travers son projet un EP très bien foutu, qui fera patienter avec bonheur tous les fans de la formation et qui pourrait bien en recruter de nouveaux, qui n’avaient jamais osé tout à fait se lancer dans cette aventure pour le moins étrange, mais très séduisante (ce qui explique aussi qu’il s’agit là de la première chronique du groupe pour Nightfall, pour son côté abordable et rassurant avec les noms connus qui apparaissent). De la noirceur, Greaves tire quelque chose de fin et raffiné, ponctué de quelques élans plus typiquement Metal que Post Quelque Chose et qui se veut toujours très qualitatif. À découvrir, donc.

P.S : en cette période trouble (et là, je ne parle pas de virus), le groupe propose dans son line-up de base une jolie parité entre hommes et femmes. C'est peut-être un détail, mais cela mérite d'être signalé.

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- Belinda Kordic (chant)
- Justin Greaves (guitare, basse, batterie, claviers)
- Helen Stanley (claviers, orgue, trompette)
- Andy Taylor (guitare)
- Vincent Cavanagh (chant - invité)
- Gaahl (chant - invité)
- Jonathan Hultén (chant - invité)
- Suzie Stapleton (chant - invitée)
- Ryan Patterson (chant - invité)


1. House Of Fools
2. Lost
3. In The Night
4. Cry Of Love
5. Everything I Say
6. (-)
7. The Invisible Past
8. She's In Parties



             



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